PÉTROLE

Encore un peu plus bas

À New York, le baril a clôturé sous les 60 $US pour une deuxième journée consécutive

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Et ce n'est pas fini !

La semaine s’est terminée comme elle a débuté, avec une nouvelle chute des cours pétroliers. Le prix du baril a atteint vendredi son plus bas niveau en plus de cinq ans, maintenant les marchés financiers et les analystes sur le qui-vive.

Le prix du baril de pétrole transigé à New York, le West Texas Intermediate (WTI), a clôturé vendredi sous la barre des 60 $US pour une deuxième journée consécutive. Il a perdu 2,24 ¢ pour atteindre 57,65 $US. Le baril de Brent, associé au pétrole de la mer du Nord, a quant à lui perdu 2,06 ¢ pour s’arrêter à 61,62 $US.

Cette dégringolade ininterrompue des cours pétroliers est liée à plusieurs facteurs, y compris le refus de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), fin novembre, de réduire sa production. La surabondance de l’offre combinée à la baisse de la demande de grands consommateurs comme la Chine ou l’Allemagne est également en cause, affirment les analystes.

La nouvelle glissade des prix du pétrole a coïncidé avec la décision de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) d’abaisser vendredi sa prévision de croissance de la demande mondiale de pétrole pour l’an prochain.

« La croissance de la demande devrait se raffermir en 2015, par rapport à 2014, mais cette accélération semble désormais plus modeste qu’anticipé précédemment, au vu du rythme de plus en plus hésitant de la reprise économique mondiale », explique l’AIE.

Concrètement, la consommation de pétrole devrait croître de 900 000 barils par jour l’an prochain, pour un total de 93,3 millions de barils par jour à l’échelle mondiale. La précédente estimation était de 93,6 barils par jour.

Reculs en vue

La semaine a été difficile aux quatre coins de la planète. Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, a déjà manifesté son inquiétude à l’égard des cours de l’or noir, craignant qu’ils affaiblissent encore davantage l’inflation déjà très basse dans la région, soit 0,3 % en novembre.

Selon Christoph Weil, un économiste de Commerzbank interrogé par l’Agence France-Presse, le pétrole pourrait faire passer cette inflation en territoire négatif dès le mois de décembre, à -0,1 %, et potentiellement aggraver la situation début 2015.

Dans leur chute, les cours pétroliers entraînent également avec eux la Russie. La Banque mondiale a récemment abaissé sa prévision de croissance et prévoit maintenant un recul du PIB national de 0,7 % en 2015 si le prix du baril se stabilise autour de 80 $US. À 70 $US, la contraction du PIB russe serait de 1,5 %, évalue l’institution.

Pessimisme au Canada

Le Canada écope aussi, mais de manière inégale. « La Bourse canadienne a connu une autre semaine éprouvante, en particulier lundi et mercredi, indiquent Jimmy Jean et Hendrix Vachon, respectivement économiste principal et senior chez Desjardins, dans une note économique publiée vendredi. L’indice boursier canadien a continué d’être tiré vers le bas par sa composante énergétique qui était en voie d’enregistrer une baisse hebdomadaire de 10 %. »

Les deux économistes ajoutent que « la poursuite de la baisse des prix du pétrole alimente toujours le pessimisme sur la profitabilité des pétrolières canadiennes ».

Dans son rapport consacré aux perspectives économiques et financières, lui aussi rendu public vendredi, la Banque Royale du Canada a pour sa part posé un diagnostic en deux temps. En supposant que les prix du baril de pétrole resteront bas en 2015, autour de 70 $US, elle prédit que les provinces productrices de pétrole, l’Alberta en tête, connaîtront une croissance de leur PIB plus lente que prévu l’an prochain.

Si cette prédiction se concrétise, elle ne devrait pas avoir un impact sur l’économie de tout le pays, précise toutefois la RBC. « Nos perspectives pour le Canada sont fondées sur l’hypothèse que la baisse des prix du pétrole et tout fléchissement des investissements dans les secteurs gazier et pétrolier seront contrebalancés par une demande accrue pour les exportations canadiennes non liées au secteur de l’énergie, affirme son économiste en chef, Craig Wright. À l’échelle nationale, en 2015, la baisse des prix du pétrole n’aura pas d’incidence notable sur la croissance du PIB réel. »

À court terme, cette baisse des prix fait le bonheur des automobilistes. Le prix de l’essence fluctue selon les cours du pétrole brut, mais aussi en fonction de l’évolution des marchés boursiers et de l’état de l’industrie du raffinage. Vendredi, CAA-Québec rapportait un prix moyen à la pompe de 1,15 $ dans la grande région de Montréal, comparativement à 1,09 $ à Québec.


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