Français, Indiens et Anglais

Tribune libre

Le mouvement de contestation Idle No More actuellement à l’ordre du jour est l’occasion de rappeler comment se comportèrent les colons français et les colons anglais dans leurs relations avec les autochtones d’ici. Ce comportement est sensiblement le même aujourd’hui qu’il l’était il y a quatre cents ans.
À la fin du XIXe siècle, un historien américain, Francis Parkman, a étudié le comportement des uns et des autres; pour constater que le comportement des colons français différait sensiblement, pour ne pas dire entièrement, du comportement des Anglais. Son témoignage est d’autant plus intéressant qu’il est celui d’un Américain, et non d’un séparatisse francophone québécois. On ne s’étonnera pas du jugement de Parkman, si on se rappelle commenl les colons anglais, « rudes, orgueilleux, méprisants » dit Parkman, se comportèrent entre autres avec les Acadiens et les Métis de l’Ouest.
Cela nous permet d’affirmer que si le Québec était indépendant, il aurait avec les autochtones d’ici un comportement qui n’a rien à voir avec celui des Canadians qui les ont parqués dans des réserves, les réduisant ainsi à l’état de mineurs entretenus et folkloriques.
Quand on demande aux autochtones du Québec s’ils veulent être en relation avec les Québécois plutôt qu’avec les Canadans, ils répondraient OUI plutôt que NON, s’ils se rappelaient comment les ont traités les Québécois francophones et les Canadians anglophones. La libération du Québec serait en même temps la libération des autochtones du Québec.
Dans un Québec indépendant, il faudrait une dizaine d’années pour que les Québécois francophones et les autochtones d’ici trouvent les moyens de vivre ensemble dans le respect et la fraternité.
Francophones et autochtones ont fraternisé, au point de fonder un peuple nouuveau: les Métis. Les Britishs et les Canadians ne se sont jamais rabaissés à ce point...
Et voici quelques passages lumineux du livre The Conspiracy of Pontiac que j’ai traduits pour l’information des uns et des autres:
Les colons français du Canada entretinrent, dès le début, des relations particulièrement intimes avec les tribus indiennes. Les colons anglais, eux, se comportaient très différemment; et cette différence avait plusieurs causes.
La traite des fourrures était l'activité vitale du Canada, alors que l'agriculture et le commerce étaient les principales sources de richesse pour les provinces anglaises. Au Canada, les zélotes (sic) romains brûlaient de convertir les infidèles; leurs rivaux hérétiques ne brûlaient pas d'une pareille ardeur.
Enfin, pendant que l'ambition de la France visait à faire entrer dans son empire même les plus lointains déserts de l'Ouest, le travail patient des colons anglais se limitait à cultiver et aménager une étroite bande de terrain en bordure de l'Océan.
Ainsi, le fermier du Massachusetts et le planteur de la Virginie n'avaient des relations qu'avec quelques tribus installées à leurs frontières, alors que les prêtres et les émissaires de la France patrouillaient les prairies avec les Pawnees chasseurs de Bison, ou logeaient dans les cabanes d'hiver du Dakota; et des essaims de sauvages, dont les noms bizarres étaient étranges pour des oreilles anglaises, descendaient chaque année du nord, pour apporter leurs peaux de castors ou de loutres au marché de Montréal.
(The Conspiracy of Pontiac... page 69.)


La France travaillait avec beaucoup d'énergie à se concilier les Indiens et à les gagner à épouser sa cause. Ses agents étaient à l'oeuvre dans chaque village, étudiant la langue des résidants, se pliant à leurs usages, flattant leurs préjugés, les caressant, les cajolant, et leur murmurant à l'oreille des conseils amicaux contre les .
Quand un groupe de chefs indiens visitait un fort français, on les accueillait par une salve de canons et un roulement de tambour; on les régalait à la table des officiers; on les gagnait avec des médailles et des décorations, des uniformes écarlates et des drapeaux français.
Beaucoup plus sages que leurs rivaux, les Français ne brusquaient jamais la dignité vaniteuse de leurs hôtes, ne se moquaient jamais de leurs conceptions religieuses, et ne ridiculisaient pas leurs anciennes coutumes. Ils rencontraient les Indiens à mi-chemin, et montraient beaucoup d'empressement à modeler leur propre comportement sur le goût des Indiens.
(Idem, page 79.)

Dans ses efforts pour gagner l'amitié et l'alliance de ces tribus indiennes, le gouvernement français trouva un grand avantage dans le caractère particulier de ses sujets: ce tempérament souple et plastique qui contraste si fort avec le caractère têtu des Anglais. Dès le début, les Français se montrèrent enclins à s'amalgamer aux tribus de la forêt.
(Idem, page 82.)


