Discours de Nicolas Sarkozy au Palais du Latran

Retranscription de l'interview de Nicolas Sarkozy

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Laïcité — débat québécois

Le Président Sarkozy en visite chez Benoît XVI, discours au Latran
Voici le discours que le président Sarkozy a adressé dans la basilique Saint Jean de Latran, juste après l'allocution du cardinal Ruini.
Discours de Nicolas Sarkozy au Palais du Latran
Rome, Palais du Latran, jeudi 20 décembre 2007
***
Messieurs les cardinaux,

Mesdames et Messieurs,

Chers amis,
Permettez-moi d’adresser mes premières paroles au cardinal Ruini, pour le remercier très chaleureusement de la cérémonie qu’il vient de présider. J’ai été sensible aux prières qu’il a bien voulu offrir pour la France et le bonheur de son peuple. Je veux le remercier également pour l’accueil qu’il m’a réservé dans cette cathédrale de Rome, au sein de son chapitre.
Je vous serais également reconnaissant, Éminence, de bien vouloir transmettre à sa Sainteté Benoît XVI mes sincères remerciements pour l’ouverture de son palais pontifical qui nous permet de nous retrouver ce soir. L’audience que le Saint Père m’a accordée ce matin a été pour moi un moment d’émotion et de très grand intérêt. Je renouvelle au Saint Père l’attachement que je porte à son projet de déplacement en France au deuxième semestre de l’année 2008. En tant que Président de tous les Français, je suis comptable des espoirs que cette perspective suscite chez mes concitoyens catholiques et dans de nombreux diocèses. Quelles que soient les étapes de son séjour, Benoît XVI sera le bienvenu en France.
- En me rendant ce soir à Saint-Jean de Latran, en acceptant le titre de chanoine d’honneur de cette basilique, qui fut conféré pour la première fois à Henri IV et qui s’est transmis depuis lors à presque tous les chefs d’État français, j’assume pleinement le passé de la France et ce lien si particulier qui a si longtemps uni notre nation à l’Église.
C’est par le baptême de Clovis que la France est devenue Fille aînée de l‘Église. Les faits sont là. En faisant de Clovis le premier souverain chrétien, cet événement a eu des conséquences importantes sur le destin de la France et sur la christianisation de l’Europe. A de multiples reprises ensuite, tout au long de son histoire, les souverains français ont eu l’occasion de manifester la profondeur de l’attachement qui les liait à l’Eglise et aux successeurs de Pierre. Ce fut le cas de la conquête par Pépin le Bref des premiers États pontificaux ou de la création auprès du Pape de notre plus ancienne représentation diplomatique.
Au-delà de ces faits historiques, c’est surtout parce que la foi chrétienne a pénétré en profondeur la société française, sa culture, ses paysages, sa façon de vivre, son architecture, sa littérature, que la France entretient avec le siège apostolique une relation si particulière. Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes. Et la France a apporté au rayonnement du christianisme une contribution exceptionnelle. Contribution spirituelle et morale par le foisonnement de saints et de saintes de portée universelle : saint Bernard de Clairvaux, saint Louis, saint Vincent de Paul, sainte Bernadette de Lourdes, sainte Thérèse de Lisieux, saint Jean-Marie Vianney, Frédéric Ozanam, Charles de Foucauld… Contribution littéraire et artistique : de Couperin à Péguy, de Claudel à Bernanos, Vierne, Poulenc, Duruflé, Mauriac ou encore Messiaen. Contribution intellectuelle, si chère à Benoît XVI, Blaise Pascal, Jacques Bénigne Bossuet, Jacques Maritain, Emmanuel Mounier, Henri de Lubac, René Girard… Qu’il me soit permis de mentionner également l’apport déterminant de la France à l’archéologie biblique et ecclésiale, ici à Rome, mais aussi en Terre sainte, ainsi qu’à l’exégèse biblique, avec en particulier l’Ecole biblique et archéologique française de Jérusalem.
Je veux aussi évoquer parmi vous ce soir la figure du cardinal Jean-Marie Lustiger qui nous a quittés cet été. Son rayonnement et son influence ont eux aussi très largement dépassé les frontières de la France. J’ai tenu à participer à ses obsèques car aucun Français n’est resté indifférent au témoignage de sa vie, à la force de ses écrits, au mystère de sa conversion. Pour tous les catholiques, sa disparition a représenté une grande peine. Debout à côté de son cercueil, j’ai vu défiler ses frères dans l’épiscopat et les nombreux prêtres de son diocèse, et j’ai été touché par l’émotion qui se lisait sur le visage de chacun.
- Cette profondeur de l’inscription du christianisme dans notre histoire et dans notre culture, se manifeste ici à Rome par la présence jamais interrompue de Français au sein de la Curie, aux responsabilités les plus éminentes. Je veux saluer ce soir le cardinal Etchegaray, le cardinal Poupard, le cardinal Tauran, Monseigneur Mamberti, dont l’action honore la France.
Les racines chrétiennes de la France sont aussi visibles dans ces symboles que sont les Pieux établissements, la messe annuelle de la Sainte-Lucie et celle de la chapelle Sainte-Pétronille. Et puis il y a bien sûr cette tradition qui fait du Président de la République française le chanoine d’honneur de Saint-Jean de Latran. Saint-Jean de Latran, ce n’est pas rien. C’est la cathédrale du Pape, c’est la « tête et la mère de toutes les églises de Rome et du monde », c’est une église chère au cœur des Romains. Que la France soit liée à l’Eglise catholique par ce titre symbolique, c’est la trace de cette histoire commune où le christianisme a beaucoup compté pour la France et la France beaucoup compté pour le christianisme. Et c’est donc tout naturellement, comme le Général de Gaulle, comme Valéry Giscard d’Estaing, et plus récemment Jacques Chirac, que je suis venu m’inscrire avec bonheur dans cette tradition.
