Démissions libérales

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« Un jour, la démographie assurera le pouvoir automatiquement aux libéraux. »

On commence à en prendre l’habitude : des figures importantes du gouvernement libéral annoncent qu’elles ne se représenteront pas.


Hier, les rumeurs visaient Laurent Lessard et David Heurtel.


Chacun, bien évidemment, a ses raisons. Mais globalement, on peut y voir un jugement sévère sur les chances de réélection du PLQ.


Réélection ?


Si le parti obtient toujours des scores soviétiques chez les anglophones et les communautés culturelles, il semble désavoué massivement par la majorité historique francophone.


Si cette dernière ne se divise pas trop, elle a les moyens de condamner les libéraux à un vrai séjour dans l’opposition. Et cela, manifestement, n’intéresse pas vraiment ceux que la politique ne tentait qu’à condition de s’asseoir du côté du gouvernement et d’en être membre assurément.


Un jour, la démographie assurera le pouvoir automatiquement aux libéraux. Mais nous n’y sommes pas encore.


La question vaut la peine d’être posée : la politique n’est-elle intéressante qu’à condition de jouir du pouvoir ? Vaut-il la peine de s’engager en politique si on se sait destiné pour un bon moment aux sièges de l’opposition ?


Tout dépend de ce qu’on attend d’elle.


Il y a des hommes et des femmes qui se croient naturellement destinés à diriger une société. Ils se croient taillés pour le pouvoir.


Dès qu’ils arrivent à l’âge adulte, ils adoptent les comportements, les idées, les habitudes qui peuvent leur permettre de rejoindre l’élite. Ils choisissent leur carrière dans cette perspective : ils suivent le parcours professionnel menant au sommet de la société. Ils ont globalement les convictions de leurs ambitions.


Ces gens, au Québec, sont généralement fédéralistes. Souvent, lorsqu’ils ont un réflexe patriotique, ils le refoulent. Ils rallient le système et veulent y faire carrière parmi les puissants, fiers de l’être. Lorsqu’ils s’engagent en politique, ils espèrent naturellement devenir ministres.


C’est leur manière, disent-ils, de redonner à une société qui leur a beaucoup donné. Toutefois, l’idée d’user leur pantalon sur les banquettes de l’opposition ne les enthousiasme pas.


Mais il y a d’autres raisons de faire de la politique. Pour certains, il s’agit de participer au débat public, tout simplement. Dans l’opposition, on peut faire valoir les doléances de nos concitoyens.


Évidemment, ils préféreraient être au pouvoir. Ils le souhaitent ardemment, même. Quand on a un programme politique que l’on croit utile au bien commun, on veut le voir se concrétiser. Ils acceptent toutefois l’idée d’un long séjour dans l’opposition avant d’y parvenir.


Opposition


Mais même lorsqu’on est condamné à l’opposition perpétuelle, on peut croire à l’engagement politique. C’est qu’on est porté par de grands idéaux. De ce point de vue, les députés solidaires, qu’on apprécie ou non leurs convictions, sont exemplaires.


Mais quels sont les idéaux du PLQ ? Le fédéralisme à tout prix ? Les fédéralistes ont gagné et les souverainistes ne font plus peur à personne. Le multiculturalisme ? C’est un « idéal », mais il trouve à Ottawa ses meilleurs promoteurs et gardiens.


Alors nos libéraux, qui sentent venir la défaite, préfèrent aller se reposer. À quoi bon s’engager, se disent-ils, sans la promesse de la limousine provinciale ?