«De fausses allégations»

Nous publions ici la déclaration de la chef du Parti québécois, prononcée hier en conférence de presse, en réponse à l’article du quotidien The Gazette concernant sa demeure à l’Île Bizard.

Affaire Marois-The Gazette



Il y a quelques jours, plus précisément le 22 septembre dernier, à deux jours de l’élection dans Charlevoix, [le quotidien The Gazette publiait un article plein de sous-entendus et de fausses allégations->9184].



Des affirmations dans cet article laissent croire que mon mari, Claude Blanchet, a payé une somme de 1 600$ pour obtenir de M. Turcotte un faux témoignage par le biais d’un affidavit, faux témoignage qui aurait servi au dossier d’obtention du droit de construire.
À travers toutes sortes d’autres allégations, le journaliste prétend et laisse entendre que notre maison est bâtie sur des terres publiques.
Lorsque les allégations de ce quotidien ont été reprises par d’autres médias, beaucoup nous ont reproché de ne pas faire de commentaires ou encore de ne pas produire les papiers qui prouveraient notre bonne foi, puisque telle était notre prétention.
Le lundi 24 septembre, j’étais en élection. Toute mon énergie était consacrée à gagner cette élection.
De plus, les avocats nous conseillent toujours d’être très prudents dans le cas d’éventuelles poursuites.
C’est ce que nous avons voulu faire.
Mais hier, et je le spécifie, contre l’avis de notre avocat, nous avons décidé de faire la lumière sur tout ce dossier.
Pourquoi ?
Parce que cet article met en cause notre intégrité, notre honnêteté et porte atteinte à notre réputation.
Parce que la poursuite contre The Gazette prendra des mois et que d’ici là, je veux rétablir la vérité.
Si mon mari n’est pas là aujourd’hui, c’est parce qu’au-delà du fait qu’on utilise son nom et qu’on ait fait contre lui toutes sortes d’allégations mensongères, nous savons tous que ce n’est pas lui qui était visé mais bien moi, comme chef du Parti Québécois.
Sinon, comment expliquer ma photo en première page, à deux jours d’une élection, Sinon, comment expliquer les propos du journaliste de The Gazette dans un entrevue à un réseau de télévision dimanche dernier, « Parce que c’est très important pour le public en général et les électeurs de Charlevoix de savoir exactement qu’est-ce qui arrive avec Pauline Marois ».
Voici donc les faits.
Lorsque nous avons acquis cette propriété, je vous le rappelle, j’étais député de Taillon à l’Opposition et mon mari, pdg du Fonds de Solidarité de la FTQ.
Donc à l’époque où nous avons acquis cette propriété, le chemin sur lequel nous sommes, était la seule manière d’accéder à la maison qui se trouvait près de la rivière. Il demeure d’ailleurs toujours le seul moyen de se rendre à la maison.
De ce fait, sur la partie de ce chemin qui se trouve sur des terres publiques, nous avons un droit de passage.
En mars 1976, quand le ministère des Transports a décidé de réserver des bandes de terres pour le passage éventuel d’une autoroute, le terrain que vous voyez en face de vous a été exproprié.
Donc ce que vous voyez devant vous appartient, jusqu’à la haie de cèdres, aux terres publiques.
Y voyez-vous une maison ?
Cette bande de terre inégale fait, à l’endroit où nous sommes, environ une centaine de pieds. Sur cette bande, se trouve un passage qu’utilisent à l’occasion les véhicules tout terrain et l’hiver, une piste pour les motoneiges, piste qui est d’ailleurs balisée, où les gens peuvent circuler librement.
Comme vous pouvez le constater, outre les deux murets qui soutiennent la grille, il n’y a qu’une haie de cèdres. Si la pelouse est entretenue, c’est uniquement dans un but esthétique.
En 1993, mon mari a demandé et obtenu la permission du Ministère d’ériger ces murets et de planter cette haie. Il a conclu d’ailleurs en 1994 une entente de location avec le Ministère à ce sujet. 100$ annuellement plus la TPS et la TVQ
En 1996, Claude a résilié le bail pour les raisons suivantes : aux articles 6.1, 6.2 et 7.1 du bail, vous remarquerez que le locataire est responsable de ce qui pourrait advenir sur le terrain loué. Comme il est fréquenté par des motoneige et des tout-terrain, nous ne voulions pas être tenus responsables de quelque accident pouvant y survenir.
Nous avons donc fait parvenir au ministère des Transports une lettre pour leur signifier que nous mettions fin au bail.
Vous avez copie de tous ces documents dans votre pochette de presse.
Vous remarquerez aussi dans le bail que nous ne pouvons demander aucune compensation pour les aménagements. J’attire votre attention sur l’article 10.4 du bail lequel spécifie que le locataire ne peut ériger aucun bâtiment ou aucune structure sur le terrain loué.
Je vois déjà vos questions et je m’empresse d’y répondre.
Dans la lettre signée par le Ministère en 1993, permission nous est donnée d’ériger les murets de pierre soutenant la grille. De plus, en terme d’architecture le mot structure fait référence à, et je cite le Petit Larousse : « constitution, disposition et assemblage des éléments qui forment l’ossature d’un bâtiment, d’une carrosserie, etc.».
