Gouvernement Harper - Sous surveillance

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Davantage dans la mire que sous surveillance

Dans quelques jours, ce sera le deuxième anniversaire des dernières élections fédérales. Le 2 mai 2011, les électeurs chamboulaient l’échiquier politique, donnant au Parti conservateur un gouvernement majoritaire et l’opposition officielle au NPD. Aujourd’hui, plus rien ne semble tenir dans ce nouvel alignement, au point où conservateurs, néodémocrates, libéraux et bloquistes sont déjà sur la ligne de départ.

Il est étonnant de constater qu’il n’aura fallu que deux ans pour que tous les scénarios électoraux redeviennent possibles, à commencer par celui d’un retour à un gouvernement minoritaire qui pourra être aussi bien bleu que rouge ou orange. Les sondages, qui font état d’une remontée des libéraux grâce à l’arrivée de Justin Trudeau, ont confirmé que les Canadiens et les Québécois s’interrogent sur leur gouvernement. Ils sont en mode écoute.
La férocité avec laquelle les conservateurs ont réagi à l’arrivée du nouveau chef libéral pourrait laisser croire à un état de panique. Le mot est trop fort, mais leur campagne de publicité négative attaquant la personnalité de l’adversaire suggère une vive inquiétude. Justin Trudeau leur apparaît plus dangereux que Stéphane Dion et Michael Ignatieff. Comme l’a souligné avec candeur le sénateur conservateur Jacques Demers, il a la capacité d’établir grâce à son charisme une relation interpersonnelle avec les électeurs.
Cette inquiétude ne tient pas qu’à l’arrivée d’un nouveau chef à la tête des libéraux. Une certaine lassitude commence aussi à se manifester à l’endroit des politiques conservatrices. Le premier ministre Stephen Harper, qui est un thatchériste, a eu l’intelligence de ne pas pousser dans la gorge des Canadiens sa révolution conservatrice à la manière de la première ministre Margaret Thatcher. Il y est allé à petites doses. Néanmoins, leur effet cumulatif se fait sentir. L’électorat canadien, qui est dans son ensemble plus progressiste que conservateur, devient plus critique du gouvernement et par ailleurs plus ouvert aux discours des libéraux et des néodémocrates. En amenant le débat sur la personnalité de ses adversaires, le premier ministre cherche bien sûr à détourner le regard des électeurs de ses propres politiques.
Les néodémocrates sont aussi inquiets. Leur élan de 2011 fut stoppé par la mort de leur chef Jack Layton. Son successeur, Thomas Mulcair, ne dispose pas de son charisme ni de sa notoriété. Il lui faut démontrer qu’il a la capacité d’être premier ministre et qu’il sera un meilleur premier ministre que Stephen Harper et Justin Trudeau, qui lui soufflent un air chaud dans le cou partout où il va.
Néodémocrates et libéraux s’adressent aux mêmes électeurs, les électeurs progressistes, du centre gauche au centre droit, et sur les mêmes terrains électoraux, soit l’Ontario et le Québec, où se gagnera la prochaine élection. Le NPD détient un net avantage au Québec avec près de 60 circonscriptions. Mais c’est aussi son talon d’Achille. Ses députés, la plupart méconnus, devront se défendre par ailleurs des attaques du Bloc québécois, qui lui reproche de ne pas être à la hauteur dans la défense des intérêts des Québécois.
La campagne électorale est encore loin - ce ne sera que dans deux ans et demi, mais les conservateurs de Stephen Harper ne pourront plus gouverner tranquilles, comme ils l’ont fait depuis deux ans. Il leur faudra être prudents. Le dépôt de projets de loi budgétaires mammouths, comme ils l’ont fait deux fois pour court-circuiter les débats au Parlement, ne sera plus possible en tablant sur l’indifférence des électeurs qui sont disposés davantage à entendre les critiques de l’opposition. Cela crée un contexte bien différent. Ce gouvernement est désormais sous surveillance.


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