À la frontière des colonies anglaises, il n'y eut pas un tel phénomène de mélange des races, car ici une barrière épineuse et infranchissable séparait l'homme blanc de l'homme rouge. Les commerçants de fourrure anglais, et les hommes grossiers à leur service montraient, certes, beaucoup d'empressement à se débarrasser des contraintes de la civilisation, mais, s'ils devenaient des barbares, ils ne devenaient pas des Indiens; et le mépris des uns et la haine des autres caractérisèrent les relations des deux races hostiles.
Dans les installations frontalières, il en était sensiblement de même. Rudes, orgueilleux, méprisants, les colons empiétaient continuellement sur les territoires de chasse des Indiens, pour ensuite les dédommager du tort fait, par des injures et des menaces.
Aussi les nations autochtones reculaient-elles devant les Anglais, comme devant une peste envahissante. Alors qu'au contraire, au coeur même du Canada, des communautés indiennes grandissaient, choyées par le gouvernement, et favorisées par les populations au caractère accommodant.
À Lorette, à Caughnawaga, à Saint-François, et ailleurs à l'intérieur de la province, des bandes nombreuses constituées en partie d'Indiens qui avaient fui les frontières des Anglais détestés; en temps de guerre, elles venaient gonfler les forces françaises dans leurs incursions répétées contre les établissements de New York et de la Nouvelle-Angleterre.

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Professeur à la retraite. Écrivain. Horticulteur, pêcheur et chasseur. Se bat depuis quarante ans pour défendre le français et l’indépendance du Québec.

Sept-Ïles





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7 commentaires

  • Laurent Desbois Répondre

    16 janvier 2013

    La loi des indiens d’Ottawa n’est non seulement raciste, mais aussi sexiste !
    La crise d’Oka a été créé pour bifurquer l’attention des Québécois suite au rejet de l’accord du Lac Meech !
    La crise d'Oka aurait pu durer moins longtemps si le fédéral avait fait preuve de plus d'ouverture, affirme aujourd'hui l'ancien ministre libéral des Affaires autochtones du Québec John Ciaccia.
    VOIR : « OKA: DERNIER ALIBI DU CANADA-ANGLAIS »
    ROBIN PHILPOT, 2000 , V.L.B. ISBN :
    9782890057555 (2890057550)

    http://lesintouchables.com/afficherlivre.php?id=538&demandeCouvs=%5Btype+Function%5D&toutAfficher=%5Btype+Function%5D&greffeOmbre=%5Btype+Function%5D&greffeCurseur=%5Btype+Function%5D&decortiquerListe=%5Btype+Function%5D&toutReduireAuFormat=%5Btype+Funct
    Je me permets de vous souligner certains des titres se rapportant à ces sujets dans le livre de Philpot mentionné ci-haut :
    • Revenu moyen : « Les Indiens connaissent un meilleur sort au Québec. ».
    • Moins de ménages Indiens vivant sous le seuil de pauvreté au Québec.
    • Les Amérindiens conservent davantage leur langue au Québec qu’en Ontario.
    • Billy Diamond : « Le conseil scolaire Cri possède plus de pouvoirs qu’aucune autre commission scolaire… »
    • Conditions d’habitations dans les réserves, par rapport au chauffage central.
    • « Le plus haut taux de suicide au monde! » Au Canada oui, mais pas au Québec.
    • Conventions et négociations de nation à nation au Québec.

  • Archives de Vigile Répondre

    12 janvier 2013

    Alain Maronani a une vision très Européenne de la colonisation.
    Oui, il y a eût des torts. Par contre, les Autochtones nous recherchaient comme alliés militaires et comme partenaires commerciaux.
    Dans la période entre Jacques Cartier et Samuel de Champlain, les Français oublient de revenir parce que trop occupés à s'entretuer pour la question religieuse. Entretemps, des tribus installées dans la plaine du Saint-Laurent se font massacrer par d'autres tribus plus à l'Ouest. Le motif de ces massacres est de se rapprocher de la côte atlantique pour bénéficier de meilleurs conditions de commerce.
    Dois-je vous décrire les Martyrs Canadiens ?
    Côté Droits de l'Homme, les indigènes n'étaient pas supérieurs. Contrairement à votre croyance, ces droits ne sont pas naturels, mais plutôt une construction sociale élaborée en Europe suite aux guerres de religion.
    Un autre problème est l'introduction des élevages en Amérique. Les nomades ne pouvaient être sédentarisés pour cause de lacunes immunologiques. La grippe était un facteur génocidaire dès la période de Champlain. Puis ce fut la variole.
    -----------------------
    Soyons réalistes. Les Autochtones maintiennent leur identité culturelle grâce à Loi sur les Indiens qui fait suite aux traités antérieurs. Ils ont négocié directement avec la Reine.
    Ils ont bien des acquis à perdre si le Québec devient indépendant. Tout est à renégocier. Et la mémoire est courte pour eux.

