Français au travail

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L'État anglicise les immigrés


Monsieur le Ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, aussi Ministre responsable de la Langue française,


En septembre 2019, les membres du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) travaillant à l’Office québécois de la langue française (OQLF) accueillaient favorablement la volonté du premier ministre de revoir la gestion du dossier linguistique. M. Legault avait alors rapatrié vers votre ministère toutes les activités reliées à la défense de la langue française et à la francisation des immigrants.


Cependant, la publication en novembre du rapport intitulé Pratiques linguistiques des ministères et organismes publics du gouvernement du Québec a transformé cet enthousiasme en puissant malaise pour nos quelque 28 000 membres.


Ces derniers contribuent activement au mieux-être de tous les Québécois, et ce, par une multitude de gestes souvent invisibles liés à l’éducation, à la santé, à la culture, à l’environnement, à la sécurité, aux infrastructures, aux services financiers, à l’aménagement du territoire et au divertissement, sans oublier la langue.


À la lecture de ce rapport, nous avons tous été stupéfaits d’apprendre que 74 % des employés de l’État à Montréal utilisent parfois une autre langue que le français dans leurs interactions orales avec des personnes physiques au Québec, une proportion qui grimpe à 81 % à Laval et à 88 % en Outaouais.


Ainsi, comme le rapportait le Mouvement Québec français, notre propre administration publique traite un allophone comme si c’était un anglophone en puissance. Elle bafoue de ce fait le principe du français comme langue commune et langue d’inclusion, tout en transmettant le message pervers que le français n’a pas véritablement de statut de langue officielle au Québec.


Par ailleurs, nous observons que votre ministère ne prêche pas toujours par l’exemple dans son maniement de la langue française. Pourtant, la Politique gouvernementale relative à l’emploi et à la qualité du français dans l’administration est très claire : les ministères doivent accorder une attention constante à la qualité de la langue française.


Le SPGQ note aussi la multiplication d’échanges entre collègues, pour les mêmes régions évoquées dans le rapport, qui se font dans une langue autre que le français, ce qui n’est pas plus acceptable. Les directions des ministères et organismes doivent rappeler à leurs employés que le français est la langue devant primer au travail.


Pour soutenir le français, l’État dispose de deux types de mesures : la promotion et la protection de la langue. Pourtant, votre gouvernement semble faire le choix de se tourner principalement vers les outils de promotion. Selon le SPGQ, le gouvernement gagnerait à nuancer son approche en préconisant aussi l’utilisation de mesures de protection de la langue dans les milieux de travail.


Le SPGQ tient également à rappeler qu’il y a dans les organismes linguistiques (l’OQLF, Conseil supérieur de la langue française) une expertise précieuse en matière d’administration de la Charte de la langue française et de sa réglementation. Elles sont appliquées avec tact et jugement depuis quatre décennies grâce à l’expérience et le savoir du personnel professionnel des organismes linguistiques.


Si le gouvernement veut assurer une présence accrue de la culture et de la langue française dans le quotidien de l’ensemble de la population québécoise, il doit déployer les ressources nécessaires pour que le statut du français soit maintenu et même consolidé, dans le respect des minorités.


Le SPGQ souhaite que vous preniez conscience de tout ce que vos professionnels réalisent pour vos collègues et vous. Les professionnels, gardiens des services de l’État, assument une large responsabilité dans la prestation de services étatiques de qualité. La mise en oeuvre des visions et des choix de l’État est le fait de leur travail. Merci donc, Monsieur le Ministre, d’offrir à la langue et aux professionnels la valorisation, la reconnaissance et le respect qu’ils méritent.









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