Journal de Montréal
« Le choix du ministère des Transports s’est donc finalement arrêté sur le consortium KPH Turcot, formé par Construction Kiewit et Parsons du Canada, deux filiales canadiennes issues de fleurons américains.
Une situation qui fait écho aux craintes formulées par certains observateurs - notamment l’Association patronale des entrepreneurs en construction du Québec dans son mémoire à la commission Charbonneau - qui s’inquiètent de la fuite des contrats publics de construction québécois au profit de multinationales étrangères.
Le ministre des Transports, Robert Poëti, a assuré hier que le processus de sélection avait été très rigoureux et que l’UPAC avait été présente à chaque étape.»
En fait on s’inquiète inutilement car nous verrons, ici, que les « fleurons » de l’ingénierie québécoise tout autant que les ministres mentionnés lors d’une certaine enquête, sont tout autant impliqués qu’auparavant. Rien n’a vraiment changé dans le « fond des choses ».
Par La Presse Canadienne | Presse Canadienne – jeu. 18 déc. 2014 10:10 HNE
« Le consortium KPH Turcot a été sélectionné pour la réalisation des infrastructures principales du projet de reconstruction de l'échangeur Turcot, à Montréal.
Les deux constructeurs d'origine américaine sont Kiewit, entreprise de 11 milliards US de revenus établie à Omaha, au Nebraska, ainsi que la californienne Parsons, qui affiche un chiffre d'affaires de trois milliards US.
Quant à la direction d'ingénierie du chantier Turcot, elle sera confiée à la firme montréalaise WSP Global. Cette firme connue auparavant sous le nom de Genivar se distingue depuis deux ans par une expansion considérable sur les marchés internationaux (Notons qu’elle s’est également distinguée à la Commission Charbonneau).
WSP, grâce à l'acquisition de Parsons Brinckerhoff, est l'une des plus grandes firmes de services professionnels du monde dans son secteur. Elle travaille en partenariat avec des gouvernements, des entreprises, des architectes et des planificateurs, leur proposant des solutions intégrées et déclinées dans un large éventail de spécialités. »
Voyons ce que nous pouvons trouver au sujet de ces « grandes » entreprises.
WSP A ACQUIS PARSONS BRINCKERHOFF
« Le 31 octobre 2014, la transaction nous permettant d'acquérir Parsons Brinckerhoff a été conclue. WSP a aussi acquis Focus, TPS et Winward, ce qui a eu pour effet d'accroître son expertise en géomatique, en bâtiment et en infrastructures. Le 1er janvier 2014, l'entreprise a modifié sa structure organisationnelle afin de créer une entité mère appelée WSP Global Inc. Elle a de plus adopté une marque commune, WSP, créant ainsi une entité unifiée partageant une seule et même stratégie et vision.
En 2012 :
« Le 1er août 2012, la fusion de WSP et GENIVAR a mené à la création d'une firme de services-conseils mondiale, forte d'un effectif de quelque 15 000 employés répartis à travers plus de 300 bureaux sur tous les continents. Cette fusion a réuni deux entreprises florissantes et ambitieuses ayant des stratégies complémentaires. »
WSP équipe de direction :
« Marc Rivard, Président, Canada, Caraïbes et France de GENIVAR, a le plaisir d'annoncer la nomination de MARC TREMBLAY au poste de Vice-président principal, Québec. Reconnu comme un acteur de premier plan au Québec dans le secteur du génie-conseil, M. Tremblay aura pour mandat d'assurer le leadership de GENIVAR à travers le Québec. »
Genivar :
« L'auréole de l'entreprise est mise à mal: les gestes d'Yves Lortie dans l'énigme des fausses factures et un voyage en Italie offert en pot-de-vin; les accusations d'un témoin à la Commission Charbonneau envers François Perreault un vice-président régional; l'implication de Yannick Bouchard en tant que collecteur de fonds pour l'ex-ministre Line Beauchamp; et de Daniel Rochette en tant qu'organisateur politique pour le Parti Libéral du Québec. Quant à l'ex-grand patron, vice-président sénior de la firme à Québec, Eric Tremblay a quitté l'entreprise en juillet 2013, a été nommé à la Commission Charbonneau en tant qu'entremetteur dans un réseau de collusion de firmes d'ingénierie de la région de Québec.
