Évasion fiscale et gouvernance souverainiste:

Et si le Québec s'associait au paradis des Îles Turks et Caicos?

Ce peuple des Antilles votait à 90 %, il y a 25 ans, pour une annexion au Canada

Tribune libre

Madame Marois,
Suite aux révélations d’hier du Consortium international des journalistes d'enquête qui a analysé plus de 2 millions de documents qui lèvent le voile sur l'utilisation pas toujours légale de paradis fiscaux par plus de 100 000 personnes dans le monde, j’ai une avenue de « gouvernance souverainiste » tout à fait novatrice à vous proposer. Celle-ci pourrait confondre totalement tous les analystes de la classe politique et médiatique qui ont, dès votre élection du 4 septembre dernier, précipitamment jugé de la « faiblesse » de votre nouvelle équipe économique ministérielle.
Ainsi pourquoi ne pas tenir un référendum d’initiative populaire (RIP) sinon un vaste sondage d'opinion (Léger Marketing?) concernant un partenariat sinon une annexion au Québec du paradis fiscal que sont les Iles Turks et Caïcos?
L’idée serait ni plus ni moins que de relancer celle qu'avait légué M. Marcel Léger, ex ministre du Tourisme sous René Lévesque qui avait signé, sans succès, une entente pour gérer l'ile d'Eleuthera aux Bahamas. Ne serais-ce pas maintenant « À nous de choisir », comme le rappelait si bien votre récent slogan de campagne afin de tâter notre opinion sur ce que pourrait être soit une association, une annexion pure et simple, une entente économique ou une union politique avec cette colonie britannique de Turcque-et-Caïque, cet archipel de 30 ilots de coraux en plein cœur des Caraïbes?
Perdre les Rocheuses mais gagner des iles «paradisiaques»
« Une idée totalement saugrenue », me direz-vous, pour nous huit millions de Québécois en mal permanent de soleil? Aucunement. Perdre nos Rocheuses pour gagner des iles « paradisiaques », le choix est simple, non? Je suis persuadé que même nos concitoyens et amis du West Island avec qui vous vous êtes engagés à respecter tous leurs droits voteraient OUI à 97 % pour une telle proposition !
Cela fait même près de 100 ans que ce peuple antillais a un œil sur le Haut et le Bas Canada. M. Philippe Couillard - le nouveau chef du Parti libéral du Québec qui, connait bien les Antilles et a des amis dans cet autre paradis fiscal que sont les Bahamas - se ferait sûrement un réel bonheur d’appuyer une telle idée et un tel centenaire.
En 1917 par exemple, le Premier ministre canadien, Robert Borden, évoquait un possible rapprochement entre le Canada et ces Iles; deux nations alors membres du Commonwealth. Plus récemment soit en 1974, à la demande des insulaires turques, un député canadien a même déposé à la Chambre des Communes un amendement en ce sens. Tout aussi sérieusement, en 2004, les trois partis politiques représentés au Parlement de la Nouvelle-Écosse ont été jusqu’à voter à l’unanimité une invitation aux habitants de ce territoire britannique d’outre-mer à se joindre à cette province de l’Atlantique [1] ! Ne seriez-vous pas vous aussi tentées, Madame Marois ou votre députée responsable de la Capitale-Nationale, Madame Agnès Maltais, de déposer à l’Assemblée nationale un futur projet de loi de gouvernance ou de souveraineté-association avec ces Iles, afin de mieux contrer l’évasion dans ce paradis fiscal?
En 1986, les Turques-et-Caïques votaient à 90 % en faveur d’une annexion au Canada.«»
L’idée est des plus contemporaines et d’actualité dans ce contexte international d’évasions fiscales où de plus en plus d’États et de nations, petits et grands, cherchent également à former et à conclure toutes sortes d’alliances et de partenariats.
Ainsi, en 1986, 90 % des 36 605 habitants des Iles Turques-et-Caïques ont voté en faveur d'une annexion au Canada. Ces nouveaux contribuables ne seraient-ils pas trois fois plus nombreux que la population totale de nos Iles-de-la-Madeleine; un territoire que vous même et l’ex Premier ministre du Québec, Monsieur Lucien Bouchard, percevez gorgé de réserves pétrolières et gazières alors que l’époque est aux énergies vertes et à l’électrification des transports? Ces Iles Turques-et-Caïques ne sont-elles pas des îles plus populeuses que cette 13e « province » qu'a été l'inukophone Nunavut canadien, le 1er avril 1999? La superficie de ces Iles n’est-elle pas équivalente à celle de toute l'Ile de Montréal? Sa capitale Cockburn Town n'est elle pas, à vol d’avion, plus près de Québec-capitale qu'Ottawa ne l'est de Vancouver ou même de Cap-aux-Meules ou de l’Aéroport international Jean-Lesage?

