Toutes les analyses ces jours-ci en arrivent aux mêmes conclusions : ou le PQ abandonne une fois pour toutes l’article 1 de son programme, ou le PQ proclame qu’il est résolument souverainiste et qu’il tiendra un référendum dès qu’il aura pris le pouvoir, ou il se présente pour former un bon gouvernement quitte à tenir un référendum sur la souveraineté quand les Québécois seront prêts. La première option m’apparaît tout à fait irréaliste car elle signifierait à coup sûr la mort du parti. Les deux dernières ont été essayées et dans les deux cas, les souverainistes ont connu l’échec. Et le Québec a reculé, chaque fois. Je suis tanné de ces reculs qui rapetissent le Québec et qui n’engendrent que morosité et désespoir. Il faut ramener l’espoir et faire avancer le Québec. Il faut changer d’approche.
Les souverainistes sont-ils éternellement condamnés à tourner en rond? Sont-ils condamnés à toujours utiliser les mêmes moyens qui se sont avérés de surcroît inefficaces? Je n’en peux plus des échecs. Pouvons-nous faire avancer le Québec vers plus d’autonomie? Peut-on aller vers la souveraineté, mais pas à pas? Bien sûr! Il faut mettre fin aux reculs et se dire oui pour une fois. Pour une première fois. Prendre le temps qu’il faut pour convaincre les Québécois qu’ils ont tout intérêt à être maîtres chez eux. Petit à petit, aller jusqu’où ils voudront aller. Jusqu’à la souveraineté pleine et entière? Je le souhaite. Pouvons-nous convaincre et rassembler une majorité de Québécois derrière une telle façon de procéder? Je le crois.
Le PQ doit d’abord et avant tout faire part de ses intentions : il est clairement souverainiste et son objectif ultime est de faire du Québec un pays. Cependant, il précédera par étapes pour aboutir à son projet. À la prochaine élection, il proposera aux Québécois, le rapatriement d’un certain nombre de pouvoirs. En plus évidemment de former un gouvernement efficace et responsable. S’il gagne l’élection, il aura donc le mandat de diriger le Québec et de négocier avec le fédéral le rapatriement de ces pouvoirs qu’on aura déterminés.
Je crois qu’on pourrait commencer par rapatrier tous les pouvoirs qui sont en lien avec notre identité : la langue et la culture, l’éducation, les communications et l’immigration. Le rôle des députés du PQ, pendant les élections, dans l’opposition ou au gouvernement serait de démontrer l’importance pour le peuple québécois de contrôler ces leviers essentiels pour intégrer efficacement tous les immigrants, faire du français la langue de l’école et du travail et pour protéger notre culture et notre identité uniques en Amérique du Nord.
Si les pourparlers avec le fédéral échouent, ce qui est fort possible, il faudra avoir recours au référendum qui ne portera que sur le rapatriement de ces pouvoirs. Il est légitime de penser qu’une bonne majorité de Québécois seront d’accord avec ce projet, De plus, il est fort probable que la plupart des autres partis appuieront cette démarche référendaire. La CAQ a déjà, pendant les dernières élections, fait part de son désir de rapatrier certains pouvoirs du fédéral, Il va sans dire que l’appui des autres partis souverainistes devrait être facile à obtenir.
L’avantage de cette approche par étapes, c’est qu’elle peut s’arrêter après un premier gain, si les Québécois jugent que leur langue, leur culture et leur identité sont suffisamment protégées dans la fédération canadienne. Ils auront au moins déterminé eux-mêmes les conditions et choisi leur place et leur rôle.
Moi, je pense qu’ils ne s’arrêteront pas là. La réussite est contagieuse et le deuxième oui viendra plus facilement. Le succès engendre le succès. On s’habitue vite à avoir plus de pouvoirs et on en désire davantage. On peut donc reprendre ce scénario en demandant cette fois le rapatriement de d’autres pouvoirs: l’environnement, l’économie, etc. Et ainsi de suite, jusqu’à la souveraineté complète, si les Québécois le désirent.
Le PQ aurait intérêt à adopter dans son prochain programme une telle démarche. L’article un de son programme spécifierait toujours que l’objectif ultime du parti est de réaliser la souveraineté du Québec, seule la démarche serait différente. Depuis le référendum de 1980, les Québécois n’ont connu que l’échec dans leurs débats constitutionnels, il est grand temps de mettre fin à cette longue période infertile. Il faut en finir avec le tout ou rien. Ne plus reculer. Avancer à petits pas, bien sûr, mais avancer. Se dire oui une première fois et retrouver la confiance et la fierté.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
2 commentaires
Pierre Cloutier Répondre
13 mai 2014Monsieur Bachand,
Depuis 1973, on a eu droit à l'étapisme, au beau risque, à l'affirmation nationale, aux "conditions gagnantes" et à la gouvernance souverainiste, avec le résultat qu'aujourd'hui le PQ est revenu à la case départ. Jamais au cours des 40 dernières années, le PQ n'a fait une une proposition d'indépendance concrète et alléchante au peuple québécois lors d'une élection. Jamais. Tirez vos conclusions.
"Le Parti Québécois a comme priorité de préparer et de présenter une proposition d'indépendance nationale au peuple québécois lors de la prochaine élection et d'en réaliser l'accession de manière pacifique et démocratique".
C'est là que le PQ ira chercher sa légitimité et que le reste suivra.
Pierre Cloutier
Archives de Vigile Répondre
13 mai 2014Trouvez un parti qui réponde à vos aspirations modestes. Ce ne sera pas le PQ.