Ainsi on apprend que la vérificatrice générale du Québec Guylaine Leclerc n’a rien trouvé d’incriminant dans le dossier de Sam Hamad et Premier Tech. Rappel : « L’émission Enquête dévoile des courriels qui laissent entendre que l’intervention du solliciteur de fonds libéral Marc Yvan Côté auprès de son «ami» Sam Hamad aurait permis à l’entreprise Premier Tech d’avoir accès à une aide financière de l’État. »
Voilà de graves accusations. mais revenons un peu en arrière. Quand le scandale a éclaté par la publication dans tous les médias de « l’affaire Hamad », le PM Couillard, encore une fois coincé par les dérives éthiques (et criminelles?) de son parti, a réagi de la même façon qu’il le fait chaque fois. D’abord le déni, ensuite une piètre défense et finalement une patente pour donner l’impression d’une action ferme. Pour « faire la lumière » sur les allégations concernant Sam Hamad, le PM a fait appel à rien de moins que la Vérificatrice générale, le Commissaire au lobbyisme, le Commissaire à l’éthique et le Directeur général des élections.
L’artillerie lourde. En apparence du moins.
Le problème c’est que le cas Sam Hamad en est un pour la police. L’UPAC ou la SQ. Dans les faits, on est en plein dans le mandat de l’UPAC.
La Vérificatrice générale ne blâme pas Sam Hamad. Cela ne devrait surprendre personne. L’ancien VG Renaud Lachance n’a-t-il pas refusé tout blâme au PLQ malgré près de 4 ans de commission Charbonneau et des centaines de témoignages incriminants? On se souviendra que sa dissidence tenait justement au lien incriminant indiscutable qui manquait. Le smoking gun. Impossible de savoir comment Mme Leclerc en arrive à cette conclusion pour Sam Hamad mais une chose est certaine, la VG n’est pas une enquêteure de l’UPAC. C’est une comptable de haut vol, certes, mais son intervention, ou celle du commissaire à l’éthique ou le DGEQ, etc, ne sont pas des substituts à l’enquête policière. Au travail de spécialistes en collusion, en corruption.
Il se pourrait bien que successivement, le DGEQ, la VG et les autres, tous, blanchissent Hamad. Cela ne voudra pas dire que l’ex président du Conseil du Trésor est « blanc comme neige »; loin de là. Impossible de savoir si l’UPAC enquête sur cette affaire. Une chose est certaine, Sam Hamad a été rencontré par les enquêteurs de l’UPAC dans le passé, lui qui a été V-P chez Roche, ministre des Transports en 2010-2011 et un pilier du gouvernement Charest pendant la période de grande collusion alléguée au PLQ.
Les liens incestueux…
Voici un aperçu de la situation kafkaïenne dans laquelle le Québec se retrouve présentement quand il est question de faire la lumière sur l’inestimable dommage que causent les corrupteurs à la société québécoise… Lors de la dernière campagne électorale, on apprend que Hamad a été rencontré par l’UPAC. Rien de plus normal selon le principal intéressé. Ah? le PLQ aura été visité 21 fois par l’UPAC. Normal ça aussi?
Robert Lafrenière, grand boss de l’UPAC a confirmé encore récemment qu’il y aurait plus d’une quarantaine d’enquêtes à potentiel de toucher le monde politique provincial. Le nom de Sam Hamad a été plus d,une fois mentionné à la commission Charbonneau et dans divers dossiers à potentiel d’enquête.
Qu’à cela ne tienne, l’électorat captif libéral préfère les escrocs aux méchants séparatistes ou nationalistes. Better Crooks than Separatists! Le PLQ sera élu en 2014. En cours de route, Hamad occupe les postes de ministre du Travail et éventuellement celui de président du Conseil du Trésor. Celui qui était au Trésor avant lui (Coiteux) se retrouve à la Sécurité publique et souvent -je sais, c’est inadmissible- à côté du commissaire de l’UPAC Lafrenière lors de comités ou de conférences de presse. Hamad donc, détenait, jusqu’à il n’y a pas si longtemps, les cordons de la bourse. Ça tombe bien, l’UPAC milite pour plus de moyens justement. Et, ça tombe bien encore! Le nouveau titulaire à la sécurité publique connaît mieux que quiconque la situation au Trésor.
