Justin Trudeau rencontrera dimanche le premier ministre de la Colombie-Britannique, John Horgan, et la première ministre de l’Alberta, Rachel Notley, pour tenter de trouver une solution au litige entourant le projet d’oléoduc Trans Mountain.
Une porte-parole du premier ministre, Chantal Gagnon, a indiqué que M. Trudeau, qui s’est envolé pour le Pérou jeudi afin de participer au Sommet des Amériques, repassera par Ottawa avant de poursuivre lundi son voyage officiel à Paris et à Londres.
La tension est montée d’un cran, cette semaine, lorsque le promoteurKinder Morgan a annoncé qu’il cessait toutes dépenses non essentielles liées à l’oléoduc jusqu’à ce qu’il obtienne la certitude d’Ottawa que la construction ne sera plus bloquée. Kinder Morgan, qui subit les pressions d’investisseurs inquiets, a déjà prévenu qu’il souhaitait une résolution de ce litige d’ici le 31 mai.
M. Trudeau a présidé mardi une réunion d’urgence de son cabinet pour discuter des différents scénarios de sortie de crise, sans toutefois en privilégier aucun pour l’instant. Le gouvernement libéral évoque par exemple une contribution financière d’Ottawa au projet et n’exclut pas non plus de pénaliser financièrement la Colombie-Britannique, par exemple en retenant des paiements de transferts fédéraux.
Le ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, a rencontré la première ministre Notley, mercredi, et il a indiqué ensuite que son gouvernement respecterait l’échéancier du 31 mai fixé par le promoteur.
Le gouvernement fédéral, en vertu de ses pouvoirs constitutionnels sur les infrastructures interprovinciales, a approuvé le projet d’élargissement de l’oléoduc Trans Mountain en 2016. Le gouvernement de la Colombie-Britannique plaide de son côté que ses pouvoirs en matière environnementale surpassent ceux d’Ottawa en matière d’infrastructures interprovinciales.
Le gouvernement néodémocrate de John Horgan, qui s’est allié au Parti vert pour accéder au pouvoir en Colombie-Britannique, met toutes sortes d’obstacles au projet Trans Mountain, notamment une contestation judiciaire du processus fédéral d’approbation, qui pourrait durer plusieurs années.
Le chef du Nouveau Parti démocratique fédéral, Jagmeet Singh, a d’ailleurs proposé mercredi aux libéraux de s’asseoir avec le gouvernement Horgan afin d’élaborer un « scénario conjoint » de renvoi à la Cour suprême du Canada pour dénouer rapidement cette crise constitutionnelle.
Une vidéo optimiste
Dans sa préface à une nouvelle vidéo mise en ligne jeudi sur son compte Twitter, M. Trudeau écrit qu’il « n’approuverait pas de grands projets d’oléoducs sans être certain qu’ils sont sécuritaires — et ils le sont grâce à notre investissement majeur dans la protection de nos océans et de nos côtes en Colombie-Britannique et partout au pays ».
Dans la vidéo, M. Trudeau arpente les côtes de la Colombie-Britannique en discutant avec la présidente de l’organisme Ocean Networks Canada et le président des Pilotes côtiers de cette province. Il vante notamment le Plan de protection des océans de 1,5 milliard du gouvernement fédéral.
M. Trudeau soutient depuis un certain temps que l’exportation des ressources naturelles fait tourner l’économie, ce qui permet ensuite aux gouvernements de protéger adéquatement l’environnement. Par ailleurs, si le gouvernement fédéral avait rejeté le projet Trans Mountain, il n’aurait pas pu, selon M. Trudeau, convaincre par la suite le gouvernement albertain ou l’industrie d’appuyer son Plan de protection des océans ou sa stratégie nationale de lutte contre les changements climatiques.
Les développements de jeudi surviennent alors qu’une analyse économique du Réseau action climat et d’Environmental Defence concluent que les objectifs de réduction des émissions canadiennes, en vertu des accords de Paris, peuvent être encore atteints si aucun nouvel oléoduc n’est construit.
Le même jour, une quarantaine d’organismes québécois signaient une lettre au premier ministre Trudeau dans laquelle ils l’exhortent à ne pas faire de cet oléoduc son héritage politique. « L’appui que vous continuez d’accorder au projet d’oléoduc met [...] en doute votre crédibilité en tant que leader de la lutte [contre] les changements climatiques », écrivent-ils.