Encore la peur de faire peur

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Nous n'avons plus rien à perdre

Je n'ai jamais eu peur de passer pour un radical, mais je comprends qu'il peut en être autrement pour d'autres personnes. La sortie récente de l'ex-député bloquiste Jean-François Fortin s'explique sans doute par cette vieille peur de faire peur, plus que par un ego-trip qui l'aurait incité à vouloir fonder un nouveau parti politique. Il s'en est d'ailleurs confessé. Il trouve que ce n'est pas la mission du Bloc québécois de faire la promotion de l'indépendance du Québec, qu'on n'est pas en période référendaire, qu'il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs, et autres bla-bla-bla, bref que le BQ doit se tenir coi, ne pas faire de vagues et se ranger derrière la fameuse «défense des intérêts et des valeurs du Québec à Ottawa», en attendant sans doute le grand soir.
Mario Beaulieu a une tout autre stratégie. Il trouve que la promotion de l'indépendance doit se faire en tout temps. Les candidats et éventuels députés du BQ devront à la fois défendre les intérêts du Québec face au pouvoir fédéral et s'afficher comme d'ardents indépendantistes, l'un n'empêchant pas l'autre.
Il est fini le temps où il fallait se montrer bon joueur, respectueux des règles fixées par le parlementarisme canadien, bon perdant toujours, tenter de plaire à tout le monde et faire le dos rond devant des adversaires coriaces et rompus aux vieilles méthodes du chantage, en serrant les mains de nos ennemis comme si de rien n'était.
Montrer ses crocs et ses griffes, revendiquer sans s'excuser d'exister, expliquer sur toutes les tribunes comment l'indépendance du Québec va nous épanouir, nous faire prospérer, nous rendre plus heureux, plus importants aux yeux de la communauté internationale n'empêcheront pas les futurs députés du Bloc québécois de toucher leur salaire de député fédéral. Donc, il n'y a rien à craindre de ce côté.
De quoi a-t-on peur alors? Que le bon peuple ne nous suive pas? Que les électeurs nous fuient comme la peste? Que les médias nous traitent de tous les noms et nous diabolisent? C'est déjà fait. À ce stade-ci, nous n'avons plus rien à perdre et ce n'est pas pratiquer la politique du pire que de le reconnaître. Les médias ne nous ont jamais envoyé de roses ni octroyé de faveurs. Il n'y a rien à attendre de ce côté, encore moins de l'omniprésente Chantal Hébert qui s'apprête à proclamer solennellement, si ce n'est déjà fait, que le Bloc est mort. C'est compris et entendu, il me semble. Et si les électeurs, lors du dernier scrutin, ont préféré voter pour d'autres partis, c'est qu'ils ne voulaient plus accorder leur confiance aux candidats timorés du Bloc.
Ces électeurs désillusionnés qui nous ont boudés et qui s'abreuvent aux mêmes médias que ceux qui nous accablent et qui nous garrochent toutes sortes de noms, quand ce n'est pas de la bouette et des roches, ces électeurs qui écoutent la même radio, la même télévision, qui lisent les mêmes journaux, il faudra bien leur parler de près, aller à leur rencontre, les convaincre un par un s'il le faut, qu'on n'est pas si fou et déconnecté que l'affirment ces médias. Et ce n'est pas en leur mentant, ce n'est pas en leur promettant d'être plus propres que les autres, ce n'est pas en leur cachant notre intention de faire du Québec un pays qui nous ressemble, à la mesure de nos espoirs, de nos rêves et de nos moyens, qu'on réussira à les ramener au Bloc québécois et à les convaincre que leur vote va nécessairement favoriser l'avènement d'un pays québécois à moyen terme.
Le Parti québécois va bientôt se donner un nouveau chef. Celui-ci devra avoir toutes les qualités nécessaires d'un vrai leader. Il devra rassembler tous les militants indépendantistes et entraîner dans ce grand mouvement d'unité les sceptiques, les désillusionnés, les fatigués, les «je n'y crois plus», jeunes et vieux. L'indépendance sera amour et fête. Déjà deux candidats non avoués, Pierre-Karl Péladeau et Bernard Drainville, tiennent un discours dans ce sens: faire l'indépendance sans entourloupettes et sans étapes. C'est de bon augure. Mario Beaulieu doit avoir toute notre confiance. Il pousse dans le même sens.


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