Gaétan Barrette, le négociateur

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L'écran de fumée de Gaétan Barrette





La rumeur circulait depuis quelques semaines à l’effet que derrière le projet de loi 20 musclé du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, se profilaient de discrètes négociations de coulisses avec les représentants des médecins.


En d’autres termes, que les «menaces» de pertes pécuniaires du projet de loi contre les médecins qui ne rempliraient pas leurs «quotas» imposés de patients serviraient surtout à leur faire entendre raison.


L’annonce de ce lundi faite en tandem et tout en sourires par Gaétan Barrette et le Dr Louis Godin, président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), semble le confirmer. Du moins, pour les médecins de famille qui, «n’auront finalement pas à respecter un quota minimal de patients» pendant qu’ils «s’engagent à ce que tous les Québécois soient pris en charge d’ici la fin de l’année 2017».


L’engagement écrit du Dr Louis Godin  serait donc que d’ici le 31 décembre 2017, au moins 85% des Québécois aient enfin un médecin de famille.


Et soit dit en passant, l’échéancier du 31 décembre 2017 tombe, comme par hasard, à dix mois seulement de la prochaine élection générale.


On promet également aux patients un «rendez-vous dans la semaine» avec le médecin. Un miracle qui, s'il se réalise un jour, serait digne de la multiplication des pains, diraient certains...


Quant aux patients dits «vulnérables», on leur promet rien de moins qu’un médecin de famille dans le mois suivant la demande. Et ce, selon le ministre, sans que le Ministère n’ait à débourser des sommes supplémentaires...


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Martin Coiteux n’est PAS Gaétan Barrette...


La nouvelle, même si on s’y attendait, réjouira bien évidemment de nombreux patients «orphelins» de médecin de famille.


Comme quoi, la fameuse «méthode» Barrette consiste en fait à se faire les muscles sur la place publique – toujours payant électoralement -, en même temps qu’il se montre plus flexible en coulisses. Certes un grand classique en politique, mais rares sont les élus capables de tenir le coup jusqu’au bout.


Cela dit, l’entente témoigne aussi d’un certain corporatisme.


Après avoir négocié lui-même des augmentations de revenus considérables pour sa profession alors qu’il présidait la Fédération des médecins spécialistes du Québec, comme ministre de la Santé, il négocie maintenant une entente apte à calmer aussi les pires appréhensions des omnipraticiens.


Bref, en pleine austérité et face au demi-million d’employés de l’État à qui le gouvernement Couillard entend imposer un gel salarial de deux ans, accompagné par la suite d’une mince augmentation annuelle de 1 % pour les trois ans suivants, il serait fort surprenant de voir l'intraitable président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, se montrer aussi ouvert que son collègue à un dialogue et à une collaboration discrète avec ses interlocuteurs des grandes centrales syndicales...


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Le tabou


En réaction, François Paradis, le critique caquiste en matière de Santé, soulevait néanmoins une question pertinente :


«Nous ne pouvons que saluer leur volonté à voir plus de patients. Toutefois, nous aurions souhaité que l’entente annoncée aujourd’hui affecte également leur mode de rémunération. Autrement, l’augmentation de la prise en charge ne peut qu’augmenter la facture totale pour le gouvernement .»


La députée Diane Lamarre, son vis-à-vis à l'opposition officielle, posait la même question. Idem du côté de Québec solidaire.


Or, peut-on vraiment s'attendre, de manière réaliste, à voir un ministre de la Santé lui-même médecin et dont le premier ministre est également médecin, entreprendre de revoir enfin le mode de rémunération de leur propre profession dans un sens qui coûterait moins cher aux Québécois tout en rendant le système de santé plus performant?


Quant à Paul Brunet du Conseil pour la protection des malades, il salue également l’entente, mais s’interroge tout de même sur la question cruciale de l’accès concret aux médecins et non pas un simple accès à une liste de patients inscrits.


En entrevue à RDI, Paul Brunet précisait aussi ceci : «si par malheur, les choses ne se matérialisaient pas (d’ici 2017), est-ce que les pénalités (prévues au projet de loi 202) s’appliqueront rétroactivement?»


Belle question.


Et comment saurons-nous si l'accès à un médecin sera concret et rapide? Autre belle question.


La suite, on imagine, lorsque l'entente «historique» d'aujourd'hui sera rendue publique.


Place maintenant aux médecins spécialistes...


 



 




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