Galbraith et Krugman, la rébellion des néo-keynésiens

Le « prix Nobel d’économie » se montre assez pessimiste, comparant la situation actuelle à celle de l’Europe d’avant 1914…

Économistes atterrés


LAURENT PINSOLLE - BLOGUEUR ASSOCIÉ - Porte-parole du parti Debout la république dirigé par Nicolas Dupont-Aignan, ce républicain...

La crise économique a ranimé depuis 2008 le débat économique. Notre blogueur associé Laurent Pinsolle en profite pour revenir sur les derniers témoignages de deux figures du keynésianisme : Paul Krugman et James K. Galbraith.
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C’est sur le très recommandable blog d’Olivier Berruyer que j’ai trouvé un long entretien avec James K. Galbraith, une figure du néo-keynésianisme outre-Atlantique. Même si je ne suis pas d’accord avec tout ce qu’il dit (notamment sur l’euro, et les conséquences d’une sortie ), cet entretien est intéressant. Comme tous les membres de cette école de pensée, il récuse fermement les plans d’austérité européens, arguant que le niveau des dettes n’est pas si élevé.

 
Pour lui, la priorité doit être donnée à l’emploi. Il est assez pessimiste, affirmant que « la construction de logements risque de s’arrêter » alors que quelques signes de reprise apparaissent. En revanche, il dénonce très justement le manque de régulation du système bancaire  malgré la crise. Il souligne également les liens entre les dirigeants politiques et les grandes banques, dont les anciens employés trustent la très haute administration (y compris Obama).
 
Pour lui, les difficultés du système bancaire viennent en grande partie de la ruine de leurs clients, prenant l’exemple des ménages qui avaient acheté leur logement par des prêts hypothécaires. Il dénonce des politiques qui passent à côté des grands enjeux : chômage, évictions, énergie, changement climatique et infrastructures. Il relativise le problème de la sous-évaluation du wuan en soulignant qu’il n’explique pas à lui seul la compétitivité de la Chine.
 

L'ANALYSE DE PAUL KRUGMAN
Paul Krugman est un des opposants les plus farouches aux politiques d’austérité, qu’il avait dénoncé dès 2009, parlant d’Obama et des 50 Hoovers (pour lui, les 50 gouverneurs qui menaient des politiques restrictives quand l’administration du pays essayait de relancer la croissance). Dans un de ses derniers papiers, il affirme que « la route vers la rédemption européenne dictée par l’Allemagne, basée sur la souffrance, n’a un quelconque chance d’aboutir ».
 
Il dénonce la stratégie actuelle « basée sur la notion de que l’austérité fiscale et la dévaluation interne (en gros, des baisses de salaires) allaient régler les problèmes des nations endettées ». Il souligne que « pendant tout ce temps, cette stratégie n’a amenée aucun grand succès ». Certes, il y a l’exemple des pays baltes, même outre le fait que la population est bien plus pauvre qu’avant la crise, il faut ajouter que la croissance y avait été exubérante (10% par an)…
 
Lui qui avait déjà fait un sort au plan de croissance en le qualifiant de « pistolet à eau contre un rhinocéros qui charge   », soutient que « les concessions (allemandes) restent minuscules par rapport à l’ampleur des problèmes ». Il souligne que la responsabilité de la bulle espagnole est partagée, notamment par les banques allemandes qui y ont beaucoup prêté. Le « prix Nobel d’économie » se montre assez pessimiste, comparant la situation actuelle à celle de l’Europe d’avant 1914…
 
Le désarroi et le pessimisme des intellectuels néokeynésiens démontrent aussi que l’interprétation néolibérale de la crise a pour l’instant en partie gagné la bataille des idées,comme on pouvait le craindre. Mais ils n’ont gagné qu’une bataille et le combat sera long…
 

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