Gilles Duceppe s'attaque au leadership de Pauline Marois

2012 - Crise au PQ - leadership


Gilles Duceppe et Pauline Marois, lors d'une discussion dans l'autobus de campagne du Bloc québécois, le 30 avril 2011. © PC/Jacques Boissinot
L'ex-chef bloquiste Gilles Duceppe fait savoir depuis quelques jours aux membres de sa garde rapprochée qu'il est désormais prêt à prendre la place de Pauline Marois comme chef du Parti québécois, indiquent plusieurs sources de Radio-Canada.
Le ténor souverainiste utiliserait les membres les plus loyaux de son entourage pour faire savoir à des députés, à des organisateurs politiques et à des journalistes qu'il est prêt à diriger le Parti québécois.
Marc Laviolette et Pierre Dubuc, deux ténors du SPQ libre, un club politique de gauche qui a été exclu du PQ par Pauline Marois en mars 2010, claironnent d'ailleurs haut et fort que la chef péquiste doit démissionner.
Sur les ondes de Radio-Canada, mercredi, Marc Laviolette a soutenu que le PQ « va mal » et qu'un « changement de cap radical » est nécessaire.
« M. Duceppe est l'homme de la situation. C'est un grand homme d'État, un souverainiste convaincu. » — Marc Laviolette
Pierre Dubuc ne dit pas autre chose. Il soutient que plusieurs députés péquistes souhaitent aussi le départ de la chef, et il espère qu'ils « mettront leurs culottes » lors du Conseil national du PQ, les 27 et 28 janvier.
« C'est unanime. Les gens n'osent pas le dire, mais nous on a décidé de crever l'abcès. [...] Mme Marois, on le voit dans les sondages - mais ce n'est pas seulement dans les sondages, c'est dans nos contacts quotidiens avec les gens - que ça ne passe pas. Et l'enjeu est important, parce que c'est la disparition potentielle du Parti québécois qui est en jeu », a-t-il déclaré à Radio-Canada.
Ces révélations surviennent alors que le quotidien La Presse affirme mercredi que M. Duceppe a récemment profité d'un repas avec la députée péquiste démissionnaire Louise Beaudoin pour lui demander si elle reviendrait au bercail advenant qu'il dirige le parti.
À au moins quatre reprises depuis cet été, Pauline Marois a invité Gilles Duceppe à se joindre au Parti québécois, que ce soit à titre de conseiller, de député ou de responsable d'un chantier sur la souveraineté, mais en vain. Une récente rencontre entre les deux leaders souverainistes au Mexique n'a pas donné davantage de résultats.
« Non seulement il dit non, mais il envoie le message qu'il est prêt à s'asseoir dans le fauteuil de madame », explique l'analyste politique de Radio-Canada Pierre Duchesne. « Les anciens membres du SPQ-libre [...], Marc Laviolette, Pierre Dubuc, et il y en a d'autres, sont clairement une espèce de tête de pont pour M. Duceppe ».
Selon Pierre Duchesne, les discussions des derniers jours sur une possible alliance des forces souverainistes s'expliquent précisément par cette campagne larvée de Gilles Duceppe. « Bernard Drainville, comme d'autres au Parti québécois, ont entendu dire que M. Duceppe est un homme excessivement autoritaire. « On ne veut pas chez certains, comme Drainville, voir M. Duceppe arriver ».
Selon lui, Gilles Duceppe déteste Québec solidaire parce qu'il le tient en partie responsable de la défaite historique du Bloc québécois aux élections du 2 mai dernier. M. Khadir avait alors appelé les Québécois à voter pour le Nouveau Parti démocratique plutôt que le Bloc québécois.
« ll est en train de se préparer [...] une course à la direction, alors que la chef est toujours en place », affirme Pierre Duchesne dans cette analyse livrée sur les ondes du Réseau de l'information.
Gilles Duceppe s'est publiquement déclaré intéressé à diriger le Parti québécois dans la foulée de la démission d'André Boisclair en mai 2007. Il s'est finalement ravisé après 24 heures, en évoquant « l'importante et rapide récolte d'appuis de Pauline Marois ».
Il disait qu'il était de son « devoir d'éviter au mouvement souverainiste un affrontement porteur de division et, donc, d'affaiblissement. »
En novembre 2011, Mme Marois avait publié une lettre dans laquelle Gilles Duceppe disait ne pas être prêt à se joindre au Parti québécois. Il démentait se tenir en « réserve de la république » dans le but de lui succéder.
Mme Marois n'a pas commenté les informations des dernières heures. La chef péquiste refuse les demandes d'entrevue des médias. Un point de presse dont la tenue avait été évoquée mardi n'aura finalement pas lieu.
La députée Nicole Léger, qui fait partie de sa garde rapprochée, soutient que Mme Marois a un moral d'acier et qu'elle se prépare pour le Conseil national.
Vers une alliance stratégique des forces souverainistes?