Comme vous pouvez le constater également, dans la lettre où le Ministère acquiesce à notre demande de mettre fin au bail, il ne nous est nullement demandé de démolir ces murets. À ce jour d’ailleurs, cette demande ne nous a jamais été formulée.
Lorsque le ministère des Transports, toujours en mars 1976, a exproprié la bande de terre sur laquelle nous sommes, il a également exproprié une autre bande de terre, un peu plus loin, bande qui va de la rue Joly au terrain que possède le Club de golf. Pourquoi ? Parce que dans l’éventualité de la construction de l’autoroute, il fallait assurer un accès non seulement au terrain sur lequel est notre propriété mais aussi à celle du terrain que détient le Club de golf près de la rivière. Un plan vous a été remis, vous pouvez constater vous-mêmes où passe cette bande.
Sur ce terrain, il n’y a pas de construction. En effet, comme vous pouvez le constater à la lecture du plan, le droit de construction d’une maison se résume à la surface pointillée près de la Rivière-des-Prairies.
Voilà pour ce qui concerne les supposées « larges sections de l’espace public » que d’après The Gazette nous occupons.
N’importe quelle personne qui aurait acheté ce terrain aurait vécu avec la même réalité. Tout ceci avait été décidé bien (mars 1976) avant que nous pensions même acheter.
Passons maintenant aux suppositions odieuses à l’effet que Claude aurait payé l’ancien locataire de la maison existante à l’époque où nous avons acquis le terrain, pour signer un affidavit certifiant qu’il vivait bien là après 1978, année de promulgation de la Loi sur le territoire agricole.
Faux et archi-faux.
Dans la CPTAQ a fait sa propre enquête et à revérifier tous les faits et documents présentés.
Vous vous rappellerez d’ailleurs le témoignage d’un voisin de M. Turcotte qui déclarait que souvent il allait le voir, corroborant ainsi le fait qu’il vivait bien là.
Pensez-y. Pourquoi Claude aurait-il payé pour une déclaration ?
Claude n’a jamais versé ou promis quoi que ce soit à M. Turcotte. Et jamais M. Turcotte n’a demandé quoique ce soit.
La prétention du journal est carrément mensongère et porte atteinte à notre réputation.
Vous avez dans votre pochette de presse une déclaration assermentée de M. Turcotte à l’effet que, jamais il n’avait reçu d‘argent ou tout autre compensation pour l’affidavit signé et déposé à la Commission du territoire agricole.
Pouvons-nous être davantage transparents ?
Lorsque Claude a demandé en 1991 à M. Turcotte de signer un document attestant qu’il vivait bien sur la propriété après 1978, M. Turcotte a été dérangé à plusieurs reprises. Il a dû se présenter devant le notaire ou l’avocat pour signer l’affidavit. Il a fouillé dans ses papiers pour trouver les photos de la maison qu’il habitait. Bref, il a été d’une grande gentillesse et d’une grande disponibilité. La demande a été présentée à la Commission du territoire agricole en septembre 1991.
À Noël, 4 mois plus tard, Claude a voulu offrir à M. Turcottte un cadeau pour le remercier de tout le dérangement subi et du temps passé qu’il avait mis à trouver les documents. Il lui a donné 500$.
Non pas pour une fausse signature. Non pas parce que Claude lui avait promis quoique ce soit. Non pas parce que M. Turcotte le lui avait demandé. Uniquement parce que ce monsieur s’était dévoué.
Voilà les faits tels qu’ils sont, tels qu’ils se sont passés.
Voilà la vérité en ce qui concerne les allégations de The Gazette.
Je le dis avec un peu d’amertume.
Je sais que, de par les fonctions que j’occupe, je suis un personnage public.
Je sais que je dois être au-dessus de tout soupçon.
Et je le suis. Chaque fois que j’ai occupé le poste de ministre, j’ai produit une déclaration d’intérêt. Déclarations qui sont publiques.
Vous savez qu’il y a des limites à dire n’importe quoi pour faire croire aux gens que des traitements de faveur sont accordés à certaines personnes et pas à d’autres.
Il y a des limites à tenter de faire croire aux gens que parce que l’on fait de la politique ou bien qu’on occupe des fonctions de direction, on est automatiquement sous suspicion.
Oui, j’ai épousé un homme d’affaires qui réussit.
Qui réussit honnêtement, comme bien d’autres, hommes et femmes d’affaires, d’ailleurs.
Est-ce un défaut ?
Doivent-ils pour autant devenir suspects ?
Comme vous le savez le quotidien The Gazette a refusé de se rétracter.
Une poursuite leur sera donc signifiée.
Vous savez que le dénouement de ce genre de choses peut prendre un certain temps.
Vous savez aussi qu’une fois ce processus engagé, il me sera impossible de faire des commentaires sur ce dossier.
Je vous invite donc à poser toutes les questions que vous voulez maintenant.
Compte tenu de la complexité et des détails de tout ceci, vous comprendrez que je ne réponde pas à des questions en anglais. N’y voyez rien d’autre que le manque de vocabulaire sur ces questions plus techniques.


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