- Tout autant que le baptême de Clovis, la laïcité est également un fait incontournable dans notre pays. Je sais les souffrances que sa mise en œuvre a provoquées en France chez les catholiques, chez les prêtres, dans les congrégations, avant comme après 1905. Je sais que l’interprétation de la loi de 1905 comme un texte de liberté, de tolérance, de neutralité est en partie une reconstruction rétrospective du passé. C’est surtout par leur sacrifice dans les tranchées de la Grande guerre, par le partage des souffrances de leurs concitoyens, que les prêtres et les religieux de France ont désarmé l’anticléricalisme ; et c’est leur intelligence commune qui a permis à la France et au Saint-Siège de dépasser leurs querelles et de rétablir leurs relations.
Pour autant, il n’est plus contesté par personne que le régime français de la laïcité est aujourd’hui une liberté : liberté de croire ou de ne pas croire, liberté de pratiquer une religion et liberté d’en changer, liberté de ne pas être heurté dans sa conscience par des pratiques ostentatoires, liberté pour les parents de faire donner à leurs enfants une éducation conforme à leurs convictions, liberté de ne pas être discriminé par l’administration en fonction de sa croyance.
La France a beaucoup changé. Les Français ont des convictions plus diverses qu’autrefois. Dès lors la laïcité s’affirme comme une nécessité et une chance. Elle est devenue une condition de la paix civile. Et c’est pourquoi le peuple français a été aussi ardent pour défendre la liberté scolaire que pour souhaiter l’interdiction des signes ostentatoires à l’école.
Cela étant, la laïcité ne saurait être la négation du passé. Elle n’a pas le pouvoir de couper la France de ses racines chrétiennes. Elle a tenté de le faire. Elle n’aurait pas dû. Comme Benoît XVI, je considère qu’une nation qui ignore l’héritage éthique, spirituel, religieux de son histoire commet un crime contre sa culture, contre ce mélange d’histoire, de patrimoine, d’art et de traditions populaires, qui imprègne si profondément notre manière de vivre et de penser. Arracher la racine, c’est perdre la signification, c’est affaiblir le ciment de l’identité nationale, et dessécher davantage encore les rapports sociaux qui ont tant besoin de symboles de mémoire.
C’est pourquoi nous devons tenir ensemble les deux bouts de la chaîne : assumer les racines chrétiennes de la France, et même les valoriser, tout en défendant la laïcité enfin parvenue à maturité. Voilà le sens de la démarche que j’ai voulu accomplir ce soir à Saint-Jean de Latran.
- Le temps est désormais venu que, dans un même esprit, les religions, en particulier la religion catholique qui est notre religion majoritaire, et toutes les forces vives de la nation regardent ensemble les enjeux de l’avenir et non plus seulement les blessures du passé.
Je partage l’avis du pape quand il considère, dans sa dernière encyclique, que l’espérance est l’une des questions les plus importantes de notre temps. Depuis le siècle des Lumières, l’Europe a expérimenté beaucoup d’idéologies. Elle a mis successivement ses espoirs dans l’émancipation des individus, dans la démocratie, dans le progrès technique, dans l’amélioration des conditions économiques et sociales, dans la morale laïque. Elle s’est fourvoyée gravement dans le communisme et dans le nazisme. Aucune de ces différentes perspectives – que je ne mets évidemment pas sur le même plan - n’a été en mesure de combler le besoin profond des hommes et des femmes de trouver un sens à l’existence.
Bien sûr, fonder une famille, contribuer à la recherche scientifique, enseigner, se battre pour des idées, en particulier si ce sont celles de la dignité humaine, diriger un pays, cela peut donner du sens à une vie. Ce sont ces petites et ces grandes espérances « qui, au jour le jour, nous maintiennent en chemin » pour reprendre les termes même de l’encyclique du Saint Père . Mais elles ne répondent pas pour autant aux questions fondamentales de l’être humain sur le sens de la vie et sur le mystère de la mort. Elles ne savent pas expliquer ce qui se passe avant la vie et ce qui se passe après la mort.
Ces questions sont de toutes les civilisations et de toutes les époques. Et ces questions essentielles n’ont rien perdu de leur pertinence. Bien au contraire. Les facilités matérielles de plus en plus grandes qui sont celles des pays développés, la frénésie de consommation, l’accumulation de biens, soulignent chaque jour davantage l’aspiration profonde des femmes et des hommes à une dimension qui les dépasse, car moins que jamais elles ne la comblent.
« Quand les espérances se réalisent, poursuit Benoît XVI, il apparaît clairement qu’en réalité, ce n’est pas la totalité. Il paraît évident que l’homme a besoin d’une espérance qui va au-delà. Il paraît évident que seul peut lui suffire quelque chose d’infini, quelque chose qui sera toujours ce qu’il ne peut jamais atteindre. […] Si nous ne pouvons espérer plus que ce qui est accessible, ni plus que ce qu’on peut espérer des autorités politiques et économiques, notre vie se réduit à être privée d’espérance ». Ou encore, comme l’écrivit Héraclite, « Si l’on n’espère pas l’inespérable, on ne le reconnaîtra pas ».