La chef péquiste Pauline Marois. En arrière-plan, le député Bernard Drainville. © PC/Jacques Boissinot
Selon des informations obtenues mardi par Radio-Canada, Pauline Marois s'apprêtait à confirmer que des discussions sont actuellement en cours en vue de conclure une alliance stratégique avec Québec solidaire et Option nationale, deux autres formations qui prônent la souveraineté du Québec.
Sur la foi d'une source dite « sûre », Le Devoir affirme mercredi que le Parti québécois et Québec solidaire discutent depuis plusieurs mois de la possibilité de conclure une alliance stratégique, et ce, avec l'accord de la chef péquiste Pauline Marois.
Les deux partis pourraient par exemple décider de ne présenter qu'un seul candidat dans certaines circonscriptions.
Le quotidien précise que la chef souverainiste a refusé jusqu'ici d'aborder la question publiquement, comme le fait le député de Marie-Victorin Bernard Drainville, parce qu'elle juge que les discussions avec le parti codirigé par Amir Khadir et Françoise David ne sont pas suffisamment avancées.
Ces informations sont distillées alors que Bernard Drainville réclame haut et fort de telles alliances, non seulement avec d'autres partis, mais aussi avec des députés péquistes démissionnaires, en arguant que des élections pourraient être déclenchées à tout moment, et que les souverainistes ne sont pas prêts.
« L'objectif, c'est qu'on ait le plus grand nombre possible de députés souverainistes à l'Assemblée nationale », indique la source du Devoir, afin de former « la plus grande coalition de souverainistes possibles ».
Interrogé mardi au sujet du rapprochement entre les deux partis, le député de Mercier et seul représentant de Québec solidaire à l'Assemblée nationale Amir Khadir s'est borné à dire qu'une fusion était hors de question.
« Il n'y a pas de fusion d'envisageable, ça c'est certain. Je ne pense pas que c'est bon pour l'avenir politique du Québec que les partis abandonnent leur projet. Il n'y a pas de fusion possible », a-t-il dit.
Selon Le Devoir, Amir Khadir est davantage ouvert à une alliance que Françoise David, qui compte se présenter comme candidate dans la circonscription de Gouin, actuellement représentée par le péquiste Nicolas Girard.
Interrogée en décembre sur un rapprochement avec Québec solidaire, Pauline Marois avait déclaré : « Nous ne partageons pas leur point de vue, et là ça devient très difficile de pouvoir faire quelque alliance que ce soit. »
Québec solidaire réagit
Françoise David et Amir Khadir ont tous les deux réagi par voie de communiqué.
« Soyons clairs: il n'y a eu l'automne dernier et il n'y a présentement aucune négociation entre la direction de QS et celle du PQ quant à des pactes électoraux », affirme Françoise David.
« Nous n'avons eu aucune discussion dans le cadre de l'élection partielle dans Bonaventure. Y a-t-il des échanges informels entre des membres des deux formations politiques? Bien sûr et c'est normal. Mais la direction de QS n'a pas le mandat d'entreprendre des négociations sur des pactes électoraux »
Mme David soutient que Québec solidaire a indiqué à plusieurs reprises être ouvert à entendre d'éventuelles propositions de la direction péquiste. « Si cela devait se produire, nous allons les présenter à nos membres qui en disposeront », précise-t-elle.
Amir Khadir souligne pour sa part que « des gens sincères dans les deux formations politiques expriment depuis un certain temps l'importance d'un accord électoral ponctuel pour contrecarrer les distorsions antidémocratiques dues au système électoral actuel que les partis au pouvoir ont refusé de changer depuis 40 ans ».
« Personne n'envisage une fusion des deux formations. [...] Si le PQ décide de nous faire une proposition, nous entendrons ce qu'il a à nous dire et nos membres décideront démocratiquement et dans les instances appropriées de la réponse à y apporter », ajoute-t-il.


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