Les efforts du gouvernement Marois pour ramener le déficit à zéro font mal, comme les reports de chirurgies, les compressions imposées aux universités, les coupes dans les fonds de recherche ou l'abandon de certains projets d'infrastructures.
Le gouvernement va-t-il trop loin, trop vite, trop fort? Ne serait-il pas sage de mettre un peu la pédale douce pour reporter à plus tard le retour au déficit zéro, comme l'ont fait le gouvernement fédéral et sept des dix provinces canadiennes?
Dans son premier budget, le ministre des Finances, Nicolas Marceau, a pris la bonne décision en poursuivant la stratégie du gouvernement sortant et en s'engageant à éliminer le déficit dès l'an prochain. C'était nécessaire pour envoyer un message de continuité et de détermination.
Mais les choses ont assez changé pour qu'on puisse penser à ajuster le tir. Les libéraux, s'ils étaient restés au pouvoir, l'auraient peut-être fait. Mais le gouvernement péquiste est contraint à être plus brutal parce qu'il n'a pas de marge de manoeuvre politique en raison des rapports du PQ plus difficiles avec les milieux financiers, ce qui le force à redoubler d'ardeur pour inspirer confiance.
D'abord, l'économie mondiale s'est détériorée, ce qui se traduit par une croissance très faible au Québec. La lutte au déficit est plus ardue, parce que le ralentissement réduit les revenus et fait pression sur les dépenses.
Ensuite, dans ce contexte, les politiques d'austérité risquent d'empirer la situation. C'est une question que le Fonds monétaire international s'est posée, en voyant les cercles vicieux dans lesquels ses prescriptions d'austérité ont plongé certains pays européens.
Enfin, le Québec, avec ses compressions, semble être au fond du baril. On n'est plus dans la lutte au gaspillage et la rationalisation, mais plutôt dans la boucherie. Certains choix pour réduire le déficit maintenant compromettent notre avenir, comme les compressions aux universités.
La brutalité du gouvernement péquiste dans la lutte au déficit s'explique toutefois en partie par son inexpérience, qui l'a poussé à fonctionner sur le mode de la panique et de l'improvisation, notamment cette idée que tout le monde doit faire sa part, indépendamment du bien-fondé de chaque programme. Cela a mené à des choix arbitraires et à des revirements pitoyables, comme la réinjection de sommes en recherche après les avoir sabrées.
Il est vrai que le Québec a moins de marge de manoeuvre que les autres provinces, parce que sa situation financière est plus précaire: une dette beaucoup plus élevée, un niveau de dépenses plus élevé et un fardeau fiscal déjà au maximum. Tout assouplissement de la lutte au déficit doit donc être encadré de façon très ferme. À cet égard, les revirements du gouvernement ne rassurent pas, ni certains de ses choix, comme la regrettable décision d'éliminer la hausse du prix de l'électricité patrimoniale qui le prive d'un outil puissant pour réduire la dette.
Il faut être ferme, parce qu'il y a, autour du PQ, des courants qui ne croient pas au déficit zéro, à commencer par Jacques Parizeau qui disait, la semaine dernière: «À partir du moment où vous fixez l'objectif zéro pour une date butoir et que ça devient une religion, vous cessez de réfléchir.» M. Parizeau est logique avec lui-même. Comme ministre, il n'a jamais éliminé le déficit. Comme ex-premier ministre, il s'était opposé à l'objectif de déficit zéro de Lucien Bouchard.
Mais il a tort. Sa propre performance montre que, sans cible précise, l'élimination du déficit n'est tout simplement pas possible. Si on veut assainir les finances publiques, il faut absolument que le déficit zéro soit l'objectif. Mais il est également important que l'échéancier soit réaliste et que le chemin pour y parvenir soit intelligent.
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