Du poing qui postule aux idées qui réforment

Tariq Ramadan


Suite à la campagne de diffamation menée par Point de bascule et le Congrès musulman canadien contre Tariq Ramadan et ses collaborateurs dans [Le Devoir du 5 novembre 2009->23233], il apparaît manifeste que les moyens d'exprimer le désaccord, pour le moins, ont trouvé leurs limites en publiant un encart publicitaire en page deux du journal. L'aveu de faillite ne peut être plus évident : à défaut d'arguments et d'idées, le seul recourt du discours haineux et indisposé pour (voire par) le dialogue est de payer un espace de propagande pour s'attaquer aux personnes dont on n'est capable de discuter les écrits et les paroles si ce n'est en les trafiquant.
Sans esprit de structure, ni même de la moindre idée directrice dans le texte en question, les auteurs n'ont au fond réussi qu'à compiler les lancinantes redondances peu imaginatives des détournements et rumeurs servis par une certaine presse peu amène à l'endroit d'un discours musulman occidental qui s'affirme dans le respect constant des cadre constitutionnel, démocratique et laïc de l'Europe et de l'Amérique du Nord.
En effet, ce qu'il faut lire entre les lignes ce ne sont pas tant les mensonges, qu'on n'est d'ailleurs même pas capable d'inventer soi-même, mais le refus borné de pénétrer l'espace de la délibération sociale et citoyenne avec la modestie qui s'impose lorsqu'on reconnaît, dans les faits, la pluralité, autrement dit la légitimité de la présence et de la différence des autres. Bien au contraire, on ne fait qu'assister depuis quelque temps à l'intarissable déversement de fiel de la part de prétendus « bien-pensants » qui ne font montre en fin de compte que de leurs poings et de leurs postulats sans la moindre preuve de ce qu'ils avancent. L'appel à la cessation immédiate de tous les châtiments corporels est disponible sur notre site depuis mars 2005…
Le vrai défi qui nous occupe est manifestement bien loin de ces provocations sans substance. En fait, il s'agit enfin de faire l'effort inconfortable de prendre nos responsabilités face au climat de déficit de confiance et de suspicion tous azimuts qui caractérise les relations avec l'islam occidental. Au-delà du devoir citoyen de construire une présence positive et participative au développement de la société dont nous avons le souci en partenariat avec toutes les bonnes volontés préoccupées de justice sociale et d'égalité de traitement pour tous, immigrants ou non, il importe également d'avoir le courage de travailler avec nos coreligionnaires et nos communautés respectives pour nous réformer nous-mêmes, à la fois spirituellement et intellectuellement.
La conférence de Tariq Ramadan (« La quête spirituelle : la réforme de soi et du monde », ce vendredi 6 novembre à l'Université de Montréal) ne cherche qu'à mettre en évidence la nécessité pour tous les citoyens, musulmans ou non, de s'associer à l'entreprise de longue haleine qui consiste, à partir de l'intériorité de nos convictions intimes respectives, à s'investir pour une transformation de notre environnement selon les exigences des valeurs universelles et consensuelles qui nous habitent.
Lorsqu'on est penché sur un projet de société qui aspire à réaliser de telles préoccupations, on ne peut se permettre d'avoir cure des parasitages inconséquents qui cherchent désespérément à s'interposer sur le chemin. Et la caravane passe…
Présence Musulmane Montréal


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