La lente mise à mort du réseau des CPE…

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Le gouvernement Couillard ramène les programmes sociaux du Québec dans l'orthodoxie canadienne. Une province comme les autres !


Au cours des derniers jours, les mauvaises nouvelles se sont succédées pour les administrateurs de Centres de la Petite-Enfance au Québec. Il ne fait plus aucun doute que le parti Libéral a enclenché la lente mise à mort de ce réseau qui a fait ses preuves, qui a été salué et copié un peu partout dans le monde et qui fait l’envie de nombreuses provinces au Canada. Mais surtout, ce réseau est un acquis important pour les enfants, les familles, les mères plus spécifiquement qui rejoignent plus facilement le milieu du travail en profitant des centres de la petite-enfance.


C’est le cas d’une antenne du CPE Mini-Fée, l’Installation Minime, qui accueille 18 enfants de moins de 18 mois depuis 2006 dans un quartier défavorisé de Montréal-Nord. Le journal local l’apprenait à la population la semaine dernière. Peu de cas dans les médias « nationaux ». Indifférence. Une intervenante du CPE s’est confiée au journal Métro :


« Mélidane Jospeh, employée depuis neuf ans et touchée par cette décision lance un cri du cœur : «Nous voulons lutter et dire non à l’austérité. Il y a trop de coupures de la part du gouvernement actuel. Un CPE dans un milieu défavorisé qui aide des familles pour le retour aux études ou au travail sera fermé, c’est déplorable » »


Que les CPE soient bénéfiques et aident les familles du Québec n’émeut pas le moins du monde le gouvernement Couillard. Ce qui agace le parti Libéral du Québec plus que tout c’est la signature que porte ce réseau. C’est une réussite péquiste, une initiative de l’adversaire. Qu’importe les avantages indéniables et les bénéfices pour les enfants du Québec; le réseau sera sacrifié par pure mesquinerie idéologique. Et dans le mensonge aussi.


Car en campagne électorale en 2014, Philippe Couillard avait promis non seulement de conserver et maintenir les CPE mais il avait critiqué l’intention du PQ d’augmenter à 9$ les tarifs quotidiens dans le réseau. Le chef du PLQ avait promis de geler les tarifs à 7$.


Il mentait. Philippe Couillard a beaucoup menti pour prendre le pouvoir. L’Association québécoise des CPE (AQCPE) lui a rappelé à de nombreuses reprises qu’il avait menti. Voici d’ailleurs la réponse du PLQ au questionnaire de l’AQCPE en campagne électorale sur ses intentions envers les CPE.


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Presque rien. mais devant les médias, pour rassurer la population en campagne électorale, Couillard promettait de geler les tarifs, d’éviter un « méchant choc tarifaire que provoquerait l’élection du PQ ». Sitôt arrivé au pouvoir, le parti Libéral a renié ses engagements et décidé d’indexer les tarifs en CPE. Questionné en campagne électorale sur cette perspective bien précise, Couillard avait pourtant juré que cela n’était pas son intention.


À peine six semaines après son élection, Couillard sort le chat du sac, il indexera les tarifs. le journal Les Affaires s’en était sitôt étonné :


« En campagne électorale, le Parti libéral du Québec s’était pourtant engagé à geler le tarif à 7 $, alors que le gouvernement péquiste voulait l’indexer. »


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Hier encore, le gouvernement Couillard annonçait encore des coupures en CPE. Des coupes récurrentes. Le parti Libéral procède par asphyxie, pour que la mise à mort du réseau se fasse tranquillement, insidieusement. Un gouvernement qui se fout de ses enfants. Il ratatine, il rapetisse. C’est le propre des idéologues radicaux qui manient du scalpel là où ça fait mal sans la moindre humanité.


On coupe. Un poing sait tout. Car c’est fait de force. Et à profit aussi.


Le gouvernement Couillard se base sur des chiffres tronqués, erronés!


Plus pathétique encore, on apprend ce matin dans Le Devoir que pour justifier ses coupes dans les CPE, le PLQ de Couillard se base sur des chiffres tronqués, erronés. En effet, l’IRIS a analysé les rapports de la Commission de l’ex ministre libérale Lucienne Robillard pour en conclure que celle-ci avait (sciemment?) produit des analyses fausses, tronqués, à partir de données incomplètes, afin d’en arriver à la conclusion que souhaitait le gouvernement Couillard soit que les CPE seraient surfinancés. Dans la réalité, c’est tout à fait faux.


« Pourtant, le rapport de la commission présidée par Lucienne Robillard et auquel ont participé les économistes Claude Montmarquette et Robert Gagné n’est pas sans poser d’importants problèmes de méthode. Dans le cadre de deux études récemment publiées, l’IRIS a relevé que les analyses de la Commission se basaient souvent sur des données incomplètes, partielles ou tout bonnement erronées.


