(Québec) Trop de PCAA, mauvais alignement des planètes, act of God, gestion défaillante des risques sont les causes avancées pour expliquer les déboires de la Caisse de dépôt et placement du Québec en 2008. Après près de six heures devant la commission des finances publiques, l'ancien président Henri-Paul Rousseau a admis n'avoir pas été assez «soupçonneux», n'avoir jamais pensé que le pire pouvait se produire. Voilà probablement la meilleure explication.
Le rendement négatif de 25 % enregistré en 2008 a déjà transformé l'organisation. Les membres du conseil d'administration ont changé et Michael Sabia a été choisi pour diriger la Caisse. Aussitôt nommé, M. Sabia a modifié l'organigramme et revu certaines fonctions, même si la crise avait forcé l'administration précédente à rajuster le tir, notamment en ce qui concerne la gestion des risques. Le ministre des Finances, Raymond Bachand, devrait aussi annoncer sous peu des mesures pour que le gouvernement sache mieux ce qui se passe à la Caisse.
Le bas de laine des Québécois sera-t-il pour autant mieux protégé? Ces changements étaient nécessaires mais ils ne régleront pas tout. Si les gestionnaires de portefeuille et les déposants ont toujours le sentiment que le pire ne peut pas se produire et que la recherche du meilleur rendement justifie de prendre de gros risques, le bilan de la Caisse se réécrira à nouveau à l'encre rouge.
Il est facile de blâmer les dirigeants de la Caisse. Lorsque les faits sont connus et que les informations sont colligées depuis un an et demi, il est aisé de conclure que telle décision plutôt qu'une autre aurait été préférable. Le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, appelle cela de la prévoyance rétrospective.
Loin de nous l'idée de minimiser les pertes historiques à la Caisse. Les répercussions sur les différents régimes de retraite, d'assurance automobile ou de santé et sécurité au travail sont inévitables, à moins de rendements mirobolants au cours des prochaines années. Mais de grâce, évitons de voir tout en noir et de douter de nos capacités.
La Caisse de dépôt et placement du Québec a su se hisser au fil des ans dans le premier quartile des grandes caisses canadiennes. C'est bien la preuve que nous disposons de personnes compétentes pour diriger la Caisse et pour siéger à son conseil d'administration.
Le bilan de la Caisse ne peut se faire sur la seule année 2008. Des leçons ont déjà été tirées par les anciens et les nouveaux gestionnaires de l'institution. Le public doit en faire autant. Le jour où la Caisse de dépôt affichera des rendements moins grands que ses pairs, il devra réfléchir avant de traiter les dirigeants québécois de frileux.
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