Déçu de la réponse du Globe and Mail

Charest trouve que le quotidien torontois ne porte que peu d'égard à sa lettre

Affaire Jan Wong et The Globe and Mail


Corbeil, Michel
_ PC

Jean Charest est très clairement "déçu" par la réponse du Globe and Mail à la controverse soulevée par un de ses chroniqueurs, qui a associé le tueur fou du Collège Dawson à l'aliénation que provoqueraient les lois linguistiques québécoises sur les immigrants.
Joint hier, l'attaché de presse du premier ministre du Québec a noté que l'éditorial du quotidien torontois est bien loin de s'excuser pour les propos tenus par Jan Wong. M. Charest a aussi été froissé "par le peu d'égards (portés par le journal) à sa lettre", qui s'est retrouvée dans la page consacrée à l'opinion des lecteurs.
Dans une chronique, Mme Wong avance que les gens qui immigrent à Montréal "sont victimes de luttes linguistiques aliénantes dans cette ville jadis cosmopolite". Les fusillades à Dawson mais aussi à Polytechnique, en 1989, et à l'Université Concordia, en 1992, ont un point commun, argumente-t-elle : les auteurs n'étaient pas des Québécois "pure laine".
Mardi, Jean Charest a exigé des excuses. Mercredi, les partis à la Chambre des communes à Ottawa ont voté à l'unanimité une motion reprenant la même requête pendant que le chef du gouvernement canadien, Stephen Harper, signait une missive condamnant l'article du Globe and Mail.
"La motion est totalement ignorée" par le journal, a souligné le porte-parole du premier ministre québécois. Hugo d'Amours a insisté qu'une telle résolution unanime est lourde de sens, en démocratie. Le silence du Globe est assez surprenant.
"M. Charest est déçu de la réponse, a-t-il repris. Ça va se refléter sur la crédibilité du quotidien" qui pose en champion de la bonne conscience du Canada anglais. "Une chose est rassurante, a terminé M. d'Amours. La dénonciation (de la chronique) est unanime" dans toutes les formations politiques, à Ottawa comme à Québec.
Le chef du Parti québécois a mis un bémol. "L'indifférence est sans doute l'arme la plus efficace" devant une journaliste qui "s'est discréditée elle-même dès le départ", a-t-il commenté en point de presse. Il a dit comprendre la réponse de Jean Charest, mais la polémique dénote à ses yeux "le fait qu'encore aujourd'hui, il y a des Québécois qui ont besoin du regard des autres pour exister".
Le Globe and Mail, lui, ne semble pas le moins du monde ébranlé par la tempête qu'il a déclenchée au Québec.
En second éditorial, il convient que ce qu'il a publié a provoqué "un peu de tapage" (a small uproar). Il trouve normal qu'une journaliste pose des interrogations bien que Jan Wong n'ait avancé que des affirmations dans son commentaire.
Le Globe n'hésite pas à trouver justifiée la question entre "les lois linguistiques du Québec et les politiques d'exclusion, si fameusement apparente au soir du référendum de 1995". Il s'agit d'une allusion à Jacques Parizeau, qui avait attribué la défaite du camp du oui à "l'argent et au vote ethnique".
"Nous ne devons jamais (...) perdre de vue la nécessité de poser des questions très dures et d'explorer des avenues inconfortables", conclut le Globe, en défense de ce qu'il a publié.


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