Et que la vraie campagne commence!

Québec 2007 - Analyse


«... Je lis des comptes rendus d'événements où je me trouvais et je me dis: comment se fait-il qu'on n'arrive pas à percevoir ce que je vois? On est en train de vampiriser la démocratie à trop vouloir la polariser entre un antagoniste, un protagoniste et un troisième larron...»
Eh oui, l'ancien président de l'Union des artistes et candidat du Parti québécois dans la circonscription de Borduas, Pierre Curzi, découvre la petitesse de la politique québécoise! Seize jours encore: nous en sommes à mi-chemin d'un long calvaire qui n'a aucun sens. Le débat télévisé de mardi soir prochain lancera-t-il enfin une vraie campagne? Les gens le souhaitent en tout cas. Je le sens dans les commentaires que je reçois sur mon blogue.
Il n'y a pas de doute, en effet, que Jean Charest est moins matamore qu'il en a l'air à la télévision, André Boisclair moins suffisant, Mario Dumont moins superficiel. Je le sais pour les avoir tous fréquentés personnellement, leur commerce peut être très agréable, et leurs paroles, emballantes. Pourquoi certaines de nos meilleures plumes, comme Jean Dion, du Devoir, qui a du talent pour cela, ou Pierre Foglia, de La Presse, qui croit en avoir beaucoup, ne se mettent-elles pas en peine de nous aider à découvrir le vrai Charest, ou le vrai Boisclair, ou le vrai Dumont? Et si ces trois-là sont trop connus pour présenter encore un intérêt quelconque, que ne s'intéressent-elles donc à Françoise David ou à Scott McKay!
Ceci dit, c'est d'idées que les citoyens veulent qu'on débatte. C'est ce qu'ils nous répètent sans cesse depuis le début de la semaine, alors qu'ils sentent bien que la campagne est en train de leur échapper pour quatre autres années. L'Action démocratique s'est livrée à un petit calcul intéressant cette semaine: sur 42 communiqués de presse émis par l'organisation libérale, 15 portaient sur le bilan du gouvernement de Jean Charest et 27 «lançaient de la boue aux adversaires». On dit qu'une équipe de bénévoles libéraux passe son temps à fouiller le passé des candidats de l'ADQ et du Parti québécois. Cela donne les résultats que l'on sait.
Normalement, dans les war rooms des grands partis politiques, c'est le programme politique des adversaires qu'on épluche, pas le passé des candidats. La version intégrale de la Feuille de route du Parti québécois fait 138 pages et évoque sept grands chantiers, la plate-forme du Parti libéral fait 80 pages et celle de l'Action démocratique, 27 pages. Il y a de quoi occuper une petite armée de recherchistes.
Au lieu de cela, que fait-on? On transcrit toutes les bêtises qu'un candidat de l'ADQ a pu dire sur une petite radio diffusée sur Internet et à un auditoire confidentiel. Parfois, La Presse assure la recherche elle-même et s'en prend cette fois à un candidat du Parti québécois qui est aussi l'ennemi numéro 1 des fédéralistes puisqu'il a mis au jour les tripotages de fonds publics d'Option Canada. Une manchette de première page et deux textes en pages d'opinion -- un traitement exceptionnel! -- accusent Robin Philpot d'avoir pris parti, il y a quatre ans, dans un débat sur le «génocide au Rwanda» qui divise encore la classe intellectuelle en France et en Belgique.
En fin de compte, les uns et les autres se menacent de surenchère. «Je peux jouer salaud moi aussi!» dit Mario Dumont. Que Dieu l'en garde: cela lui irait très mal! Et André Boisclair accuse le premier ministre d'être un maître chanteur du fédéralisme dur. Il n'y a que Jean Charest qui ne menace de rien: c'est toujours lui qui est à l'attaque.
Je ne sais pas si Jean Charest est soucieux de sa place dans l'histoire, mais il devrait savoir que son comportement actuel est indigne de ses prédécesseurs Adélard Godbout, Jean Lesage ou Robert Bourassa.
Mardi soir, il restera exactement 11 jours de campagne, sur 33. Le débat télévisé sera bâti autour de cinq blocs de 20 minutes sur la santé, l'environnement, l'économie, l'éducation et l'avenir politique du Québec. Les chefs pourront prendre la parole à tour de rôle sans risquer d'être interrompus et ils s'affronteront par la suite à trois reprises.
Ce sera la dernière chance qu'auront les trois chefs de traiter leurs concitoyens avec respect et intelligence. Ceux-ci ne leur pardonneraient pas de gaspiller cette ultime chance...
Québec 2008 Tout en français!
Le mouvement Impératif français s'est étonné du silence des chefs des grands partis sur l'état de la langue française. Voilà pourtant un sujet qui devrait préoccuper tout le monde, puisqu'il n'a rien à voir avec l'avenir politique et constitutionnel du Québec. La langue française a toujours été menacée au Québec. Elle l'est plus que jamais à Montréal, en Outaouais et dans les grandes universités et les centres de recherche.
J'ai un beau défi à proposer à tous les chefs de parti, mais en particulier à celui qui deviendra premier ministre le 26 mars. Pourquoi ne pas faire du territoire de la ville de Québec, du 1er janvier au 31 décembre 2008, un territoire exclusivement français? Pour marquer l'importance historique de l'événement et souligner aux visiteurs étrangers que le Canada a d'abord été découvert et occupé par des Français, tout affichage annonçant un événement relié aux fêtes du 400e, tout panneau de signalisation, toute annonce publique devraient être faits exclusivement en français. Cette obligation serait également imposée aux institutions du gouvernement fédéral!
Il s'agirait de rappeler qu'en 1608, à Québec, seul le français se mélangeait encore aux langues amérindiennes déjà parlées. Dans une certaine mesure, les indigènes du Québec nieraient l'existence de l'anglais, langue seconde du Canada. Le prochain premier ministre pourrait profiter du débat télévisé de mardi prochain pour dire qu'il est prêt à recourir à la clause dérogatoire -- la fameuse «clause nonobstant» -- pour bannir l'anglais de tout le territoire de la ville de Québec.
Après 400 ans de coexistence forcée avec l'Anglais, les Québécois ont bien le droit de s'offrir ce petit plaisir de le bouter dehors pendant un an!


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