Le discours et les décisions politiques du gouvernement de la CAQ sur l’immigration laissent voir que celle-ci représente nécessairement un problème de société qu’il faut contrer : suspension de l’étude des demandes d’immigration (ayant des coûts psychologiques et financiers pour les personnes) en attente depuis un certain temps ; diminution ou limitation du nombre d’immigrants (malgré leur potentiel d’intégration) ; arrimage des immigrants aux besoins du marché du travail (quasi impossible d’après la loi du marché) ; décret ministériel en date du 10 juillet 2019 pour suspendre immédiatement les demandes faites, en vertu du programme de l’expérience québécoise, qui permettait aux étudiants étrangers d’immigrer au Québec après leurs études. Voilà les mesures qui semblent être prises par le gouvernement de la CAQ pour que l’immigration ne devienne pas un « problème » !
Et le gouvernement abordait la question sous son autre aspect, à savoir l’apport des immigrants, aux côtés des Québécois d’ascendance canadienne-française, au développement du Québec moderne et contemporain. Depuis la Seconde Guerre mondiale, écrit Fernand Dumont dans Raisons communes, la vitalité du Québec « a tenu à une plus étroite proximité avec l’existence réelle des gens d’ici en même temps qu’à une plus grande ouverture aux quêtes extérieures ». En particulier depuis la Révolution tranquille, le Québec a montré sa capacité d’intégration des gens venus d’ailleurs pour son développement économique, social et culturel.
Ainsi, dans la littérature (romans, poésies, essais, etc.) les arts, les chants, l’humour, etc., des néo-Québécois écrivent, peignent et chantent, rient le Québec. Leurs apports se manifestent dans d’autres secteurs de la société québécoise : l’éducation, la haute technologie telle que la robotique, l’entrepreunariat, l’alimentation, la restauration, les industries d’alimentation et de la restauration, etc. C’est sur ce rôle historique que l’immigration a joué et joue encore dans la société québécoise que devrait se porter le discours du gouvernement de la CAQ, et non sur celui de l’air ambiant international. Ce qui fait l’originalité du Québec, c’est sa puissance assimilatrice des cultures autres pour produire la « québécitude » toujours vivante et évolutive autour d’une « québécité » solide.