Il est minuit moins cinq pour le gouvernement Charest, dont la popularité est au plus bas après huit années de pouvoir. Pourtant, le voilà qui se lance dans une série de mesures économiques assez vagues dont la plupart exigent temps et argent, deux ingrédients qui lui font cruellement défaut.
En matière d'emploi, le discours inaugural annonce la tenue d'un forum national sur la formation de la main-d'oeuvre, et répète l'engagement du gouvernement à mieux intégrer les nouveaux arrivants. Comment? On n'en dit rien, pas plus qu'on ne précise de quel bois se chauffera l'éventuelle «stratégie de l'entrepreneuriat» qui succédera au programme Entrepreneuriat jeunesse créé en 2004.
Il y a bien ce crédit d'impôt pour encourager les plus de 65 ans à rester au travail, mais s'il s'agit d'une somme symbolique, on aurait mieux fait de l'affecter à la réduction du déficit.
En matière d'énergie, les contractions s'additionnent. D'un côté, on nous promet de réduire la place du pétrole et les émissions de gaz à effet de serre par une utilisation accrue de l'électricité dans les transports; de l'autre, on maintient l'idée d'augmenter les tarifs d'électricité et d'exploiter le gaz de schiste et le pétrole. Cherchez l'erreur!
Quant au fameux Plan Nord, la pièce maîtresse de ce mandat de quatre ans que le premier ministre Charest aimerait laisser en héritage aux Québécois, on nous promet depuis si longtemps un «chantier d'une génération» qui exigera «plusieurs dizaines de milliards» en investissements et l'embauche de «plusieurs dizaines de milliers» de personnes qu'on se serait attendu à en apprendre un plus. Sinon, pourquoi ce discours inaugural?
On se doute bien qu'il s'agit de barrages hydroélectriques, peut-être aussi de parcs d'éoliennes, mais le potentiel ayant déjà été bien identifié, est-il nécessaire d'envelopper ces projets dans du papier doré?
Il sera aussi certainement question de mines. Que sait-on qu'on ne veut pas nous dire? Puis quelle sera la répartition des coûts de construction des routes et des aéroports requis pour donner accès à la ressource? Et qui profitera des revenus d'exploitation une fois soustraits le coût des infrastructures et les crédits fiscaux?
Le discours inaugural répète l'engagement du gouvernement à revoir le régime de redevances, mais si le passé est garant de l'avenir...
En fait, les deux seuls éléments nouveaux du Plan Nord, c'est l'idée de construire un port en eau profonde dans le Grand Nord — n'est-ce pas une activité de compétence fédérale? — et l'engagement du premier ministre à ce que la moitié du territoire nordique soit réservée à d'autres fins qu'industrielles. Rien pour rassurer ceux, nombreux, qui ne font plus confiance à ce gouvernement pour gérer les ressources de la collectivité.
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