Selon la Commission, les subventions étatiques aux centres de la petite enfance (CPE) auraient explosé depuis 2003 avec une hausse de 79 % (la Commission les confond par ailleurs avec l’ensemble des services de garde subventionnés, mais là n’est pas notre propos…). Toutefois, cette donnée ne correspond pas à la réalité. Lorsque vient le temps d’effectuer des comparaisons dans le temps, il convient d’utiliser ce que l’on nomme des dollars constants afin d’annuler l’effet de l’inflation et d’ainsi pouvoir déterminer le niveau réel des variations d’une enveloppe budgétaire. À notre surprise, la Commission s’est bien gardée d’effectuer cette opération de base. Résultat : elle surévalue l’augmentation des subventions aux services de garde de moitié.


Par ailleurs, la Commission passe sous silence le fait que ces subventions ont commencé à être abaissées deux ans avant le début de ses travaux. En effet, les subventions de fonctionnement versées aux CPE ont atteint leur sommet en 2012-2013 et n’ont fait que diminuer depuis. De plus, lorsqu’elles sont réparties sur le nombre de places disponibles, les subventions sont à la baisse depuis 2006-2007.


En clair, et contrairement aux prétentions de la Commission, le coût budgétaire des services de garde subventionnés est loin d’être hors contrôle. »


Qu’à cela ne tienne, Couillard, Coiteux, Leitao et compagnie n’allait s’embêter avec la réalité! Le PLQ avait déjà fait son choix, ce dont il s’est bien garder de parler en campagne électorale bien sûr, pour ne pas nuire à ses chances d’être élu… Il avait choisi le modèle des garderies Tomassi. Et pas qu’un peu. Depuis 2007, les garderies commerciales ont complètement annihilé le développement des CPE. Tout cela avait commencé sous Charest, Philippe Couillard finit le travail. En cinq ans de gouvernance libérale, le réseau de garderie commerciale a connu une croissance exponentielle de 4100%!


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Et c’est très payant les garderies privées.


Rappelons les révélations d’un certain Ezio Carosielli en 2010…


« Première révélation: M. Carosielli s’est fait offrir «deux ou trois» permis de garderies qui n’avaient pas encore vu le jour. Les entreprises qui avaient obtenu ces permis, dans la foulée des 18 000 places octroyées en 2008, ne voulaient pas mener leur projet à bien. Elles étaient disposées à vendre ces permis de 250 000 $ à 500 000 $, a avancé M. Carosielli. Celui-ci a même laissé entendre que certaines entreprises qui avaient obtenu un permis n’avaient jamais eu l’intention d’ouvrir une garderie mais voulaient simplement empocher le fruit de la vente de ce «bout de papier».


Deuxième révélation: M. Carosielli, qui a acquis neuf garderies après en avoir fondé une seule, accorde un fort prix aux permis de garderie: entre 400 000 $ et un million de dollars pour une garderie de 80 places. Le permis, pour lequel le ministère ne demande que 157 $, représente une plus-value appréciable pour l’entreprise commerciale qui le détient.


Au ministère, on estime qu’il est parfaitement légitime pour une entreprise qui exploite une garderie d’encaisser une plus-value pour l’achalandage, c’est-à-dire la valeur intangible qu’on accorde au permis, lors de la vente de leur installation à une autre entreprise. C’est la règle dans le secteur privé. »


Voilà le réseau des garderies que préfère le PLQ. Celui où on monnaye le milieu de vie de nos enfants sur l’autel du profit de spéculateurs qui n’ont rien à foutre d’un programme éducatif ou de l’embauche d’intervenante en service de la petite-enfance qui sont formée au niveau collégial, dans le meilleur intérêt du développement de l’enfant. Dans ce réseau là, on jase profit, on vise la rentabilité.


« Les CPE sont un succès financier monstre pour nos gouvernements! »


Ce n’est pas moi qui le dit, c’est l’économiste Pierre Fortin qui rappelait à quel point le réseau des CPE représentait un succès phénoménal de point de vue économique :


« Grâce aux CPE, lancés en 1997, le marché du travail peut en effet maintenant compter sur 70 000 Québécoises de plus qui génèrent toutes sortes de revenus et d’économies pour la société. Ces femmes gagnent de l’argent et paient donc des impôts. Elles doivent aussi acquitter les taxes sur ce qu’elles achètent avec cet argent. Leur participation à l’économie augmente le PIB. Elles coûtent moins cher à l’État puisque leurs revenus de travail diminuent les prestations familiales qu’elles auraient autrement reçues, sans oublier l’assurance sociale.


Bref, ce programme fonctionne d’un point de vue économique, c’est clair. «Magistral», ajoute le professeur d’économie de l’UQAM, un «lucide» connu pour sa défense de la rigueur et du réalisme responsable dans la gestion des finances publiques. »


Le PLQ se targue d’être le parti de l’économie, celui des familles, de l’éducation aussi. Rien n’est plus faux. Le PLQ est un parti d’idéologues radicaux qui méprise le Québec et agit au mépris des enfants, des familles et de l’économie du Québec. Sa gouvernance du rapetissement du Québec, de l’austérité depuis 2014 le montre de façon douloureuse pour l’ensemble de la population. Et l’exemple de la mise à mort du réseau des CPE en est un autre exemple scandaleux.



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