Bien sûr une telle idée exigerait de notre part d'offrir plus de places en garderies et CPE dans cette capitale touristique qu'est Providenciales mais aussi plus d'assurance maladie ou plus d'assurance automobile, surtout qu'on y roule à gauche dans ces iles britanniques! Mais ô combien notre balance commerciale avec cette partie des Antilles serait moins déficitaire justement grâce à ce tourisme réputé ou cette pêche à la langouste ou mieux, pour tous ces fabuleux services financiers off shore, refuges et abris fiscaux pour banques et entreprises multimilliardaires qui naviguent annuellement sur des millions de profits. Vous imaginez cette mine d’or pour le Québec uniquement, d’une infinitésimale taxe « Tobin » de 0,05 % à 0,2 % seulement sur les transactions boursières et devises transitant par ce paradis fiscal; comme le préconise depuis 40 ans le professeur américain James Tobin, Prix Nobel d’économie?
À titre de seul exemple, plusieurs membres de la famille du Groupe maritime Verreault aux Méchins en Gaspésie ne connaissent-ils pas depuis l’an passé des démêlés avec la justice et l’Autorité des marchés financiers du Québec afin de récupérer certains actifs réalisés par un avide avocat investisseur dans cette Fondation Fer de lance, bien inscrite dans le paradis fiscal des Iles Turcs and Caïcos [2] ? N’est-ce pas la même propriétaire de ces chantiers, Madame Denise Verreault, reconnue auparavant pour ses affininités politiques notoires avec le Parti libéral du Canada (PLC) qui, lors de la dernière élection fédérale préférait, selon Radio-Canada [3], passer plutôt au Comité de financement du Parti Conservateur de Monsieur Harper, flairant alors de lucratifs contrats militaires et la constructions de frégates de guerre… qui ont plutôt amerris à Halifax?

Une souveraineté-association couplée d’une taxe sur la spéculation et la «richesse»
Une souveraineté-association ou partenariat avec une île qui transige en plus en dollars US - en quasi parité avec le dollar canadien - ne serais-ce pas une façon toute « Made in Québec » et un début d’opérationnalisation de cette taxe « Tobin » afin de contrer cette odieuse spéculation parmi ce Concert des Nations? D’ailleurs, onze pays du G-20 appliquent déjà différentes taxes sur les transactions financières, toutes unilatérales. Le Royaume-Uni a ce que l'on appelle «le Stamp Duty», un impôt de Bourse s'appliquant aux actions de nationalité britannique qui rapporte chaque année entre 4 et 6 milliards d'euros. La Corée du Sud taxe les transactions sur les actions, l'Inde sur les produits dérivés, tandis que le Brésil inclut les obligations.
Ne serais-ce pas aussi une manière toute « Québec Inc. » de contrer cette seule et unique commission des valeurs mobilières « All Canadian », si chère à ce gouvernement royal de M. Harper, pourtant si diminué politiquement avec cinq députés seulement au Québec et élu par moins de 40 % des Canadiens et Canadiennes? Un gouvernement qui, de surcroît, a préféré déjà à l’encontre des intérêts du Québec (et des impôts des contribuables), subventionner le développement hydroélectrique et le futur transport interprovincial qui proviendront des chûtes Churchill au Labrador.
En fait je ne peux que vous inviter humblement et en toute sincérité, Madame la Première ministre, à oser montrer à la face du monde que le Québec est ouvert à de nouveaux modèles de fonctionnement socioéconomique, environnemental et politique tout en respectant bien sûr les quatre piliers de votre Plan d’action gouvernemental que sont : l’Intégrité, l’Identité, la Prospérité et la Solidarité.

Gérard Briand, Montréal, le 5 avril 2013
Montréal (Québec) H1X 3P2

(1) L’auteur réside dans l’arrondissement Rosemont. Il est détenteur d’une MBA spécialisée en entreprises collectives et chargé de cours en gestion philanthropique, aux niveaux collégial et universitaire.

Copies conformes :
◾Monsieur Nicolas Marceau, Ministre des Finances et du Revenu
◾Monsieur Alexandre Cloutier, Ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes
◾Monsieur Jean-François Lisée, Ministre des Relations internationales et responsable de la région de la Métropole
◾Madame Diane De Courcy, Ministre des Communautés culturelles et de l’Immigration,
◾Madame Nicole Léger, Ministre de la famille et des Services sociaux
◾Monsieur Pascal Bérubé, Ministre délégué au Tourisme
◾Députés, Médias.

[1] « Nova Scotia votes to invite Turks and Caïcos to joint it », CBC-Radio-Canada, 22 avril 2004 : http://www.cbc.ca/news/canada/story/2004/04/22/turkscaicos_040422.html

[2] « Denise Verreault poursuit l’avocat Jean-Pierre Desmarais », Journal La Presse, 14 juillet 2012 : http://affaires.lapresse.ca/economie/quebec/201207/13/01-4543540-denise-verreault-poursuit-lavocat-jean-pierre-desmarais.php

[3] « La libérale Denise Verreault donne son appui aux Conservateurs », Société Radio-Canada, mercredi 13 avril 2011 : http://elections.radio-canada.ca/elections/federales2011/2011/04/13/010-verreault-appuie-conservateurs.shtml

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Gérard Briand46 articles

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L’auteur habite Rosemont. Détenteur d’une MBA (spécialisée en entreprises collectives) et collecteur de dons rattaché à des organisations nationales bénévoles, il est également chargé de cours en gestion philanthropique aux niveaux collégial et universitaire.





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    7 avril 2013

    À bas l'impérialisme turkcaïc !
    Je refuse de me faire annexer par un pays du Sud.
    Remplacer la tête de la Reine par une autre tête de Turc n'est pas une solution viable pour l'économie.