  • Alain Maronani Répondre

    12 janvier 2013

    La colonisation reste la colonisation...par les anglais, les francais ici et ailleurs, les allemands en Afrique, les Hollandais en Indonesie, on martyrise plus ou moins les communautés qui étaient là avant l'arrivée des colons, personne n'est innocent ici, certains sont plus racistes, plus violents, dans la majorité des cas on se livre au pillage du territoire...
    Les premiers peuples n'en déplaisent à ceux qui pour des raisons d'occupation du territoire, veulent leur dénier des droits d'antériorité, auront en cas d'indépendance du Québec, la possibilitée de faire valoir leurs droits.
    Je ne parierais pas sur le fait que la Cour Internationale de Justice ne leur reconnaîtra pas des droits territoriaux, législatifs, la possibilité de choisir la forme d'association ou pas avec l'état du Québec ou de rester associé au Canada. l'interprétation des traités sera nécessaire.
    Le programme du PQ est comme par hasard vague à ce sujet, a l'exception de construire des maisons au Nunavik et
    "Travaillera de concert avec les nations autochtones afin qu’un Québec souverain remplace la Loi sur les Indiens par un régime plus adapté aux réalités actuelles"
    la phrase savonette qui n'engage a rien...et quelles réalités ?
    Ce qui est bon pour le Kosovo, pour lequel certains s'extasiait doît être bon ailleurs...unité de territoire, unité de langue, traditions culturelles communes...

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    12 janvier 2013

    Plusieurs commentateurs (Serge Bouchard) insistent pour dire que le fédéral n'a jamais eu d'autre intention envers les Premières Nations que de laisser l'assimilation régler ces différends.
    Mais rares sont les intervenants qui sautent sur l'occasion pour dire que c'est le même comportement qu'adopte le Canada envers les "Canadiens français". La Rivière Rouge, la pendaison de Louis Riel et l'assimilation galopante des francos hors Québec tout comme elle nous guette... Depuis 1760, on connaît la litanie des événements qui tournèrent court pour nous, à cause des tergiversations fédérales, quand ce ne furent pas des actes belliqueux carrément! L'exemple le plus lancinant, la Constitution de 1982, rapatriée dans notre signature, que l'on est en train de nous faire oublier, grâce à des interventions fin finaudes comme celles de Justin Trudeau: "Ce sont de vieilles histoires, qui divisent..."
    Voilà, on nous divise sans difficultés, et la Reine règnera à jamais sur nos restes humains. Just watch le docteur Couillard, qui nous endormira mieux que Charest n'en fut capable.

  • Simon Massicotte Répondre

    12 janvier 2013

    À monsieur Bousquet,
    Si les autochtones votent non, c'est parce qu'il n'y a rien dans le projet nationaliste qui puisse les convaincre que leur sort serait plus enviable séparés des autres premières nations du Canada... c'est à nous de leur présenter un projet avantageux!

  • Archives de Vigile Répondre

    12 janvier 2013

    Merci pour la citation. J'en avais beaucoup entendu parler mais jamais lu Parkman avant
    Les Anglais (devenus Américains) ont pu s'enrichir parce que leurs terres étaient beaucoup plus riches que les nôtres (Terre de Cain icite) et beaucoup plus nombreux pour faire du commerce.
    Le traite des fourrures demandait énormément d'efforts et rapportait peu en bout de ligne. Mais quelle épopée quand même. Je rêve du jour où on va s'associer à la télé américaine et faire de grandes séries avec les Lasalle, Joliet, Nicolet (mon ancêtre), d'Iberville, Lavérendrye et les autres.
    ---
    M. Bousquet
    Ce que vous dites est essentiellement vrai mais c'est une autre histoire. Une autre époque. C'est vrai que c'est frustrant de les voir braquer contre nous à 90% alors qu'on ne les a jamais volés et massacrés comme les Anglais et les Espagnols surtout.

  • Archives de Vigile Répondre

    12 janvier 2013

    Nos Premières Nations votent NON à chaque référendum sur la souveraineté du Québec. Ils sont fédéralistes et anglophiles, en très grande majorité.