Exercice d'autoflagellation cinématographique

Cinéma québécois et anglobalisation




Dans La Presse de ce matin, le cinéaste anglo-montréalais Jacob Tierney (The Trotsky) décrit la société québécoise comme trop «fermée» sur elle-même et son cinéma comme sans anglos, ni immigrants...
Une enième belle occasion pour représenter la société québécoise comme nettement moins «ouverte» à la diversité que dans le reste du pays...
Mais avant de verser dans ce sport national, rappelons ce qu'on semble avoir oublié, soit que le 8 mai dernier, dans Le Devoir, Jacob Tierney formulait la même critique envers le cinéma made in Toronto: «Comme anglophones de Montréal, on n'existe pas dans le cinéma des francos, précise Jacob Tierney. Dans celui des Torontois non plus.»
Quant à la «nostalgie» que J. Tierney critique aussi dans le cinéma québécois, le fait est que même les plus grands cinémas nationaux, et même très commerciaux - dont le cinéma américain -, font également, entre autres genres, des films à thématiques historiques. Même le cinéma canadien-anglais le fait.
Après tout, le monde n'a pas commencé en l'an 2000...
Surtout, en bout de piste, le cinéma québécois, dans toutes ses variantes, est de plus en plus reconnu et respecté. Autant par les auditoires du Québec qu'à l'étranger. Il est reconnu parce qu'un certain nombre de ses films sont bons, mais aussi parce qu'il parle aux Québécois et au reste du monde.
Pour ce qui est de la «diversité» dans le cinéma québécois, elle s'installe. Doit-on d'ailleurs rappeler, une fois de plus, que contrairement au reste du Canada et du continent, l'«intégration» de nouveaux arrivants à la majorité ne date en fait que de la fin des années 1970, soit en bonne partie avec l'adoption de la Loi 101?
Et en passant, c'est quoi le pourcentage d'anglophones à Montréal qui vont voir ou vont louer des films en langue française, qu'ils soient québécois, français ou autres? Est-ce qu'on s'interroge aussi là-dessus? Pourtant, de nombreux Montréalais francophones vont voir et louent des films en anglais et ce, même s'ils n'y sont encore moins représentés que les anglophones dans les films québécois...
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(*) Voir aussi ce qu'en dit Stéphane Laporte sur son blogue
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@ Photo: Jacques Grenier, Le Devoir.


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