Tout ce fatras n'aide en rien à comprendre la vision éthique dont se targue l'entreprise, mais confirme le mépris des dirigeants pour la vérité. Le changement de nom s'inscrit dans cette stratégie de camouflage de l'entité d'affaires et du sauvetage des membres du conseil d'administration.
Depuis 2010, les tuiles s’accumulent pour Genivar. François Perreault est le troisième dirigeant mis à l’écart pour des dérives éthiques. En novembre 2012, le vice-président au développement national, Yannick Bouchard, a quitté la firme, six mois après avoir organisé un cocktail de financement controversé pour l’ex ministre libérale, Line Beauchamp ( 05 ). Un membre de la mafia, Domenico Arcuri, faisait partie de la courte liste de 15 à 20 invités. De 2003 à 2008, M. Bouchard a dirigé le bureau de Genivar à Laval, qui a été frappé par l’escouade Marteau le 6 novembre 2012.
En 2010, Yves Lortie, vice-président aux infrastructures municipales, a aussi quitté Génivar. Il avait commis l’impair d’accepter un voyage en Italie à l’invitation de Joe Borsellino, président de Construction Garnier. L’ex-leader de la FTQ-Construction, Jocelyn Dupuis, ( 06 ) et l’ex-responsable des infrastructures à la Ville de Montréal, Robert Marcil, figuraient parmi les invités. Le p.-d.g. de Concession A25, Daniel Toutant, (Pont de la 25) avait aussi rejoint ce singulier groupe de touristes. Garnier et Genivar ont tous deux travaillé sur le pont de l’autoroute 25.
Lors de la campagne électorale de 2008, Daniel Rochette l'organisateur de Pierre Moreau dans sa circonscription de Châteauguay, était aussi dirigeant de la firme de génie-conseil Genivar.
En 2011, Yves Lortie n'est plus à l'emploi de Génivar, mais on le retrouve chez la firme d'ingénierie SM, la même qui a accueilli l'ex-cadre municipal Robert Marcil.
Pierre Moreau, nouveau ministre des Transports du Québec se retrouve déjà dans l'embarras. Lors de la campagne électorale de 2008, son organisateur dans sa circonscription de Châteauguay, Daniel Rochette, était aussi dirigeant de la firme de génie-conseil Genivar, a appris La Presse.
Un rapport secret de l'unité anticollusion du ministère des Transports, dont La Presse a publié des extraits jeudi, consacre plusieurs pages aux firmes de génie-conseil qui, de l'avis des auteurs, «ont été trop maternées» par le Ministère. Les liens étroits entre politique et génie-conseil, en particulier le trafic d'influence et les opérations de financement occulte, sont aussi dénoncés.
Dans une longue entrevue qu'il a accordée au Soleil de Châteauguay en décembre 2008, «dans les confortables locaux du candidat libéral Pierre Moreau», M. Rochette raconte en long et en large son parcours d'organisateur. Il s'enorgueillit d'une vingtaine de campagnes électorales, dont plusieurs pour le compte de l'actuel ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier, son «ami». Il soutient aussi agir bénévolement avant d'ajouter cette phrase énigmatique: «C'est certain que ça a créé tout un réseau de contacts. Ça donne des entrées et c'est plus facile, par exemple, d'inviter des politiciens pour des levées de fonds.»
Mais qu’est-ce qui se passe avec l’autre entreprise impliquée dans la collusion, c’est-à-dire Dessau?
MONTRÉAL, QUÉBEC--(Marketwired - 12 déc. 2014) - Groupe WSP Global Inc. (TSX:WSP) (« WSP » ou la « Société ») a annoncé aujourd'hui l'acquisition de Dessau CEI S.A.S. (« Dessau CEI »), filiale colombienne d'ingénierie de Dessau International inc.
