Des Forums jeunesse refusent de mourir

Une dizaine d’organismes poursuivent leurs activités grâce au soutien des villes

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Les bonnes idées ne meurent pas

Condamnés à disparaître par le gouvernement de Philippe Couillard, les forums jeunesse n’ont pas dit leur dernier mot : près de la moitié de ces organismes régionaux comptent poursuivre leurs activités, financement de Québec ou non, a appris Le Devoir.

En principe, les 19 Forums jeunesse du Québec auraient dû mettre la clef sous la porte le 30 juin dernier, date à laquelle le gouvernement du Québec leur a arraché le financement de 14 millions de dollars qu’il assurait annuellement depuis le début des années 2000 à ces organismes régionaux, dont la mission est d’assurer la prise en charge, la promotion et la défense des intérêts de la jeunesse aux niveaux local, régional et provincial.

Mais une dizaine d’entre eux — dont ceux de Montréal et de Québec — poursuivent leurs activités, grâce au soutien des villes qu’ils desservent, ou encore à d’autres organismes subventionnaires, à la suite du transfert de cette enveloppe budgétaire et de leurs responsabilités aux carrefours jeunesse emploi (CJE). Ils sont là pour rester, assurent-ils.

« Ce sera peut-être difficile, nous n’aurons peut-être pas la même ampleur qu’avant, mais les Forums jeunesse, ce sont 15 ans d’expertise auprès des jeunes, une école, une façon de laisser la place aux jeunes et de les inclure dans les processus décisionnels », explique Santiago Risso, président du Forum jeunesse de l’île de Montréal (FJIM).

Près de 80 employés de moins de 35 ans et 300 jeunes bénévoles s’impliquaient jusqu’à la semaine dernière dans ces instances, qui permettaient la mise sur pied de nombreux projets, tels que des consultations publiques, des ateliers et des forums de discussion, où des arguments étaient discutés par les jeunes de 12 à 35 ans, et ensuite relayés aux décideurs municipaux, régionaux ou provinciaux.

Ces investissements dans les régions se manifestaient entre autres par des projets en participation citoyenne, en persévérance et réussite scolaire, au niveau de la réinsertion sociale et professionnelle, en immigration, en lutte à la pauvreté, de même que par une multitude d’autres initiatives développées par et pour des jeunes.

« Sans avoir reçu de rétroaction négative ou d’explication constructive, sans même avoir pris le temps de voir ce qui aurait pu être fait différemment, le gouvernement a choisi de mettre la hache dans la seule organisation de jeunes restante, présente dans chacune des régions du Québec, administrée par et pour des jeunes de 35 ans et moins, reconnue et ayant reçu le mandat officiel de conseiller le gouvernement sur les dossiers jeunesse », lance Félix Joyal Lacerte, nouvellement élu à la tête de la Table de concertation des forums jeunesse régionaux du Québec.

Se réinventer

C’est en somme une réinvention des organismes et de leurs mandats qui doit s’opérer, reconnaît M. Risso. « On a perdu nos fonds gouvernementaux, on avait six employés à temps plein et nous passons à une personne à temps partiel. Mais nous sommes déterminés à demeurer pertinents pour les jeunes. »

Le FJIM peut déjà compter sur l’appui de Concertation Montréal, l’organisme ayant pris le relais de la Conférence régionale des élus de Montréal — après avoir été lui-même aboli par le gouvernement libéral — et de nombreux autres organismes qui souhaitent donner une voix aux jeunes, selon M. Risso.

Ailleurs au Québec, les Forums jeunesse d’Abitibi-Témiscamingue, de la Capitale-Nationale, du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de la Côte-Nord, du Nord-du-Québec, de la Gaspésie, de Chaudière-Appalaches, de Laval et de Lanaudière ont déjà signifié leur intention de poursuivre leurs activités, a indiqué au Devoir M. Joyal Lacerte. D’autres demeurent en réflexion, à Longueuil notamment. La Table elle-même continuera son travail, indique le jeune homme.

Dans la région de Québec, le Forum jeunesse de la Capitale-Nationale est résolu à répondre à l’appel du Secrétariat à la jeunesse du Québec, son ex-bailleur de fonds, afin de contribuer à l’élaboration de la prochaine Politique québécoise de la jeunesse. Dès cet été, les membres du forum travailleront ainsi à l’élaboration d’un mémoire à l’intention du gouvernement portant sur cette nouvelle politique de la jeunesse.

Les prochaines élections fédérales de l’automne seront également une occasion pour les forums de prouver leur pertinence, ces organismes oeuvrant depuis plusieurs années dans le domaine de la participation électorale des jeunes.

Au Secrétariat à la jeunesse, on se montre ouvert à collaborer à nouveau avec les forums jeunesse. « Comme tous organismes à but non lucratif, les forums [restants] pourront présenter leurs demandes [de financement] », pour mener à bien des projets à même les enveloppes gouvernementales, indique une porte-parole, Caroline Fraser.


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