Des moyens de pression qui mettent la sécurité en péril

Des policiers de la Rive-Nord auraient tardé à répondre à des appels urgents

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La contestation se répand dans les forces policières






Délai trop long avant de répondre à l’appel d’une personne suicidaire, identité judiciaire indisponible pour traiter une plainte d’agression sexuelle d’une mineure; la Ville de Laval reproche à ses policiers de mettre en péril la sécurité des citoyens avec des moyens de pression.




Depuis deux semaines, les policiers de Laval multiplient les moyens de pression pour dénoncer la réforme de leurs régimes de retraite et la rupture des négociations pour une nouvelle convention collective. Alors que certains portent des vêtements et des panaches colorés, d’autres garent leur voiture dans des espaces réservés aux autopatrouilles.




Or, le Tribunal administratif du travail (TAT) vient d’ordonner aux policiers de mettre fin à d’autres pratiques qui mettraient en péril la sécurité des Lavallois, comme le refus d’enquêteurs ou d’équipes de l’identité judiciaire, de travailler le soir et la nuit.




Selon la décision du TAT rendue mardi, des moyens de pression des policiers affectent des «appels prioritaires et des situations critiques mettant en cause la santé et la sécurité des citoyens».




Appels




La décision souligne que, dans la nuit du 3 au 4 décembre, les policiers ont notamment reçu un appel concernant une tentative de suicide impliquant deux mineures qui requérait «immédiatement» la présence d’enquêteurs spécialisés en matière d’agressions sexuelles.




Or, aucun des enquêteurs, lieutenants ou sergents-détectives formés pour ce type de crimes n’a répondu aux appels et textos de ses supérieurs. La Ville de Laval a donc dû appeler la Sûreté du Québec pour qu’elle se charge du dossier, apprend-on dans le jugement.




Selon l’experte en relations du travail à l’UQAM Danielle Pilette, la situation au Service de police de Laval est «troublante» et «déplorable».




«Le cas des enquêteurs est troublant et il ne faut jamais que les moyens de pression mettent en danger la sécurité des gens. Mais encore là, il faut démontrer qu’il n’y a pas un manque d’effectifs également», a analysé Mme Pilette.




Du côté de la Ville, la situation s’est résorbée depuis l’intervention du TAT.




«La situation est revenue à la normale et il n'y a plus de délai indu dans la prise en charge des appels. Toutefois la direction reste vigilante et s’assure du maintien [...] des moyens de contrôle», a indiqué par courriel la porte-parole de la Ville de Laval Valérie Sauvé.




Manque d’effectifs




Pour sa part, le président de la Fraternité des policiers de Laval, André Potvin, confirme les différents événements dont la Ville a fait état devant le TAT. Mais il jure que jamais les policiers ne mettraient la sécurité publique en péril en exerçant des moyens de pression.




«Les situations soulevées par la Ville ne sont pas nécessairement exceptionnelles, tout ça est malheureusement déjà arrivé parce qu’il manque d’agents le soir. Jamais [...] nos membres ne veulent mettre la sécurité de Lavallois en danger», a affirmé M. Potvin.



 


Exemples de moyens de pression problématiques par les policiers de Laval*


Nuit du 1er au 2 décembre :



  • Déclenchement d’une alarme pour un bouton panique: malgré plusieurs appels généraux et le caractère prioritaire de l’appel, aucun policier dans une autopatrouille ne s’est rapporté disponible et un délai d’intervention beaucoup plus long qu’à l’habitude a été constaté.

  • Appel d’une personne dépressive et suicidaire; malgré plusieurs appels généraux et son caractère prioritaire, aucun policier dans une autopatrouille ne s’est rapporté disponible et un délai d’intervention beaucoup plus long qu’à l’habitude a été constaté.


Nuit du 3 au 4 décembre :



  • «Un appel [a été reçu] concernant une tentative de suicide impliquant deux mineures. L’une d’elles a informé les policiers qu’elle [avait été] victime de plusieurs agressions sexuelles de la part d’un suspect proche de la famille qui l’aurait menacée [de la tuer] si elle dénonçait la situation [...]


De 5 h 15 à 6 h 40, tous les lieutenants de toutes les sections et les sergents-détectives ayant la formation requise ont été appelés, mais les appels sont demeurés sans réponse [....]


La Ville a finalement eu recours à un de ses enquêteurs de poste [...] et a contacté la Sûreté du Québec, qui [s’est chargée] du dossier par la suite.»


*Selon la Ville de Laval dans une décision du TAT


 




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