« Nouer un partenariat avec WSP est une excellente nouvelle pour nous, puisque nous aurons ainsi accès à un véritable réseau mondial de spécialistes. Nous sommes convaincus que la force de notre expertise en conception et en supervision de la construction d'autoroutes, en réalisation de projets énergétiques et en supervision de pipelines, jumelée à l'empreinte géographique mondiale de WSP, créera des possibilités extraordinaires pour nos clients et pour nos employés », déclare Luis E. Quintero, directeur général de Dessau CEI en Colombie. »
Bon! Tout ça c’est bien beau mais voyons les autres compagnies impliquée dans l’échangeur Turcot:
“Parsons Brinckerhoff became a wholly owned independent subsidiary of WSP Global[2] a Canadian based professional services firm, together WSP/Parsons Brinckerhoff are one the largest professional services firms in the world with approximately 31,500 employees in 500 offices serving 39 countries.
Parson Brinckerhoff partnered with rival engineering firm Bechtel to build the troubled Big Dig in Boston, Massachusetts. The project was beset with bad engineering, shoddy workmanship, and the death of an automobile passenger as a poor ceiling design caused a tunnel roof section to collapse on a car in the tunnel, crushing the victim. The Big Dig was years over schedule and engineering costs to several times of Bechtel/Parsons Brinkerhooff's original estimates, from $8 Billion to in excess of $24 Billion.
Parsons Brinckerhoff was also the lead engineering firm to build the Silver Spring, Maryland transportation center. Despite a ballooning budget and a project that has run far behind schedule, the transit center was poorly constructed and has not become operational due to poor design and workmanship. In April, 2014, the Washington Post published an expose on Parsons Brinckerhoff's troubled transit center, reporting that an independent report has found that the public would be at risk due to falling concrete and needs a significant redesign and upgrade.
En 2008, Parsons Corp. a été blâmée par l'inspecteur général spécial pour la reconstruction de l'Irak, pour avoir gaspillé des millions de deniers publics américains au cours d’un chantier en Irak. En plus d’avoir réalisé un tiers des travaux prévus, la compagnie aurait touché 142 M$ pour des travaux annulés. »
Donc aucune inquiétude évidentes au sujet de cette entreprise reconnue; je ne dirai pas pourquoi elle est reconnue; vous pouvez le discerner vous-même.
Kiewit is one of North America’s largest and most respected construction and engineering organizations. During the 1990s, Kiewit became a leader in design-build and engineer-procure-construct (EPC) delivery methods.
Notable projects during this period include:
##Hibernia Oil Platform off the coast of St. John’s, Newfoundland
##$800 million San Joaquin Hills Transportation Corridor in Orange County, Calif., Kiewit’s first design-build mega-project
##$1.4 billion I-15 Reconstruction in Salt Lake City, Utah
Holcim (Canada) inc. est l'une des plus grandes entreprises canadiennes de production de matériaux et de construction à intégration verticale. Holcim Canada fabrique du ciment, des agrégats et du béton prêt à l'emploi en plus d'offrir des services de construction dans le cadre de nombre des plus ambitieux projets d'infrastructure au Canada. Nos divisions comprennent Dufferin Construction, Dufferin Aggregates et Dufferin Concrete en Ontario et Demix Béton, Demix Agrégats et Demix Construction en Québec.
Mais qui donc est Holcim (Canada) inc?
Ciment St-Laurent maintenant connu sous le nom de Holcim (Canada) inc. Ciment St-Laurent a récemment annoncé qu'elle changeait sa raison sociale à Holcim (Canada) inc., signifiant ainsi le lancement de la marque Holcim au Canada. »
Au site de marketing Shaman on découvre que Demix est une succursale de Ciment St-Laurent :
« Ciment St-Laurent
Division DEMIX
Mandat
Augmenter les ventes de tous les produits et services de la division Demix.
Contrer l’offensive commerciale de Lafarge.