Ma conviction profonde, dont j’ai fait part notamment dans ce livre d’entretiens que j’ai publié sur la République, les religions et l’espérance, c’est que la frontière entre la foi et la non-croyance n’est pas et ne sera jamais entre ceux qui croient et ceux qui ne croient pas, parce qu’elle traverse en vérité chacun de nous. Même celui qui affirme ne pas croire ne peut soutenir en même temps qu’il ne s’interroge pas sur l’essentiel. Le fait spirituel, c’est la tendance naturelle de tous les hommes à rechercher une transcendance. Le fait religieux, c’est la réponse des religions à cette aspiration fondamentale.
Or, longtemps la République laïque a sous-estimé l’importance de l’aspiration spirituelle. Même après le rétablissement des relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège, elle s’est montrée plus méfiante que bienveillante à l’égard des cultes. Chaque fois qu’elle a fait un pas vers les religions, qu’il s’agisse de la reconnaissance des associations diocésaines, de la question scolaire, des congrégations, elle a donné le sentiment qu’elle agissait parce qu’elle ne pouvait pas faire autrement. Ce n’est qu’en 2002 qu’elle a accepté le principe d’un dialogue institutionnel régulier avec l’Eglise catholique. Qu’il me soit également permis de rappeler les critiques virulentes dont j’ai été l’objet au moment de la création du Conseil français du culte musulman. Aujourd’hui encore, la République maintient les congrégations sous une forme de tutelle, refuse de reconnaître un caractère cultuel à l’action caritative ou aux moyens de communication des Eglises, répugne à reconnaître la valeur des diplômes délivrés dans les établissements d’enseignement supérieur catholique alors que la Convention de Bologne le prévoit, n’accorde aucune valeur aux diplômes de théologie.
Je pense que cette situation est dommageable pour notre pays. Bien sûr, ceux qui ne croient pas doivent être protégés de toute forme d’intolérance et de prosélytisme. Mais un homme qui croit, c’est un homme qui espère. Et l’intérêt de la République, c’est qu’il y ait beaucoup d’hommes et de femmes qui espèrent. La désaffection progressive des paroisses rurales, le désert spirituel des banlieues, la disparition des patronages, la pénurie de prêtres, n’ont pas rendu les Français plus heureux. C’est une évidence.
Et puis je veux dire également que, s’il existe incontestablement une morale humaine indépendante de la morale religieuse, la République a intérêt à ce qu’il existe aussi une réflexion morale inspirée de convictions religieuses. D’abord parce que la morale laïque risque toujours de s’épuiser ou de se changer en fanatisme quand elle n’est pas adossée à une espérance qui comble l’aspiration à l’infini. Ensuite parce qu’une morale dépourvue de liens avec la transcendance est davantage exposée aux contingences historiques et finalement à la facilité. Comme l’écrivait Joseph Ratzinger dans son ouvrage sur l‘Europe, « le principe qui a cours maintenant est que la capacité de l’homme soit la mesure de son action. Ce que l’on sait faire, on peut également le faire ». A terme, le danger est que le critère de l’éthique ne soit plus d’essayer de faire ce que l’on doit faire, mais de faire ce que l’on peut faire. C’est une très grande question.
Dans la République laïque, l’homme politique que je suis n’a pas à décider en fonction de considérations religieuses. Mais il importe que sa réflexion et sa conscience soient éclairées notamment par des avis qui font référence à des normes et à des convictions libres des contingences immédiates. Toutes les intelligences, toutes les spiritualités qui existent dans notre pays doivent y prendre part. Nous serons plus sages si nous conjuguons la richesse de nos différentes traditions.
C’est pourquoi j’appelle de mes vœux l’avènement d’une laïcité positive, c’est-à-dire une laïcité qui, tout en veillant à la liberté de penser, à celle de croire et de ne pas croire, ne considère pas que les religions sont un danger, mais plutôt un atout. Il ne s’agit pas de modifier les grands équilibres de la loi de 1905. Les Français ne le souhaitent pas et les religions ne le demandent pas. Il s’agit en revanche de rechercher le dialogue avec les grandes religions de France et d’avoir pour principe de faciliter la vie quotidienne des grands courants spirituels plutôt que de chercher à la leur compliquer.
- Messieurs les cardinaux, Mesdames et Messieurs, au terme de mon propos, et à quelques jours de cette fête de Noël qui est toujours un moment où l’on se recentre sur ce qui est le plus cher dans sa vie, je voudrais me tourner vers ceux d’entre vous qui sont engagés dans les congrégations, auprès de la Curie, dans le sacerdoce et l’épiscopat ou qui suivent actuellement leur formation de séminariste. Je voudrais vous dire très simplement les sentiments que m’inspirent vos choix de vie.
