Le ministre de la Santé et des Services sociaux a l’habitude des affirmations dont la finesse rivalise avec l’affabilité. Hier, sur Twitter, Gaétan Barrette ne pouvait se contenter de féliciter chaleureusement la France pour sa victoire, et la Croatie pour sa performance honorable.
Blessé par les récents sondages, le ministre avait plutôt le Tweet tendu, demandant au chef de la Coalition Avenir Québec et à sa députée de Montarville s’ils trouvaient « qu’il y a trop d’immigrants sur l’équipe de France, championne du monde ».
Suite à l’intervention du chef de cabinet de François Legault, qui a interpellé le premier ministre (ou plutôt, les responsables de son compte Twitter), le ministre Barrette a effacé son sulfureux message, mais tout en prenant soin de déposer élégamment, en son lieu et place, quelques appétissants crachats.
Martin Koskinen@MartinKoskinen
Le PM @phcouillard doit rappeler à l’ordre son ministre. Ses propos sont inacceptables de la part d’un ministre important du gouvernement du Qc. Assez ! #polqc https://twitter.com/drgbarrette/status/1018539221647347712 …
Dr Gaétan Barrette@drgbarrette
Eh ben! Ça fait quatre ans que votre parti critique négativement nos seuil d'immigration et plus. Nous on croit à son importance dans toutes les sphères de la société et l'image était belle mais puisque ça semble vous vexer je retire mon Tweet!
Le gros bébé gâté en crise s’est probablement fait chicaner par quelqu’un quelque part. On comprend mal pourquoi : ce type d’accusation de bas étage fait pourtant partie de l’ADN de la stratégie politicienne libérale. Mais il est vrai que Barrette excelle tout particulièrement dans l’art réductionniste.
Ici, il faut comprendre de son implacable démonstration que l’opposition à l’augmentation du seuil en est une à l’immigration en elle-même, supposant donc un dégoût quant à la présence de citoyens issus de l’immigration dans une équipe sportive... en France. Ironiquement, les libéraux s’attellent à diaboliser, au Québec, toute proposition ressemblant un tant soit peu au modèle d’intégration français.
Supportant mal les principes mêmes de l’argumentation, les libéraux n’ont toujours su que se réfugier dans les épithètes et les insultes dès que l’opposition parlementaire commettait l'injure de contester leurs politiques. Le débat démocratique semble représenter bien peu aux yeux des libéraux, eux qui ne font qu’accuser leurs adversaires d’épouser toutes les formes imaginables d’extrémisme.
Ils sont pourtant les seuls à verser dans l’extrémisme, l’extrémisme dans l’aplatissement et dans la médiocrité. Ce gouvernement a fait son temps.