Pendant que plusieurs pays durcissent le ton et songent à fermer leurs frontières, la ministre fédérale du Commerce international, Chrystia Freeland, croit que le Canada peut profiter du protectionnisme ambiant pour se distinguer et accroître ses échanges commerciaux.
Dans un discours prononcé jeudi devant le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), Mme Freeland a affirmé que la montée du protectionnisme et du populisme aux États-Unis et dans plusieurs pays européens est une « tendance politique très dangereuse », qui représente à la fois des défis et des occasions intéressantes pour le Canada.
« À un moment où tant de pays ferment leurs portes, disent qu’ils ne sont pas intéressés par les investissements étrangers, on peut compter sur le Canada. Soyez assurés que nous croyons en l’importance d’être ouverts à l’économie mondiale, a-t-elle lancé lors d’un point de presse en marge de son allocution. Je crois que cela représente des occasions significatives et distinctives pour le Canada en 2017. »
Le discours protectionniste et populiste s’attaque à deux « cibles faciles », a noté Mme Freeland devant le parterre de gens d’affaires, soit les immigrants et les accords commerciaux. Mais le Canada, a-t-elle poursuivi, se différencie de plusieurs pays en ne jouant pas le même jeu.
Garder le cap
Mme Freeland sait qu’un nouveau chapitre des relations commerciales entre le Canada et les États-Unis s’ouvrira sous peu avec l’entrée en poste du président américain désigné, Donald Trump, mais elle ne craint pas que son discours protectionniste affecte les échanges commerciaux ou les investissements.
Elle dit s’être entretenue avec plusieurs dirigeants et investisseurs américains qui ont exprimé un « appui très chaleureux envers le Canada, le marché canadien et les politiques du [gouvernement fédéral] ».
« Les entreprises qui ont déjà fait des investissements au Canada connaissent la qualité des travailleurs canadiens, notre niveau d’éducation exceptionnel », a-t-elle ajouté.
En ce qui concerne le libre-échange, Mme Freeland se montre tout aussi optimiste, soulignant par exemple que le Canada est le premier marché d’exportation de 35 États américains.
« Ce sera très important pour nous d’expliquer au nouveau gouvernement américain le caractère des relations économiques entre le Canada et les États-Unis », a-t-elle expliqué devant les journalistes.
Rappelons que, mardi, M. Trump a nommé Robert Lighthizer, un ancien numéro deux du président Ronald Reagan dans les années 1980, au poste de représentant au Commerce extérieur. M. Lighthizer s’est déjà prononcé contre le libre-échange « débridé ».
La ministre québécoise des Relations internationales, Christine St-Pierre, qui a assisté jeudi au discours de Mme Freeland, a par ailleurs indiqué que, si le gouvernement américain annonce qu’il veut rouvrir l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA), le Québec veut être impliqué dès le jour 1. « Nous demandons au gouvernement fédéral d’être partie prenante dès le début des discussions », comme ce fut le cas dans le dossier de l’AECG, a-t-elle déclaré en point de presse.
L’AECG bientôt ratifié ?
La ministre Freeland a également profité de son passage à Montréal pour vanter les mérites de l’Accord économique et commercial global (AECG), qui devra être ratifié par le Parlement européen pour entrer en vigueur de manière provisoire. Les élus européens devraient passer au vote à la fin de janvier ou au début du mois de février.
Cet accord de libre-échange ouvre un marché convoité aux entreprises canadiennes, a insisté Mme Freeland. « Les multinationales ne sont pas les seuls bénéficiaires des accords commerciaux », a-t-elle précisé.
La ministre St-Pierre a réitéré jeudi que les 350 millions de dollars mis sur la table en novembre dernier par le gouvernement fédéral pour dédommager les producteurs laitiers et fromagers, qui verront 17 700 tonnes supplémentaires de fromage européen arriver sur le marché canadien chaque année, sont « trop modestes ».
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