Je mesure les sacrifices que représente une vie toute entière consacrée au service de Dieu et des autres. Je sais que votre quotidien est ou sera parfois traversé par le découragement, la solitude, le doute. Je sais aussi que la qualité de votre formation, le soutien de vos communautés, la fidélité aux sacrements, la lecture de la Bible et la prière, vous permettent de surmonter ces épreuves.
Sachez que nous avons au moins une chose en commun : c’est la vocation. On n’est pas prêtre à moitié, on l’est dans toutes les dimensions de sa vie. Croyez bien qu’on n’est pas non plus Président de la République à moitié. Je comprends que vous vous soyez sentis appelés par une force irrépressible qui venait de l’intérieur, parce que moi-même je ne me suis jamais assis pour me demander si j’allais faire ce que j’ai fait, je l’ai fait. Je comprends les sacrifices que vous faites pour répondre à votre vocation parce que moi-même je sais ceux que j’ai faits pour réaliser la mienne.
Ce que je veux vous dire ce soir, en tant que Président de la République, c’est l’importance que j’attache à ce que vous faites et à ce que vous êtes. Votre contribution à l’action caritative, à la défense des droits de l’homme et de la dignité humaine, au dialogue inter-religieux, à la formation des intelligences et des cœurs, à la réflexion éthique et philosophique, est majeure. Elle est enracinée dans la profondeur de la société française, dans une diversité souvent insoupçonnée, tout comme elle se déploie à travers le monde. Je veux saluer notamment nos congrégations, les Pères du Saint-Esprit, les Pères Blancs et les Sœurs Blanches, les fils et filles de la charité, les franciscains missionnaires, les jésuites, les dominicains, la Communauté de Sant’Egidio qui a une branche en France, toutes ces communautés, qui, dans le monde entier, soutiennent, soignent, forment, accompagnent, consolent leur prochain dans la détresse morale ou matérielle.
En donnant en France et dans le monde le témoignage d’une vie donnée aux autres et comblée par l’expérience de Dieu, vous créez de l’espérance et vous faites grandir des sentiments nobles. C’est une chance pour notre pays, et le Président que je suis le considère avec beaucoup d’attention. Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance.
Je veux évoquer la mémoire des moines de Tibhérine et de Monseigneur Pierre Claverie, dont le sacrifice portera un jour des fruits de paix, j’en suis convaincu. L’Europe a trop tourné le dos à la Méditerranée alors même qu’une partie de ses racines y plongent et que les pays riverains de cette mer sont au croisement d’un grand nombre d’enjeux du monde contemporain. J’ai voulu que la France prenne l’initiative d’une Union de la Méditerranée. Sa situation géographique tout comme son passé et sa culture l’y conduisent naturellement. Dans cette partie du monde où les religions et les traditions culturelles exacerbent souvent les passions, où le choc des civilisations peut rester à l’état de fantasme ou basculer dans la réalité la plus tragique, nous devons conjuguer nos efforts pour atteindre une coexistence paisible, respectueuse de chacun sans renier nos convictions profondes, dans une zone de paix et de prospérité. Cette perspective rencontre, me semble-t-il, l’intérêt du Saint-Siège.
Mais ce que j’ai le plus à cœur de vous dire, c’est que dans ce monde paradoxal, obsédé par le confort matériel, tout en étant chaque jour de plus en plus en quête de sens et d’identité, la France a besoin de catholiques convaincus qui ne craignent pas d’affirmer ce qu’ils sont et ce en quoi ils croient. La campagne électorale de 2007 a montré que les Français avaient envie de politique pour peu qu’on leur propose des idées, des projets, des ambitions. Ma conviction est qu’ils sont aussi en attente de spiritualité, de valeurs, d’espérance.
Henri de Lubac, ce grand ami de Benoît XVI, a dit « La vie attire, comme la joie ». C’est pourquoi la France a besoin de catholiques heureux qui témoignent de leur espérance.
Depuis toujours, la France rayonne à travers le monde par la générosité et l’intelligence. C’est pourquoi elle a besoin de catholiques pleinement chrétiens, et de chrétiens pleinement actifs.
La France a besoin de croire à nouveau qu’elle n’a pas à subir l’avenir, parce qu’elle a à le construire. C’est pourquoi elle a besoin du témoignage de ceux qui, portés par une espérance qui les dépasse, se remettent en route chaque matin pour construire un monde plus juste et plus généreux.
J’ai offert ce matin au Saint Père deux éditions originales de Bernanos. Permettez-moi de conclure avec lui : « L’avenir est quelque chose qui se surmonte. On ne subit pas l’avenir, on le fait […] L’optimisme est une fausse espérance à l’usage des lâches […]. L’espérance est une vertu, une détermination héroïque de l’âme. La plus haute forme de l’espérance, c’est le désespoir surmonté ». Comme je comprends l’attachement du pape à ce grand écrivain qu’est Bernanos !
Partout où vous agirez, dans les banlieues, dans les institutions, auprès des jeunes, dans le dialogue inter-religieux, dans les universités, je vous soutiendrai. La France a besoin de votre générosité, de votre courage, de votre espérance.
Je vous remercie.
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Retranscription de l'interview de Nicolas Sarkozy
20 décembre 2007
Interview de Nicolas Sarkozy donnée conjointement à Radio Vatican (RV), à l’Osservatore Romano (OR) et au CTV.
NS : Nicolas Sarkozy / RF : Romilda Ferrauto (RV) / JMC : Jean-Michel Coulet (OR)

