Pour lutter contre la pénurie de main-d’œuvre, un démographe propose au gouvernement de faire davantage pour « rapatrier » les Québécois qui ont quitté la province au profit du reste du Canada.
À 84 ans, le démographe Jacques Légaré de l’Université de Montréal est de ceux qui prônent le maintien sur le marché du travail des travailleurs âgés. Il croit aussi qu’en plus de l’immigration internationale, le Québec devrait en faire davantage pour ramener ceux qui, chaque année, quittent la province pour les autres régions du pays.
Ils sont près de 20 000 à s’installer à l’ouest de la rivière des Outaouais tous les ans. Des Québécois nés ici ou issus de l’immigration, qui décident pour de multiples raisons d’aller poursuivre leur carrière et leur vie ailleurs au Canada.
« C’est une tendance lourde. De tout temps, il y a toujours eu plus de gens qui quittaient le Québec que l’inverse. »
Avec la pénurie de main-d’œuvre qui touche pratiquement toutes les régions de la province, il y a maintenant urgence d’agir, dit le professeur émérite.
« Il faut essayer de récupérer, de ramener les travailleurs que l’on a perdus au profit d’autres provinces comme l’Ontario et l’Alberta. La clé, c’est l’arrimage des emplois. On ne va réussir à ramener ceux qui ont quitté le Québec que si on leur assure qu’ils pourront continuer d’exercer leur métier au Québec, avec des conditions avantageuses. »
Salaires et mesures incitatives
À ce chapitre, le Québec et ses entreprises ont encore beaucoup à faire pour accoter les salaires offerts ailleurs, et ce, dans un ensemble d’industries.
Outre les salaires, l’expert croit que le gouvernement Legault devrait offrir des mesures incitatives à ces travailleurs pour qu’ils reviennent ici.
« Pensons aux petites municipalités qui font des efforts pour attirer les jeunes familles. On enlève la taxe de bienvenue, on contribue à l’investissement pour l’achat d’une maison. Ce sont des choses qui peuvent inspirer [le gouvernement]. »
Jacques Légaré croit qu’avec ces mesures, le Québec pourrait renverser la tendance au point où la province gagnerait 10 000 résidents par année au lieu d’en perdre 20 000.