PARTI LIBÉRAL DU QUÉBEC

En décalage

Le principal handicap du PLQ? Philippe-Flop lui-même

Le 4 septembre 2012, les libéraux de Jean Charest avaient été défaits par si peu de voix qu’ils avaient cru qu’il ne suffirait de presque rien pour reprendre les commandes du gouvernement. Les résultats du dernier sondage Crop- montrent qu’ils avaient présumé de leurs forces et de celles de leur nouveau chef.
Comme il se doit en cette ère moderne de la politique, Philippe Couillard portera sur ses épaules tout le poids de la campagne libérale à la prochaine élection. Il est sans aucun doute le meilleur atout du Parti libéral, mais pas aussi imparable que ce que les libéraux avaient imaginé en le (presque) plébiscitant chef. Par la force des choses, il sera son principal handicap.

Philippe Couillard est un cérébral, doté d’une grande intelligence et d’une grande assurance. Dans les débats, il exerce une grande maîtrise du discours. Il sera un adversaire de taille pour Pauline Marois et François Legault lors du débat des chefs. Il garde toutefois de son ancienne profession une approche où domine la raison et qui laisse peu de place à la subjectivité des rapports humains faits de souplesse, de sensibilité et d’ouverture au compromis.

La position ferme de rejet de la charte des valeurs qu’il a prise dès le premier instant du débat était à ses yeux une conclusion correspondant aux valeurs libérales et à ses propres principes. Son « over my dead body » l’enfermait toutefois dans un carcan dont il ne pouvait se défaire sans perdre la face. Cela l’a conduit à un affrontement frontal avec le gouvernement, mais aussi avec sa députée Fatima Houda-Pepin, qui n’a pas trouvé l’écoute recherchée. Son effet se mesure déjà dans les sondages qui montrent le Parti libéral en net décalage par rapport à l’électorat francophone sur la question de la charte des valeurs comme sur celle de la langue ou de la question de l’avenir politique du Québec, et qui le font percevoir comme un parti de l’île de Montréal, ce que semble confirmer le portrait dressé par Crop.

Il ne faut pas pour autant croire que la personnalité de Philippe Couillard est un handicap insurmontable. Si cela était, Stephen Harper ne serait jamais devenu premier ministre du Canada, mais celui-ci avait pour lui expérience et temps, deux choses qui manquent aujourd’hui au chef libéral qui se présente devant l’électorat sans avoir mis en avant un programme et une équipe qui auraient pu modifier la perception du public à l’endroit du Parti libéral qui demeure identifié à Jean Charest.

La première ligne de son équipe est constituée essentiellement de 16 ministres du gouvernement Charest qui continuent de défendre des politiques de cette époque. Aucune nouvelle personnalité n’est ressortie de la députation, si ce n’est un Marc Tanguay qui s’est illustré négativement avec l’affaire du tchador. Depuis l’élection de 2012, on a cru suffisant de critiquer les politiques péquistes sans en proposer de nouvelles qui auraient marqué le renouveau du parti.

Nouvelles figures et nouvelles idées arriveront avec le déclenchement des élections, ce qui est une façon de faire traditionnelle quand l’on vogue vers une victoire facile. Mais les perspectives ont changé. Ce sera désormais difficile de recruter des Raymond Bachand et des Benoît Pelletier pour faire campagne aux côtés du nouveau chef. Ce sera difficile en 33 ou 34 jours de campagne d’imposer l’idée d’un nouveau Parti libéral.

La pression sera forte sur les épaules de Philippe Couillard, dont le choix par ailleurs de se faire élire dans Roberval, une circonscription péquiste, viendra alourdir inconsidérément celle-ci. On peut y voir de l’audace, mais aussi la preuve que son apprentissage de chef n’est pas terminé. Un curieux quitte ou double qui le met en décalage par rapport à l’homme rationnel qu’il est.


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