François Legault rit dans sa barbe

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« Qui peut s’opposer aux investissements en éducation ? Qui peut s’insurger contre la priorité des soins aux aînés ? »


Le budget du gouvernement Legault déconcerte et les adversaires de celui-ci et les commentateurs politiques qui, par métier, cherchent noise à n’importe quel politicien.


Le budget ressemble au premier ministre. Il est sage, raisonnable, il annonce la couleur et, qualité rare, est compréhensible par le plus grand nombre de Québécois. Promesses annoncées, promesses réalisées. Et le ministre des Finances, Éric Girard, rendant à César ce qui est à César, a déclaré d’entrée de jeu que son prédécesseur libéral, Carlos Leitao, avait fait en amont le travail pour lui.


Critiques


Cela n’a pas empêché M. Leitao de le critiquer sous la forme d’un avertissement. « Profitez-en bien, parce que les années suivantes, ça ne va pas être ça du tout », a-t-il déclaré.


« Les bras m’en sont tombés en constatant que M. Legault et son ministre des Finances n’ont rien compris à l’ampleur des moyens qu’il faudra prendre pour empêcher le Québec de foncer dans l’iceberg climatique », a affirmé sans qu’on s’en étonne Manon Massé, de Québec solidaire.


Quant à Martin Ouellet du Parti québécois, encore étourdi par le recul de son parti à l’Assemblée nationale, il a déclaré : « La CAQ triche avec les chiffres en ne budgétant pas certaines de ses promesses ». Un argument en désespoir de cause face à un budget caquiste aussi dense et transparent qu’attendu.


Le budget d’Éric Girard, un néophyte en politique, porte la marque du vieux routier qu’est François Legault, un homme qui échappe aux étiquettes. Ne l’a-t-on pas accusé d’être d’extrême droite, antiétatique et coupé des nouvelles générations, alors qu’il fait de l’éducation son premier objectif ?


Il lui faudra cependant, pour réa­liser ses promesses, créer ce que l’on pourrait appeler une police du budget. En effet, les milliards que le gouvernement s’apprête à investir devront être dirigés au bon endroit. Cet argent doit atteindre les cibles prévues.


Tentations


La tentation sera grande de la part des gestionnaires de multiplier les cadres, d’augmenter les salaires, bref de détourner ces revenus. Or, ceux-ci sont nécessaires pour bâtir et pour rénover les écoles, pour créer des postes d’enseignants et pour remettre de l’ordre dans la gestion douteuse des fonds publics dans tous les secteurs prioritaires couverts par ce budget de la reconstruction du Québec. Un Québec marqué par la corruption, l’incompétence et l’irresponsabilité, ces flambeaux de la gabegie qui a régné trop longtemps. Et qui a nourri d’ailleurs le cynisme populaire, une bactérie qui mine l’humeur démocratique.


Les partis d’opposition semblent donc à court d’arguments face à la politique de la CAQ, symbolisée par le budget déposé jeudi.


Habituées depuis quelques années à jouer les harceleurs du gouvernement Couillard, qui a su raison garder, mais qui a failli dans son rôle de protecteur des citoyens inquiets, les oppositions actuelles doivent se ressaisir et travailler leurs dossiers. Qui peut s’opposer aux investissements en éducation ? Qui peut s’insurger contre la priorité des soins aux aînés ?


Mine de rien, François Legault distribue une manne reçue des libéraux, et s’il sait la faire fructifier, son avenir à lui est ensoleillé.