***
RF :

Monsieur le Président, bonjour.
NS

Bonjour
RF

Et merci d’accorder cet entretien aux médias du Vatican, réunis pour la première fois : le CTV, l’Osservatore Romano et R.V.
NS

C’est un honneur que vous me faites en m’invitant.
RF

Merci M. le président.

Vous avez été reçu par Benoît XVI ce matin. Il y a une semaine le porte-parole de l’Elysée, en annonçant cette visite, avait affirmé qu’elle était extrêmement importante. Alors nous aimerions avoir votre sentiment sur cette visite et si possible, sans indiscrétion, quelques détails sur la teneur de votre entretien.
NS :

Elle est importante parce que le Pape est un chef d’État, le Pape est un chef religieux et je me sens catholique de tradition et de cœur. C’est une autorité mondiale, spirituelle, et pour moi c’était une rencontre différente des rencontres avec d’autres chefs d’État. Il y a une dimension spirituelle, il incarne un message de paix, d’espoir et de réconciliation qui est utile dans le monde d’aujourd’hui qui est tout entier tourné vers la division, les affrontements, les incompréhensions. Et puis l’entretien que j’ai eu avec le Pape était extrêmement chaleureux. C’est un homme de grande culture, un homme intelligent, c’est un homme qui aime écouter, qui a une grande expérience, à qui on peut parler franchement et nous avons eu cette conversation.
RF :

Est-ce que vous pourriez nous donner quelques précisions sur l’échange que vous avez eu avec lui ?
NS

Nous avons parlé en détail de la situation au Liban, je lui ai dit combien j’étais attaché à la notion de diversité dans les pays de l’Orient et du Moyen-Orient. Je lui ai dit l’importance pour moi des valeurs chrétiennes dans l’histoire de France. Je lui ai dit combien j’attachais d’importance à la défense, à l’incarnation d’une identité européenne dans un monde qui ne devait pas s’aplatir devant une seule culture, et c’était un échange extrêmement libre. Mais je lui ai également dit combien je serais heureux que nous le recevions en France - indépendamment de la visite à Lourdes, bien sûr - et combien je serais heureux qu’il vienne à Paris.
JMC

Il y a de nombreuses convergences dans la diplomatie et la politique étrangère de la France et du Saint-Siège. Le Liban, vous l’avez dit, est une priorité. Avez-vous une proposition concrète pour sortir le Liban de l’impasse actuelle, est-ce que ça a été un sujet de conversation, est-ce que vous avez approfondi ?
NS

