Le triste refrain d'Alain Dubuc

Désuétude, servitude et «québécitude»

Alain Dubuc pourra bien continuer encore longtemps à vomir sur notre projet d’ouverture et de modernité. C’est son droit et il est payé pour ça.

Pierre Falardeau : 1946-2009

Qu'avons-nous fait, grands dieux ? Quel crime avons-nous commis, comme peuple, pour nous mériter Alain Dubuc ? Depuis de trop nombreuses années, cette ancien chantre de la révolution mondiale permanente converti depuis en zélé croisé de l'ordre établi sévit, tel une espèce de chancre, dans les papiers du constructeur de marionnettes Desmarais.
Dans le papier qu'il a gratté, en réaction à la disparition de Pierre Falardeau, il affirme qu'il ne restera pas grand chose de son combat nationaliste parce que sa lecture de la situation tombe maintenant en désuétude, à preuve, cette perte d'appui populaire en faveur de la souveraineté. Désuétude. À ce compte-là, le monde entier souffre de désuétude depuis 25 ans quand on considère le nombre de nouveaux pays apparus sur la carte du monde. Disons qu'en tant qu'éditorialiste, il manque un peu beaucoup de sens historique dans sa boîte à outils. C'est bien plutôt lui qui va à l'envers de l'Histoire.
Désuétude. À sa place, je n'utiliserais pas trop ce mot dans le cadre constitutionnel canadien. Une veule constitution, devenue depuis impossible à réformer, une monarchie constitutionnelle vétuste, un sénat absolument insignifiant, un gouvernement qui gouverne avec 38% des suffrages font réellement du Canada un système parfaitement désuet, une «abracadabrance» d'un autre âge pour les défis de demain et même ceux d'aujourd'hui. C'est ça qu'Alain Dubuc, en triste mercenaire, défend bec et ongles. Pathétique servitude.
Quant à l'allusion voulant que l'idée de souveraineté régresse, Alain Dubuc se réjouit, peut-être, un peu trop vite. Une idée qui oscille autour de 40% est loin d'être une idée banale, d'autant plus qu'elle n'a pas vraiment de tribune pour s'affirmer par les temps qui courent. Dans ces circonstances, il demeure particulièrement étonnant qu'elle reste aussi vive, cette idée. Mon oncle Paul doit commencer à trouver que ses coûteux tueurs à gage ne livrent pas tellement la marchandise. Il a sans doute oublié, en empilant ses millions, qu'une idée, ça ne meurt pas. Le pompier Dubuc devrait donc, en conséquence, se méfier un peu plus du feu qui couve.
À partir du moment où le Canada, le cadenas aurait dit Falardeau, devient, de plus en plus, un cul-de-sac pour le Québec avec sa constitution figée dans le ciment et la baisse de notre représentation proportionnelle à Ottawa, l'idée d'une vraie «québécitude» s'impose, devient une question de survie et une idée très moderne si l'on considère l'évolution mondiale récente. Ne pas le voir relève soit de l'aveuglement, soit de la mauvaise intention. On peut toujours espérer qu'un aveugle puisse récupérer la vue mais dans le cas d'un mal intentionné, c'est plus problématique. Ne reste que le chemin de Damas.
Alain Dubuc pourra bien continuer encore longtemps à vomir sur notre projet d'ouverture et de modernité. C'est son droit et il est payé pour ça. Mais il ne pourra pas nous empêcher de voir en lui une espèce de soliste ridicule ânonnant des partitions redondantes pour être agréable au «gosseux» de marionnettes de Sagard.

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Gilles Ouimet66 articles

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Né à Mont-Laurier en 1947. Études primaires à cet endroit. Études classiques à Mont-Laurier et Hull entre 1961 et 1968. Diplômé en histoire de l’Université Laval en 1971. Enseignant à la polyvalente de Mont-Laurier entre 1971 et 2005. Directeur d’une troupe de théâtre amateur (Troupe Montserrat) depuis 2000. Écriture pour le théâtre, notamment une pièce à l’occasion du centenaire de Mont-Laurier en 1985 (Les Grands d’ici), une autre à l’occasion du 150e anniversaire du soulèvement des Patriotes (Le demi-Lys...et le Lion) en 1987 (prix du public lors du festival de théâtre amateur de Sherbrooke en 1988 et 2e prix au festival canadien de théâtre d’Halifax la même année). En préparation, une pièce sur Louis Riel (La dernière Nuit de Louis Riel). Membre fondateur de la Société d’histoire et de généalogie des Hautes-Laurentides. Retraité de l’enseignement depuis 2005.





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1 commentaire

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    29 septembre 2009

    J'ai lu le texte de Dubuc sur Falardeau, et permettez-moi de dire que ça m'a donné la nausée, carrément! Une telle mauvaise volonté, même pas dissimulée, de discréditer l'homme... De minimiser l'importance de son oeuvre, de dire, le lendemain de sa mort, que déjà, celle-ci n'est plus pertinente, et que bientôt, il n'en restera rien...
    Et pourtant, face à un tel mépris, et une telle haine cachée, du camp fédéraliste, il se trouvera des souverainistes pour dire que Falardeau a nui à notre cause, parce qu'il exprimait trop de colère, qu'il pouvait se montrer impoli, etc. Quelle faiblesse!