D’anciens élus québécois tournent le dos à Singh

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Clivage ethnique au NPD : « Jagmeet, dans le fond, ce sont les sikhs de Toronto qui l’ont élu. »

Les plus récents coups de sonde, qui confirment la débâcle du NPD dans les intentions de vote, ravivent les inquiétudes des néodémocrates. Au point que d’anciens députés du Québec y vont de leurs propres solutions, qui vont de rejoindre le Parti vert à réclamer le départ du chef.


Un sondage Mainstreet mené début novembre confirmait que le Nouveau Parti démocratique se classe bon troisième à l’échelle canadienne, en ne récoltant que 10,8 % des appuis. Le NPD fait à peine meilleure figure au Québec, avec 12 %. Et le chef Jagmeet Singh n’arriverait même pas à se faire élire à l’éventuelle élection partielle dans Burnaby-Sud, où il se classe troisième.


Il n’en fallait pas plus pour que d’anciens élus néodémocrates sonnent l’alarme sur Facebook.


« Bon, on fait quoi ? Attendre que le Parti vert nous dépasse ? », a lancé l’ex-député Alain Giguère, suscitant tout un débat chez d’autres anciens élus.


« Le pire ennemi de Jagmeet, c’est Justin Trudeau. Et le meilleur ami de Justin Trudeau, c’est Jagmeet », déplore M. Giguère en entrevue avec Le Devoir. « Il faut qu’il parte en décembre », tranche-t-il sans équivoque, en expliquant que le NPD aurait ainsi le temps de choisir un nouveau chef avant l’élection d’octobre prochain.


Pour l’instant, Alain Giguère fait bande à part. Mais il espère que sa sortie en convaincra d’autres — peut-être au caucus — de sortir de leur mutisme. « Moi, je me suis mouillé. C’est aux autres qui parlent d’arrêter de parler et de lever le fly [de se dévoiler]. Je suis tanné d’attendre. »


L’ex-député de la région de Laval assure que certains élus actuels sont tout aussi insatisfaits de voir le NPD traîner la patte sous le leadership de Jagmeet Singh. Le départ de sa chef de cabinet Willy Blomme, le mois dernier, en témoigne.


« C’était un message du caucus. J’espère qu’en envoyant des messages, le tir va se corriger et qu’il va comprendre qu’il n’a plus vraiment de soutien. »


Manque de leadership


Éric Dubois, qui était le candidat néodémocrate à la partielle de Chicoutimi-Le Fjord en juin, n’en est pas là. Il déplore toutefois que le chef n’ait toujours pas précisé ce qu’il offre. « S’il y a un truc qu’on doit reprocher à Jagmeet, c’est son manque de leadership, son manque de vision. Il a accédé à la tête du NPD il y a un an et demi, et on dirait que le NPD n’a pas de direction. »


M. Dubois dit demeurer résolument néodémocrate, mais il réclame comme d’autres que le NPD parle davantage de transition verte.


Devant les difficultés du NPD, certains commencent en effet à se tourner vers le Parti vert. L’ancien élu Pierre Dionne Labelle résume sa pensée en disant : « Se retrouver dans l’opposition pour les 15 prochaines années, ça ne m’intéresse pas. » Il n’évoque rien de moins qu’une fusion des deux partis. « Parce que je sens que la prochaine vague canadienne, comme au Québec, ce sera une vague verte. Ce ne sera pas une vague orange », explique-t-il au Devoir.


« L’enjeu de la transition énergétique est au coeur des préoccupations de tous les progressistes à l’échelle internationale. Et je ne vois pas pourquoi on serait en décalage par rapport à ce mouvement planétaire. »


Jean Rousseau, qui a été député de Compton-Stanstead, a fait le saut du NPD vers le Parti vert peu après l’élection de 2015. Il recrute désormais chez ses anciens collègues. « Il y a beaucoup de réflexion, parce que l’ancien caucus du Québec n’est pas du tout d’accord avec l’élection de M. Singh à la chefferie », explique M. Rousseau, sans pouvoir chiffrer ce virage vert. « Jagmeet, dans le fond, ce sont les sikhs de Toronto qui l’ont élu. Les Québécois, au lieu de respecter ce choix, se sont totalement dissociés du NPD. Ils sont vraiment partis, autant les anciens députés que les militants. »


M. Rousseau aurait ainsi convaincu les ex-élus Jonathan Tremblay et Réjean Genest, qui songent selon lui à se porter candidats pour le Parti vert ou à tout le moins à lui prêter main-forte l’an prochain.


Créer un nouveau parti ?


D’autres néodémocrates envisageraient carrément la création de nouveaux partis : un Parti travailliste au Canada anglais, qui aurait pour équivalent un Parti socialiste du Québec. Les deux instances seraient distinctes, mais ne se feraient pas concurrence lors d’élections.


> La suite sur Le Devoir.



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