Forum mondial de la langue française

En route vers Kinshasa

Forum mondial de la langue française du 2 au 6 juillet 2012 à Québec


Le premier Forum mondial de la langue française s’est terminé hier après cinq jours de délibérations réunissant 1300 francophones venus de tous les coins du monde. Les délégués se sont dispersés après que le Forum eut formulé une quinzaine de résolutions qui seront acheminées dans quelques semaines au sommet des chefs d’État de la Francophonie, qui se réuniront à Kinshasa du 12 au 14 octobre.
Ce premier forum marque la naissance d’« une Francophonie plus engagée et plus confiante en elle-même », a déclaré le numéro deux de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Clément Duhaime. « Mission accomplie », dit-il, avant de confirmer la tenue d’un second forum du genre « dans un horizon de trois ans ». Hier, de nombreux participants n’hésitaient pas à parler du « dépoussiérage » d’une organisation qui en avait besoin. Près de la moitié de ceux qui ont débattu toute la semaine du français sur Internet, dans le monde des affaires, la culture ou la recherche scientifique avaient moins de 30 ans et 40 % venaient d’Afrique.
La première des résolutions exige d’ailleurs plus de liberté de circulation entre les pays francophones. Sur les 1800 invitations lancées il y a quelques mois, 500 sont demeurées sans réponse, surtout en Afrique. Bon nombre de ces absences sont dues à des refus de visas de la part du Canada, dont les mesures de sécurité ont été resserrées depuis quelques années. Des visas auraient même été refusés à des fonctionnaires béninois, selon la chaîne de radio française RFI. Le commissaire général de l’événement, Michel Audet, a refusé d’émettre une opinion dans l’attente des chiffres officiels de la part du ministère fédéral de l’Immigration. Un certain nombre de ces refus peuvent être dus à d’autres causes, dit-il.
La seconde résolution revendique le multilinguisme, à savoir la reconnaissance du français et des autres grandes langues internationales autres que l’anglais dans les organisations internationales, les échanges culturels, le commerce international ou la publication de recherches scientifiques. Le multilinguisme a été un thème majeur de discussions toute la semaine. Les participants ont notamment proposé de ne jamais accorder à l’anglais le monopole dans l’enseignement des langues secondes et de lier l’enseignement du français en Afrique à celle des langues locales. Les principales centrales syndicales québécoises ont aussi profité de ce Forum pour nouer des liens avec leurs homologues du monde francophone et échanger sur les moyens d’assurer le respect au travail des langues nationales.
Appelée à commenter devant les participants les débats de ce Forum, notre consoeur Denise Bombardier a affirmé que la Francophonie avait subi un « lifting ». Elle a cependant réagi contre les discours qui soutiennent que l’OIF ne doit pas adopter une attitude défensive. « Il faut être sur la défensive par rapport à cet environnement anglophone, dit-elle. Ne me parlez pas d’une Francophonie molle ! » Des participants ont aussi exigé que l’OIF sanctionne les pays qui ne font rien pour la promotion du français. Pour la première fois, à Kinshasa, un rapport permettra de rendre compte de ce que font, ou ne font pas, en la matière les 56 pays membres de l’OIF.
Un appel diffusé au sommet et signé par des personnalités comme l’écrivaine Antonine Maillet, le chanteur Zachary Richard, le diplomate Jean-Louis Roy et la députée Louise Beaudoin réclame, entre autres, que la Francophonie exige « l’application stricte des législations linguistiques nationales quotidiennement bafouées ». Un sujet sur lequel les résolutions du forum sont muettes. Selon Clément Duhaime, « l’OIF n’est pas devenue une agence linguistique, mais le français est maintenant au coeur de sa mission ».


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