Électricité: Dumont prône le retour du privé

Gouvernement mondial



Notre-Dame-du-Mont-Carmel - Vendre une partie des actions d'Hydro-Québec, comme le propose Mario Dumont en s'inspirant de Jacques Parizeau, provoquerait une hausse importante des tarifs d'électricité, a dénoncé Jean Charest, hier.
En matinée, hier, le chef adéquiste, devant le barrage La Gabelle, à Notre-Dame-du-Mont-Carmel, a soutenu que la privatisation partielle de la société d'État serait avantageuse, tant pour les actionnaires que pour les Québécois. S'il avait été nécessaire, jadis, de nationaliser l'électricité, a-t-il dit, aujourd'hui, au contraire, le Québec devait se départir d'une petite partie des actions de la société, soit 7,5 %. Vendre plus de 10 % (40 %, comme l'a déjà suggéré l'économiste Pierre Fortin en 2000) la contraindrait à payer des impôts au fédéral.
Un des principaux avantages, a insisté M. Dumont, serait d'assainir la gestion d'Hydro-Québec. Avec le temps, soutient-il, le «monopole d'État» qu'est Hydro-Québec est «devenu, du point de vue politique, une machine qui récompense». Tout en refusant de citer des cas précis, il a affirmé que des «amis du régime» en profitaient. En vendant un bloc de 7,5 % à des actionnaires, ces derniers exerceraient une surveillance accrue «sur la façon dont on désigne les administrateurs, sur la façon dont on gère Hydro-Québec, sur la façon dont on choisit le mécanisme d'attribution de contrat».
En Europe, des sociétés d'État comme Norsk Hydro sont «devenues plus fortes» en vendant une partie de leurs actifs. Quant à Hydro-Québec, seuls les résidants québécois «au sens des lois fiscales» ainsi que les entreprises ayant «des racines au Québec» pourraient acheter, acquérir de ses actions.
Les 10 milliards que produirait la vente de ces actions ne serviraient pas à «partir sur le party», a précisé M. Dumont, mais bien à rembourser la dette, ce qui réduirait de 600 millions les paiements annuels d'intérêt. En cette période où les investissements semblent plus risqués, offrir aux Québécois d'ajouter du Hydro-Québec à leur REER serait un autre atout.
Rejet de Charest
«Les familles du Québec n'ont qu'à bien se tenir parce que Mario Dumont leur propose un choc tarifaire majeur», a affirmé, hier, le chef libéral. Selon le chef libéral, la privatisation d'une partie d'Hydro-Québec au prix du marché nécessiterait une réévaluation de l'actif d'Hydro-Québec. Or, seule une augmentation substantielle des tarifs pourrait engendrer un rendement acceptable aux yeux des investisseurs.
En revanche, si la privatisation d'Hydro-Québec se faisait à une valeur inférieure à celle du marché, c'est le contribuable qui se ferait flouer, a fait valoir M. Charest. «On se ferait avoir comme contribuables parce qu'on vendrait les actifs en deçà de leur valeur réelle», estime le chef libéral.
M. Dumont a soutenu hier que rien dans son projet ne venait changer le mécanisme actuel de fixation des tarifs. «C'est la régie qui le fait. Vous n'avez rien qui touche ça dans la proposition actuelle.»
Parizeau d'accord
L'idée de privatiser partiellement Hydro-Québec n'est pas nouvelle. En 1985, l'ex-ministre des Finances Jacques Parizeau l'avait proposée. Dans une entrevue à l'Annuaire du Québec en 2006, M. Parizeau avait déclaré: «Je trouvais complètement idiot que les Québécois qui voulaient acheter des actions d'une compagnie d'électricité devaient l'acheter aux États-Unis.» L'argument a d'ailleurs été repris en substance en après-midi hier par Mario Dumont, qui a présenté comme une absurdité l'impossibilité pour les Québécois d'investir dans l'hydro-électricité sans investir à l'étranger.
Dans une étude de l'Institut économique de Montréal (INM), l'ancien président de la Standard Life, Claude Garcia, de concert avec le vice-président et économiste en chef de l'IEM, Marcel Boyer, avait proposé des scénarios de privatisation d'Hydro-Québec. M. Garcia estimait qu'une privatisation totale d'Hydro permettrait d'effacer complètement la dette du Québec. Il estimait toutefois qu'il fallait privatiser progressivement afin de «minimiser l'impact de la hausse de tarif proposée sur l'économie et sur les consommateurs québécois».
La vente d'un petit bloc de 7,5 % d'actions n'aurait toutefois pas cet effet de hausser les tarifs, estime l'économiste Diane Bellemare, actuellement conseillère de Mario Dumont et qui annoncera sa candidature dans Bertrand incessamment. L'ADQ s'était d'ailleurs dite opposée au scénario de l'IEM en 2007, en raison de la fiscalité fédérale. Mme Bellemare rejette au reste le terme de «privatisation». C'est le contraire, a-t-elle fait valoir, «c'est rendre davantage publique» la société d'État, au sens où l'on parle d'une entreprise cotée en bourse comme «publique».
Le parti d'extrême gauche Québec solidaire s'est insurgé contre la proposition de l'ADQ. «M. Dumont prétend qu'il veut rendre Hydro-Québec aux Québécois alors qu'il fait tout le contraire: il en refile la propriété à une poignée d'individus. Le modèle de démocratie de Mario Dumont, c'est: un dollar, un vote. En pleine crise économique annoncée, qui d'autre que les plus riches pourront se payer des actions?»


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