Et s'il y avait un autre choc majeur!

Crise de l'euro


À voir ces gouvernements de la zone euro s'empêtrer depuis un an dans les tergiversations politiques sur le dos de la Grèce; à voir républicains et démocrates s'embourber dans une querelle politique autour du plafond de la dette en préparation des présidentielles de 2012, et ce, sur le dos d'une économie encore mal en point... décidément, le politique n'a encore rien compris. Et dire que l'OCDE nous prévenait récemment de chocs majeurs appelés à être plus fréquents et à conséquences plus dramatiques encore que celle de 2008!
L'histoire économique enseigne que les récessions sont suivies d'une détérioration des finances publiques et d'une montée de la dette souveraine. Lorsqu'une telle récession est accompagnée d'une crise financière, le naufrage est évité par une socialisation de la dette privée et par l'injection massive à coups de stimulants fiscaux et d'assouplissements monétaires dont l'ampleur varie selon la gravité du danger. La Grande Récession de 2008 n'y a pas fait exception. Mais elle a eu ceci de particulier qu'elle démontre, encore trois ans plus tard, que les structures politiques ne sont pas adaptées à ce nouvel environnement. Que ces structures en l'état ne peuvent subir le prochain choc. Et de tels chocs, il y en aura toujours plus, et seront toujours plus graves, avertit l'OCDE.
La crise de 2008 a mis en évidence les rigidités politiques. D'abord aux États-Unis, avec cette polarisation devenue paralysante entre républicains et démocrates. Mais également et surtout en Europe, avec le chantier inachevé de la zone euro affichant ses limites et ses inefficacités. Mais dans cette cacophonie européenne, une voix commence à se faire entendre, une voix dénonçant l'absence de leadership et ramenant la crise de la dette souveraine à une crise d'abord et surtout politique.
Et cette voix appelle, certes, à répondre à l'urgence actuelle, mais aussi à cesser d'agir en réaction et au cas par cas. Hier l'Irlande, la Grèce, le Portugal, aujourd'hui peut-être l'Italie et l'Espagne. Les probabilités de contagion aux économies les plus fortes de la zone sont devenues telles que les marchés se demandent si le fameux Fonds européen de stabilité ne risque pas de se retrouver rapidement à court de pays garants. C'est probablement ce manque de confiance et, surtout, cette absence de crédibilité qu'expriment les agences de notation dans leurs décotes à répétition.
Encore hier, alors qu'on ne parvenait pas à s'entendre sur la pertinence et sur le moment d'une réunion d'urgence sur la Grèce, Paris et Berlin se renvoyaient (une nouvelle fois) la balle. Selon un diplomate cité par l'agence Reuters, l'Allemagne accepterait finalement le principe d'un sommet des chefs d'État et de gouvernement des 17 pays de la zone quelque part la semaine prochaine. Mais l'essentiel de l'ordre du jour serait accaparé par la Grèce et par le dossier à double volet de la participation du secteur privé et d'un «défaut sélectif». Mais toujours rien sur les problèmes plus structurants avec lesquels la zone est aux prises et que la crise de la dette a mis à nu.
Pour le futur président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, il est impérieux de «définir avec clarté les objectifs politiques, le but des instruments, le montant des ressources destinées à gérer la crise de la dette. C'est un pas nécessaire pour assurer la stabilité de la zone et de sa monnaie». Il a ajouté que la crise a ouvert «une nouvelle phase en Europe». Si l'histoire enseigne que les crises sont sources de renforcement pour la zone, les tensions actuelles devraient servir de prétexte au lancement des travaux devant permettre de compléter l'union monétaire par une intégration fiscale et économique, avec les outils appropriés et les institutions afférentes.
Car si toutes ces tractations et tergiversions interminables ont pour origine un choc vieux de trois ans maintenant, l'Organisation de coopération et de développement économiques a rappelé récemment que le monde est condamné à subir de plus en plus de chocs majeurs ayant des conséquences graves sur l'économie. Si les États ont compris de la Grande Récession de 2008 qu'il fallait apprendre à mieux prévenir ces chocs, l'OCDE les invite également à apprendre à y faire face.
Selon les conclusions de l'OCDE, la crise de 2008 a éveillé «un sentiment d'urgence palpable» à apprendre à mieux comprendre les «faiblesses structurelles» et les «moteurs de vulnérabilité» susceptibles de répercuter aux quatre coins de la planète le prochain désastre naturel, défaillance technique ou attaque malveillante. «Dans la foulée de la crise financière de 2008, les dirigeants mondiaux réalisent parfaitement que l'avènement d'un autre choc systémique pourrait sérieusement compromettre la reprise économique, la cohésion sociale et même la stabilité politique.»
À voir ce qui se passe aux États-Unis et en Europe, il est permis d'en douter.


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