Devant la pression populaire, Sam Hamad a annoncé jeudi qu'il renonçait à sa limousine et son salaire de ministre. Il redevient simple député.
Mais ce n'est pas de gaieté de coeur. La pression était toutefois devenue trop forte, même dans son propre camp.
«Je souhaitais que la situation ne devienne pas une distraction pour l’action gouvernementale et le premier ministre. Force est d’admettre que j’en suis devenu une. C’est pourquoi, aujourd’hui, j’ai convenu avec le premier ministre de siéger comme député de Louis-Hébert sans aucun autre privilège», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse où il n'a pris aucune question des journalistes.
Combatif et convaincu qu'il est victime d'une injustice, Sam Hamad a promis qu'il se battra pour défendre son intégrité. «Je n'ai rien à me reprocher!», a-t-il martelé.
Sa cure de repos en Floride, qui a semé la consternation, était toutefois une mauvaise idée, a-t-il convenu.
«Mon départ pour l'extérieur du Québec a été une décision guidée par l'émotion. Quand on se sent si injustement visé, quand on s'attaque à notre réputation et notre intégrité, on souhaite prendre une certaine distance. J'étais en colère et la colère est une mauvaise conseillère. Je peux comprendre que ça ait pu soulever l'indignation de la population. Mais je vous assure, ce n'était pas mon intention».
Il réfute les allégations de trafic d'influence qui pèse sur lui pour une aide financière à Premier Tech, une entreprise liée à l'ex-ministre libéral et collecteur de fonds Marc-Yvan Côté.
«D'aucune façon l'entreprise a reçu un traitement de faveur ou des informations privilégiées. Son projet a été évalué au mérite et en fonction des paramètres, des ratios d'aide financière que dictent les programmes du ministère. Comme ministre et député, je fais avancer les dossiers. (...) Il est vrai que j'ai pu discuter de ces dossiers avec des représentants de l'entreprise, je l'ai fait sans jamais briser le secret entourant les délibérations du Conseil du trésor ou du Conseil des ministres», a-t-il insisté.
Il admet qu'il a peut être été imprudent en ne vérifiant pas si Marc-Yvan Côté était inscrit au registre des lobbyistes. «Mais avec ou sans M. Côté, ce projet était foncièrement bon pour l'économie du Québec».
Courageux, dit Couillard
Le premier ministre estime que la décision de Sam Hamad de renoncer à ses privilèges de ministre était la chose à faire. «M. Hamad est un homme courageux. Il a pris la bonne décision», a-t-il déclaré.
Selon Philippe Couillard, c'est le voyage en Floride du député de Louis-Hébert qui a fait déborder le vase.
«J'ai dit que j'étais à l'écoute, que je comprenais les sentiments de la population autour de cette histoire là, de cette affaire là, particulièrement le départ en Floride, a-t-il insisté. Il est certain, et M. Hamad l'a reconnu lui-même, le fait qu'il ait quitté sous l'effet de la colère, de la frustration, qu'il ait quitté pour l'étranger, n'a pas été bien perçu par la population».
Les citoyens n'ont pas non plus apprécié que Sam Hamad ait gardé ses émoluments de ministre, alors qu'il n'exerçait plus ses fonctions, a convenu le chef libéral. «J'ai bien entendu ça». Devant la multiplication des enquêtes - Commissaire à l'éthique, Directeur général des élections, Vérificateur général - il n'était plus justifié de lui laisser ces avantages.
Il se défend d'avoir sous-estimé l'impact de cette controverse. «Non, j'étais persuadé que cette affaire-là aurait un effet important».
Le fait que Sam Hamad n'ait répondu à aucune question des journalistes jeudi ne pose pas de problème aux yeux du premier ministre, qui croit que le député de Louis-Hébert doit garder ses réponses pour les enquêtes en cours. «Sa déclaration est une réponse».
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé