Tant le gouvernement que l'industrie gazière ont affirmé en chœur cette semaine que les fuites constatées dans les puits de gaz de schiste au Québec n'avaient rien d'inquiétant. Rien qui puisse nuire à l'environnement ou à la santé, rien même de majeur ou d'exceptionnel.
Hélas pour eux, la législation québécoise ne prévoit pas de telles nuances. La Loi sur les mines, dont relève le dossier des gaz de schiste, interdit les fuites, point à la ligne. Tout le reste — majeur, mineur, gravissime ou sans conséquence — n'est que du vent. Et ce n'est surtout pas l'industrie qui doit nous dire qu'en penser.
La même industrie gazière a ajouté que ce rapport du ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF), réalisé à la demande du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, prouve que le gouvernement exerce bien son rôle de surveillance.
Hélas pour elle, ce rapport démontre exactement le contraire. Il n'y a rien de réjouissant à constater que seulement 8 des 31 puits inspectés respectent toutes les normes requises, que les 19 puits qui laissent échapper du gaz relèvent d'entreprises différentes. Ne devrait-on pas au contraire s'attendre, partout, à «un entretien comme celui d'un bloc opératoire», s'indignait à juste titre le maire de Bécancour, Maurice Richard, cité par Le Nouvelliste.
Bécancour est au coeur du territoire que l'on dit riche de potentiel gazier et qui longe le Saint-Laurent. On comprend l'inquiétude de monsieur le maire quand on voit que la phase d'exploration se déroule de manière aussi laxiste: qu'en sera-t-il quand l'exploitation, donc la course aux profits, sera en cours?
À quoi s'ajoute la complaisance gouvernementale. Les inspections du MRNF ont eu lieu cet automne seulement, alors que certains des puits concernés sont ouverts depuis 2006. Le Journal de Québec avait révélé le mois dernier que de décembre 2007 à septembre 2010, seules 18 inspections ont été menées sur les sites de forage. Depuis octobre, c'est l'accélération: il y en a eu 51 de plus. Mais seuls deux avis d'infraction ont été envoyés... Il faut dire que c'est uniquement depuis octobre que les inspecteurs du ministère prélèvent des échantillons d'eau et de terre; avant, la prise de photos faisait le travail!
Il a donc fallu l'inquiétude des citoyens et la médiatisation du dossier pour que le travail de surveillance soit mené avec un peu de rigueur. Mais on est encore loin du contrôle: en suivi du rapport de cette semaine, les entreprises ont simplement été invitées à apporter des correctifs. Rien pour les faire trembler! De toute manière, le ministre de l'Environnement Pierre Arcand l'a dit et répété: le gouvernement veut que les gaz de schiste soient exploités, et exploitation il y aura. Québec n'a donc pas fini de se montrer très compréhensif...
On comprend en revanche qu'un ensemble hétéroclite d'écologistes, de comités de citoyens, de syndicats et d'autres groupes en ait assez et décide de s'unir pour contrer toute la stratégie énergétique du gouvernement. Trop de silences envers la population, trop d'engagements auprès de l'industrie, trop de précipitation, trop de laissez-faire dans trop de dossiers mènent à une conclusion: la confiance a fui.
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