J’ai dit au Saint Père la nature des échanges que j’avais eus avec les interlocuteurs de la scène libanaise et même avec le Président syrien. Je lui ai dit également ma préoccupation, le souci qui était celui de la France que le Liban sorte de cette période d’incertitude pour se rassembler derrière un Président de consensus. Et je lui ai dit que la France jusqu’à la dernière minute, jusqu’à la dernière seconde, ferait tous ses efforts pour préserver ce miracle de la diversité qu’est le Liban.
JMC

Y a-t-il, selon vous, une possibilité d’action conjointe entre la diplomatie du Saint-Siège et l’Église maronite ?
NS

D’une certaine façon, il y en a eu, puisque le patriarche a joué un rôle extrêmement important en prenant ses responsabilités pour tenter de réconcilier la communauté chrétienne libanaise. Et par ailleurs la voix du pape est entendue dans le monde entier, et spécialement au Liban, où il compte de nombreux fidèles.
RF

Le Liban mais aussi le conflit israélo-palestinien. On sait que la France est très engagée dans ce domaine, on l’a vu encore lundi dernier à la conférence de Paris. Là aussi y a-t-il convergence et de quels moyens la France dispose-t-elle pour agir dans ce dossier ?
NS

À la Conférence de Paris, nous avions invité le nonce apostolique, Mgr Baldelli, qui témoignait de la présence de l’Église dans une enceinte où il y avait tant de représentants de diplomaties d’autres pays. Le Vatican comme la France nous voulons la paix, nous pensons que c’est le moment de faire la paix autour de deux États, un État palestinien moderne, démocratique, viable et un État israélien garanti dans sa sécurité. Et j’ai dit au Pape combien je pensais que c’était maintenant qu’il fallait faire tous les efforts pour aboutir au résultat de la paix et il m’a semblé qu’il partageait mon analyse.
RF

Vous n’avez pas eu l’occasion de discuter avec lui des moyens par lesquels passe la paix aujourd’hui dans cette région ?
NS

Le pape m’a dit combien il avait été satisfait des résultats de la Conférence de Paris : 7 milliards 300 millions pour aider à la reconstruction d’un État palestinien moderne. Parce que la misère fait le lit et le terreau du terrorisme. Par contre ces moyens qui ont été dégagés à la Conférence de Paris, ça compte. Nous avons également parlé des suites de cette Conférence de Paris. Le pape s’inquiétait de savoir s’il y aurait d’autres conférences. Je lui ai confirmé qu’il y en aurait d’autres.
JMC

Si vous voulez, on va passer à la politique intérieure, la France et la laïcité notamment. En 2004 vous pensiez à une modification de la loi de 1905. À la veille de l’élection présidentielle, il semblerait que vous ayiez renoncé... c’était dans un entretien à La Croix.... que vous renonciez à cette modification. Qu’en est-il aujourd’hui, parce que tôt ou tard, il faudra affronter cette question. Qu’en est-il ?
NS

Vous savez, je suis passionné par la question spirituelle depuis bien longtemps, je ne suis pas le seul : la vie a-t-elle un sens ? Qu’est-ce qui se passe après la mort ? Ce sont quand même des questions essentielles, la question spirituelle se pose depuis que l’homme a conscience de sa destiné singulière.
La place des religions, la laïcité positive, c’est-à-dire une laïcité qui reconnaît à chacun le droit de vivre sa foi et de la transmettre à ses enfants. Les besoins immenses qui sont ceux des religions révélées pour s’adapter à la nouvelle réalité française. La France profonde, c’était la France des campagnes il y a 50 ans. Aujourd’hui, la France profonde c’est la France des banlieues. Or les lieux de culte sont dans les campagnes où il y a moins de monde et les banlieues sont devenues des déserts cultuels. Ce n’est pas positif et donc j’avais imaginé des adaptations nécessaires pour la Loi de 1905. Mais j’ai dit : on peut ne faire ces adaptations que dans le cadre d’un consensus et c’est autour de ce consensus que l’on pourra construire d’éventuelles évolutions. Partant du principe également que je ne souhaite pas un islam en France mais un islam de France. C’est donc la question d’un islam européanisé, compatible avec les valeurs de la civilisation européenne et donc c’est pour ça que j’ai créé le C.F.C.M. : voilà les débats que je souhaite voir prospérer en France. Et nous verrons ensuite s’il y a lieu de faire telle ou telle modification.
JMC

Le pape, vous ne l’ignorez pas, appelle les laïcs à une visibilité, il demande d’avoir le courage de la différence aux catholiques d’aujourd’hui. Quelles sont vos convictions profondes sur ce point ?
NS

Le message du Christ, c’est un message très audacieux puisqu’il annonce un Dieu fait de pardon et une vie après la mort. Je ne pense pas que ce message d’audace extrême et d’espérance totale puisse être porté de façon mitigée. Il nécessite une grande affirmation, une grande confiance et je suis de ceux qui pensent que dans les débats d’aujourd’hui, les grandes voix spirituelles doivent s’exprimer plus fortement.
RF

M. le Président vous avez souvent qualifié de déterminante la place du christianisme dans la réalité française et, au début de cet entretien, vous l’avez rappelé. Vous savez que l’Église de France a émis quelques réserves sur certains points de la politique française comme la maîtrise de l’immigration ou encore sur certains points concernant la famille et la bioéthique. Il y a quelques craintes concernant l’euthanasie. Alors quelle place pensez-vous pouvoir accorder dans une République laïque à ces voix de l’Église.
NS

La laïcité, c’est le droit à chacun de vivre sa religion, ses croyances, et d’espérer. Donc, justement dans la république laïque, des voix religieuses doivent s’exprimer. Justement parce qu’elle ne sont pas l’État, qu’elles sont séparées de l’État. C’est justement pour ça qu’elles doivent s’exprimer. Parce que si elles étaient l’État, elles n’auraient pas besoin d’être garanties dans leur droit d’expression. C’est justement parce que l’État est laïc, qu’il est indépendant des religions, que le temporel et le spirituel sont séparés, qu’il est important que, dans le débat, des voix indépendantes, spirituelles s’expriment. Moi, je suis pour qu’elles s’expriment mais je ne suis pas pour qu’elles s’expriment pour dire qu’elles sont d’accord avec ce que je pense. Que l’Église ait un message particulier sur les plus pauvres, sur ceux qui n’ont rien, sur les immigrés… mais si l’Église ne l’avait pas qui l’aurait ? Je reconnais le droit à la différence, moi, mais je pense que c’est positif qu’on s’exprime. Et je souhaite que les grandes religions, y compris la religion de l’Islam de France, puissent avoir des voix qui s’expriment tranquillement, avec un message d’amour, un message de paix. Et ça compte pour moi qu’ils puissent s’exprimer. Ça manque les intellectuels chrétiens, ça manque les grandes voix qui portent dans les débats pour faire avancer une société et lui donner du sens et montrer que la vie n’est pas un bien de consommation comme les autres.
RF

Et vous pensez que les décideurs politiques devraient être à l’écoute de ces voix différentes ?
NS

En tous cas je pense qu’on ne doit pas avoir peur d’aller au contact. Quand le cardinal Vingt-Trois a été créé cardinal, j’ai été moi-même, en tant que président de la République, lui présenter mes félicitations et lui dire combien c’était positif. Il ne faut pas avoir peur des religions : personne n’imagine que les religions vont mettre l’État français sous le boisseau, sous tutelle. Il faut simplement voir les grands courants religieux comme des témoignages d’espérance. Qu’est-ce qu’un homme qui croit si ce n’est un homme qui espère ? Et je ne vois pas au nom de quoi l’espérance serait contraire à l’idéal républicain. D’ailleurs j’ai vu avec plaisir que le Pape dans son encyclique prenait le thème de l’espérance comme thème premier. Je m’étais laissé aller à écrire un livre, en 2004, qui s’appelait « La République, les religions et l’espérance ».

JMC

Nous voulons y venir. Si vous voulez, je vais vous amener en Europe, on va sortir de France. Vous rencontrerez ce soir M. Prodi et M. Zapatero pour discuter de votre projet d’union méditerranéenne. Est-ce que vous voulez nous dire quelles seraient les limites de cette union et est-ce que cette union ne risque pas d’affaiblir l’Union Européenne ?
NS

Non. Il y a 60 ans, cette Europe recluse de souffrances, d’affrontements, de guerres fratricides, a décidé de s’unir. La question est posée : est-ce que la rive Sud et la rive Nord de la Méditerranée ne doivent pas s’unir ? Est-ce qu’il n’est pas temps d’arrêter les souffrances et les oppositions ? Est-ce qu’il n’est pas temps de construire autour de cette mer Méditerranée qui est notre mer – et je le dis en Italie – une zone de paix, de faire de la Méditerranée la mer la plus propre au monde ? De créer des sources d’énergie commune entre le Nord et le Sud, notamment avec le nucléaire ? De créer une zone de développement, d’assurer la paix et la sécurité ? De réunir ces peuples qui de toute manière ne changeront pas d’adresse ? Et c’est la grande idée, la grande vision que j’ai de cette Union de la Méditerranée : rassembler pour faire la paix. L’Europe s’est rassemblée sur l’acier et sur le charbon dont on avait besoin pour reconstruire après la guerre. Et bien la Méditerranée doit se rassembler autour de projets concrets : la paix, le développement, l’écologie, la sécurité, la maîtrise de l’immigration, le dialogue des cultures.
RF

Et bien entendu cette union concernerait tous les pays du pourtour méditerranéen ?
NS

Bien sûr, on est méditerranéen ou on ne l’est pas... et je ne vois pas comment on peut porter un message de rassemblement et de paix en excluant tel ou tel.
RF

Vous n’ignorez pas, M. le Président, que certains analystes estiment que ce projet a aussi pour but d’écarter définitivement la candidature de la Turquie à l’Union européenne ou de lui donner une autre forme. Est-ce que vous avez l’occasion de parler de votre point de vue concernant la Turquie et l’Union européenne au Vatican et est-ce que vous pensez que votre point de vue rejoint celui du Saint-Siège ?
NS

Je ne suis pas le porte-parole du Saint-Siège mais j’en ai parlé bien sûr avec le Saint-Siège. La Turquie n’est pas en Europe, c’est une réalité géographique. La Turquie est en Asie mineure. Donc il faut des liens très étroits entre la Turquie et l’Europe. La Turquie c’est une grande civilisation, c’est un grand État, c’est un grand peuple mais qui n’est pas en Europe. Nous avons encore en Europe les Balkans : c’est l’Europe ; et par ailleurs la Turquie est méditerranéenne. Je veux un accord de partenariat entre la Turquie et l’Europe, le plus intense possible, qui n’est pas une adhésion. Et bien sûr la Turquie, dans le cadre de l’union de la Méditerranée, a toute sa place : c’est une grande puissance méditerranéenne, du moins à ma connaissance. Mais cela ne veut pas dire que parce qu’elle est dans l’union de la Méditerranée, elle ne doit pas être en Europe : elle ne doit pas être en Europe, de mon point de vue, parce qu’elle n’est pas européenne.
JMC

Vous parliez tout à l’heure de l’espérance. Vous avez écrit en 2004 ce livre : « La République, les religions, l’espérance ». Le Saint-Père vient de publier sa deuxième Encyclique justement sur le thème de l’espérance. C’est une belle coïncidence, mais qu’en dites-vous ? Ce terme d’espérance....
NS

... Ah ! je ne prétends pas qu’il se soit inspiré de moi... J’en dis qu’il est plus facile d’espérer que d’être condamné au désespoir. Et que dans le doute, il vaut mieux trouver des raisons d’espérer.
JMC

J’aurais une dernière question, peut-être plus personnelle, mais dans le cadre diplomatique. La presse quotidienne italienne ou internationale se fait l’écho quotidiennement de votre diplomatie. Il semble que vous innoviez, en dehors de la diplomatie bilatérale et multilatérale, et que vous utilisiez une diplomatie qu’ils appellent « de l’émotion ». Au Vatican, du temps de Jean-Paul II, on appelait cela « la diplomatie du cœur ». Je pense aux infirmières bulgares, mais je pense à Ingrid Betancourt : en lisant aujourd’hui le communiqué de presse, je sais que vous avez parlé des otages avec le Saint Père. Est-ce que vous pensez que cette défense des droits de l’homme n’a pas de prix et que tout est possible ?
NS

La diplomatie du cœur, c’est une belle expression, mais ce n’est pas parce que c’est de la diplomatie qu’il faut n’y mettre ni sentiment ni cœur. C’est peut-être pour cela que la diplomatie a si souvent échoué. Et si tout d’un coup on y mettait du cœur et du sentiment...
Moi je suis comme je suis et j’essaie d’être authentique, sincère, honnête, vrai. Et partant, je ne vois pas comment on fait de la diplomatie en faisant abstraction de toute forme de sentiment. J’ai remercié le Saint-Père pour ses prières et son message pour que Ingrid Betancourt sorte de l’enfer où elle se trouve. Et en ce qui me concerne, je mettrai tous mes efforts, jusqu’à la dernière seconde, pour qu’elle en sorte. Comme j’ai mis tous mes efforts pour que les infirmières en sortent. Alors appeler cela de l’émotion... je plains beaucoup ceux qui n’en ont pas. Parce que sans émotion, on ne fait rien du pouvoir que le peuple vous a confié. Moi, je veux faire quelque chose du pouvoir qu’on m’a confié : ce quelque chose, c’est d’être utile.
RF

Nous avons une dernière question. L’avenir de l’Europe est un thème qui tient à cœur au Pape Benoît XVI et vous me disiez que vous en avez parlé. Est-ce que vous pourriez nous en dire plus sur cet échange ?
NS

L’Europe a franchi une grande étape avec le Traité simplifié et l’Europe s’est doté d’un groupe des sages. L’Europe doit maintenant mettre du concret. La France assurera la présidence de l’Europe après nos amis Slovènes, au 1er juillet 2008. Et la France essaiera de porter l’idée d’une Europe de l’immigration, d’une Europe de la défense et d’une Europe de l’environnement, c’est-à-dire d’une Europe qui ait de grandes ambitions en matière de développement durable. Pour montrer le chemin au monde, il faut que le monde arrête de danser sur un volcan.
JMC

Merci Monsieur le Président
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