Entretemps, Robert Lafrenière sera reconfirmé par le grand boss du PLQ, seul à détenir les pouvoirs de sa nomination. Rappelons-le, le parti Libéral a refusé que le commissaire de l’UPAC soit nommé au deux tiers des voix à l’Assemblée nationale afin d’éviter tout conflit d’intérêt. Non, le PLQ veut garder les pleins pouvoirs sur la nomination du boss de l’UPAC. Ça fait chic quand ce dernier se pointe côte à côte avec un ministre du parti sur lequel il est supposé faire enquête de collusion, de corruption, des enquêtes à potentiel criminel, on le rappelle.
Pour continuer ce jeu des liens incestueux, Robert Lafrenière peut compter sur son gendre qui occupe le poste de grand boss de la SQ. On apprenait dernièrement que la SQ prépare maintenant les notes du ministre avant que celui-ci soit questionné par l’opposition à la période de question! On le sait, Coiteux peut être questionné à tout moments sur de potentielles enquêtes ou sur le rôle du PLQ dans la corruption ou dans le scandale du jour. Son parti. Et il bénéficiera du concours, de l’aide de la SQ pour répondre des enquêtes de la police sur son parti!
Voilà un court résumé de la situation. On se croirait dans une république de bananes. On me dira que je fais des amalgames, que tout reste à prouver, que des accusations n’ont pas encore été portées… Et bien justement! Et si elles ne venaient pas ces accusations à cause de ces liens incestueux, de cette courtepointe serréequi mine la confiance du public en l’indépendance des forces de l’ordre vis à vis des corrompus, des collusionnaires… En 2014, Lafrenière promettait des résultats en ce qui a trait aux enquêtes « politiques ». Cela n’est jamais venu. On attend toujours. L’UPAC n’a jamais franchi le seuil de l’Assemblée nationale. Pourtant, nombre de cibles potentielles y siègent toujours; pire, certaines ont même la destinée du corps de police entre leurs mains.
C’est du réel ça. Et ça fait peur.
Et l’on apprend ce matin que le ministère des Transports aurait remis des documents erronés, ou falsifiés, à la commission de l’administration publique, chargée de faire la lumière sur les graves allégations au MTQ. Induire les élus en erreur pour protéger un système? C’est très grave tout ça.
« Le rapport remis par l’enquêteuse Annie Trudel aurait été falsifié par le ministère des Transports avant d’être transmis aux députés siégeant à la Commission de l’administration publique, rapporte mercredi matin Cogeco nouvelles.
Dans une lettre remise à la présidente de la Commission de l’administration publique (CAP), Carole Poirier, Annie Trudel soutient que des portions de son rapport ont été utilisées pour fabriquer un autre document intitulé «Suivi des propositions d’améliorations de la consultante, mai 2016», rapporte le journaliste de Cogeco nouvelles, Louis Lacroix.
Mme Trudel précise qu’un premier tableau reproduit intégralement ses recommandations, mais que «le reste du document est une pure invention (…) Le tableau de suivi des recommandations n’a jamais été porté à mon attention ni à celle de Robert Poëti. Certaines des affirmations faites dans ce tableau sont fausses. Ça me semble aussi le cas pour la liste des contrats de gré à gré en services professionnels qui a aussi été déposée à la CAP.» »
Dire qu’il se pourrait que Philippe Couillard se serve de l’avis de la VG pour réintégrer Hamad au Trésor. Çä tombe bien (!), il connaît le MTQ mieux que quiconque…
Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et ces choses n’intéressent personne right!
Vite, on retourne aux psychodrames péquistes et à la causerie distrayante de la date du référendum…
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