Bon, il y a trois ou quatre propositions sur la table et il va falloir se brancher d'ici quelques semaines, car c'est le 4 octobre que le Parti québécois doit faire connaître les règles et mécanismes pour la course à la direction du PQ.
Il y a, en premier lieu, celle, tonitruante, de Jacques Parizeau. Il dit que l'ambiguïté à propos de la nécessité de faire l'indépendance uniquement lorsque les conditions gagnantes le permettront a assez duré. Il faut être clair et précis, sans être simpliste, précise-t-il. Fini le tataouinage, il faut être prêt et se préparer en conséquence. En fait, il ne faut plus que les gens, nos adversaires politiques surtout, puissent dire qu'on est hypocrites, qu'on joue sur les deux tableaux, qu'on leur cache notre jeu, notre option, notre projet de faire l'indépendance et qu'on est davantage intéressé par le pouvoir à tout prix que par le projet de société à défendre. Un vote pour le Parti québécois doit être un vote pour faire l'indépendance et non pas pour former le prochain bon gouvernement, le premier n'empêchant pas le second.
Son image, très frappante, que le Parti québécois et les souverainistes sont devant un champ de ruines en a blessé quelques-uns, dont Jean-François Lisée, un peu comme la déclaration de Mario Beaulieu, qui avait affirmé haut et fort que le temps de l'attente et du défaitisme était terminé et que le temps de rêver à la liberté et de croire en l'avenir était revenu, avait choqué quelques vieux militants du Bloc québécois, dont Gilles Duceppe.
Il n'y a pas de doute que cette position qui entend mettre fin à l'attentisme bon enfant est celle d'un bon nombre de députés et de militants péquistes. Je dirais même majoritaires. Et que Pierre Karl Péladeau adhère à cette prise de position. Celui-ci devrait se présenter à la direction du Parti québécois et il sera très certainement le candidat de la non-ambiguïté. N'avait-il pas dit, au moment de la dernière campagne électorale, qu'il venait au PQ pour faire l'indépendance? Jacques Parizeau aura son soutien.
Il y a celle Jean-François Lisée et de Bernard Drainville. Lisée ne semble pas plus pressé que Drainville au sujet de la nécessité de tenir un référendum dans les meilleurs délais et lorsque les conditions le permettront, bien sûr. Mais ces conditions se préparent, ce n'est pas sorcier. Il dit qu'il faudra préciser, un an avant la prochaine élection, si le PQ doit ou non «aller dans une démarche souverainiste». Donc, il se pourrait que le Parti québécois demande aux Québécois de voter pour lui sans s'engager dans une «démarche souverainiste». Le PQ comme dans «gouvernance provinciale ou gouvernance souverainiste», tout simplement. Bonnet blanc et blanc bonnet avec les deux autres partis, le PLQ et la CAQ puisque tous les partis veulent former un «bon gouvernement», le contraire serait étonnant. Cette position va encore une fois ouvrir la porte à l'ambiguïté et elle a déjà été expérimentée à quelques reprises, avec les résultats qu'on connaît. Donc avec Lisée, de beaux discours, des entourloupettes, mais rien de bien convaincant.
Drainville va encore plus loin et parle d'un possible référendum au terme d'un deuxième mandat consécutif du Parti québécois, soit pas avant 2023. Dommage car Drainville m'était apparu très solide lorsqu'il défendait son projet de charte des valeurs québécoises.
Puis celle du député Alexandre Cloutier qui propose, dès la première année de l'accession au pouvoir du Parti québécois, de mettre sur pied un comité qui travaillerait à un projet de constitution ainsi qu'à un registre populaire qui viserait à recueillir un million de signatures, soit 15% des électeurs, en faveur de la tenue d'un référendum au cours de ce même mandat. Ambitieux mais tout à fait réalisable. Il propose également que le Parti québécois investisse 50% des dons et cotisations qu'il reçoit de ses membres dans la préparation de la souveraineté, soit environ 500 000 $ par an. Ces fonds serviraient à financer un «comité de préparation» à la souveraineté, qui, dès 2015, entamerait une vaste consultation à travers tout le Québec. Même s'il était présidé par le chef du Parti québécois, le comité devrait transcender les frontières politiques en intégrant des militants de Québec solidaire et d'Option nationale. Ce projet devrait plaire, sans doute, à Jacques Parizeau et à l'équipe de Pierre Karl Péladeau qui devra bientôt faire connaître son programme.
(À suivre)
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé