Dieu a-t-il bien conseillé George W. Bush ?

17. Actualité archives 2007


Extrait - Texte intégral ici
L’Amérique : Terre promise dans un État laïc
À l’issue de la Première Guerre mondiale, le président Wilson affirmait : « L’Amérique est la seule nation idéale dans le monde […]. L’Amérique a eu l’infini privilège de respecter sa destinée et de sauver le monde […]. Nous sommes venus pour racheter le monde en lui donnant liberté et justice. » Herman Melville, l’auteur de Moby Dick, qui sera considéré bien plus tard comme l’un des plus grands romanciers américains, affirmait : « Nous, Américains, sommes le peuple élu, l’Israël de notre temps, nous portons l’Arche des libertés du monde. » George Washington déclarait pour sa part que « chaque pas qui nous fait avancer dans la voie de l’indépendance nationale semble porter la marque de l’intervention providentielle ».
Sur une des petites pièces de monnaie frappées pendant la Guerre Civile, on pouvait lire « Nous avons confiance en Dieu » [In God We Trust]. Cette devise s’est répandue sur toutes les pièces jusqu’à la Première Guerre Mondiale. Dans le même élan de religiosité, le Congrès sous Eisenhower l’a fait imprimer sur les billets de banque - comme une sorte de vœu d’allégeance - sans préciser le sens du nom de Dieu. Le Dieu dont il est question ici - In God We Trust - respectait-il la déité des 23 000 autres obédiences chrétiennes du pays ?
L’Amérique, première nation protestante, s’est conçue comme un Israël nouveau : l’Europe aurait pu être l’Égypte et l’Amérique en aurait été la Terre promise. L’Amérique indépendante serait consacrée Église - toujours peuplée par des protestants individualistes et égalitaires – et dont la liturgie trouverait son fondement dans la Déclaration d’Indépendance et la Constitution de 1787. L’Amérique, c’est pour plusieurs l’incarnation du Bien qui ne saurait se compromettre dans des tractations avec le Mal. L’Amérique est une doctrine unique et unie : on y croit ou on n’y croit pas, un point c’est tout. Tout ce qui tombe dans la zone d’incertitude devrait être rejeté.
Bill Clinton, le 1er janvier 2000, terminait son discours à la Nation en confirmant sa mission universelle : « Si l’Amérique respecte ses idéaux et ses responsabilités, nous pouvons faire de ce siècle nouveau une époque de paix sans pareille, de liberté et de prospérité pour notre peuple comme pour tous les citoyens du monde ». La certitude que l’Amérique a été élue par Dieu pour une destinée particulière dans le monde imprègne des textes qui sont encore fondamentaux pour les Américains, comme la Déclaration d’indépendance, le Bill of Rights, la Constitution fédérale.
Dans The Transformation of American Religion, paru en 2003, Alan Wolfe, sociologue américain des religions, notait que 58 % des personnes interrogées sont pourtant incapables de citer cinq des dix commandements. Dieu n’est pas mort, en Amérique, mais la vieille religion de papa, oui. Selon Alan Wolfe : « les Américains croient en Dieu, respectent les traditions, mais ont aussi appris à se montrer assez critiques vis-à-vis des autorités morales, en partie parce qu’ils estiment que certaines d’entre elles (l’État, les écoles, parfois les Églises) ont trahi leur confiance. De plus, il y a ici dans la religion une dimension de liberté morale que vous n’arrivez pas à comprendre en Europe. Vous voyez toujours notre religion comme autoritaire. Mais, en réalité, même dans les milieux les plus conservateurs, elle est très individualiste. C’est une sorte de thérapie et d’outil de réalisation personnelle ». George W. Bush en est un témoignage vivant.


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