Augmenter les marges de profits de Demix. »
D’accord; mais est-ce grave d’être Ciment St-Laurent? –Non, pas vraiment; mais :
La Cour suprême condamne Ciment Saint-Laurent à verser plus de 15 millions aux citoyens de Beauport
21 novembre 2008 |Louis-Gilles Francoeur | Justice
Ce verdict de la Cour suprême constitue par ailleurs un double camouflet politique à l'endroit au gouvernement québécois… De plus, l'arrêt d'hier illustre de façon magistrale l'absence de légitimité de la loi spéciale que le gouvernement Charest a adoptée pour soustraire tous les clubs de motoneiges du Québec des impacts financiers du verdict rendu en 2004 par la juge Hélène Langlois, de la Cour supérieure, dans le recours collectif intenté par les riverains de la piste cyclable du P'tit Train du Nord. La juge Langlois avait précisément basé son jugement sur l'article 976 du code civil pour interdire le passage de motoneiges et décréter des compensations de 10 000 $ à chacun des 600 riverains de la piste. La loi spéciale du gouvernement Charest est toujours en vigueur et Québec cherche depuis à légaliser de façon permanente cette pollution sonore et toxique, ce qui devrait désormais, avec l'arrêt de la Cour suprême, s'avérer plus difficile.
La confrontation durait depuis 1993 et fut terminée en novembre 2008. »
Historique de Holcim :
C'est en 1951 que Holcim, sous le nom de Ciment St-Laurent, a débuté ses activités au Canada, avec la construction d'une cimenterie à Beauport, dans la région de Québec. Depuis, grâce à des investissements soutenus et à des acquisitions stratégiques, dont Associated Quarries & Construction (1961), Dufferin Construction Company (1961), De-Mix (1965), H. Boehmers (1973) et TCG Asphalt & Construction (2001), la société est devenue l'une des plus importantes au Canada à offrir des produits et services intégrés, allant des granulats à la construction. Ses ventes dépassent aujourd'hui 1,3 milliard de dollars.
En 2009, Ciment St-Laurent est devenue Holcim (Canada) inc., introduisant ainsi le nom de sa compagnie mère au Canada. »
Nous ne pouvons que seconder les dires de Robert Poëti : « Le ministre des Transports, Robert Poëti, a assuré hier que le processus de sélection avait été très rigoureux et que l’UPAC avait été présente à chaque étape.»
Finalement, si j’ai bien compris, WSP, la firme de Montréal anciennement Génivar, se joint à Kiewit en employant deux de ses propres noms, WSP et Parsons du Canada. Ce qui lui donnera le contrôle du Consortium KPH Turcot. Autrement dit, le contrôle est sous l’emprise de l’ancienne Genivar de la commission Charbonneau.
Nous sommes « quasiment » très rassurés; surtout que les ministres Fournier et Moreau vont certainement confirmer cette « assurance » que vous nous fournissez. Merci infiniment.
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2 commentaires
Jacques Vaillancourt Répondre
24 décembre 2014Pour les travaux de l'Échangeur Turcot et ses ajouts
« Le choix du ministère des Transports s’est donc finalement arrêté sur le consortium KPH Turcot, formé par Construction Kiewit et Parsons du Canada, deux filiales canadiennes issues de fleurons américains."
Le consortium choisi est le même que celui du pont sur la rivière des prairies dont on avait annoncé le coût de construction à 500 millions après avoir obtenu une réduction qualifiée d' historique de 226 millions par Jean Charest (31% de réduction)
(réalisation en PPP)
Le 21 mai 2011, le nouveau pont de l'autoroute 25 qui relie l'est des îles de Montréal et de Laval, fut officiellement ouvert à la circulation . La longueur de ce pont de type haubané est de 1200 mètres.
Or,quelques jours plus tôt était inauguré le pont Jean Jacques Audubon en Louisiane.
Cette structure de type également haubané de 3927 mètres de longueur a coûté 348 millions incluant ses 20km d'approches. Cette dernière réalisation, s'est faite selon la méthode conventionnelle de l'appel d'offres publiques
Pour détails
http://vailcour.blogspot.ca/2012/07/realisation-couteuse-du-pont-de.html
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André Taillon Répondre
21 décembre 2014C'est comme les compagnies à numéro, changeons de noms et partons à zéro!