Croire au père Noël, un rite de passage

Noël et Jour de l'An - 2010- 2011


Plus de 80 % des adultes interrogés ont déjà cru au Père Noël alors qu'ils étaient enfants. Près de la moitié sont parvenus à découvrir seuls la supercherie. Environ le quart des enfants apprennent la vérité par la bouche de leurs parents. - Archives AFP

Daphnée Dion-Viens - (Québec) Votre enfant se fait un tel plaisir d'attendre le père Noël que vous craignez qu'il ne soit complètement dépité lorsqu'il découvrira que l'homme venu du pôle Nord n'est qu'une fable? Rassurez-vous : croire au père Noël n'a que des effets positifs sur les gamins.
C'est du moins ce qu'affirme Serge Larivée, professeur à l'École de psychoéducation de l'Université de Montréal, qui a réalisé une revue de littérature sur le sujet. Selon les différentes études consultées, les enfants interrogés n'ont pas subi de traumatisme en découvrant la vérité. Au contraire. Pourtant, il n'y a que 70 % des parents qui pensent que c'est une bonne idée d'inciter les enfants à croire au père Noël.
«C'est même une bonne chose puisque lorsque l'enfant commence à mettre en doute son existence, il développe son esprit critique, affirme-t-il. C'est comme un rite de passage. Quand l'enfant cesse de croire au père Noël, il passe du côté des grands. S'il a des frères et des soeurs plus jeunes, il devient complice de ses parents.»
Selon ces études, plus de 80 % des adultes interrogés ont déjà cru au père Noël alors qu'ils étaient enfants. Près de la moitié sont parvenus à découvrir seuls la supercherie. Environ le quart des enfants apprennent la vérité par la bouche de leurs parents.
Lorsque votre enfant commence à se demander comment le père Noël fait pour apparaître dans trois centres commerciaux en même temps, le mieux est de valider ses doutes, ajoute M. Larivée : «C'est important que les parents confirment le raisonnement.»
Mais certains gamins y croient plus longtemps que d'autres. À l'âge de sept ans, près de la moitié attendent encore la venue du père Noël. Et à 10 ans, un enfant sur trois a encore des doutes à son sujet. «Le cerveau humain est programmé pour croire», lance M. Larivée.
Parmi les parents qui ne veulent pas entretenir la fable, la moitié expliquent qu'ils refusent de mentir à leurs enfants. «Le père Noël fait pourtant partie de la magie de l'enfance, comme la Fée des dents ou le bonhomme Sept heures,
affirme le professeur. Et c'est aussi important que les enfants apprennent à reconnaître les mensonges.» D'ailleurs, seulement 6 % des enfants interrogés affirment s'être sentis trompés lorsqu'ils ont découvert le pot aux roses.
Et Dieu?
Ces travaux ont amené M. Larivée à se pencher sur une autre question, sur laquelle il planche présentement.
Si les enfants finissent par arrêter de croire au père Noël parce qu'ils remettent en question ses pouvoirs surnaturels, pourquoi continuent-ils de croire en Dieu? N'y a-t-il pas une incohérence à encourager les enfants à remettre en question l'existence du père Noël et non celle de Dieu?
Faire croire aux enfants que Jésus a marché sur l'eau ou multiplié les pains «vient court-circuiter le développement cognitif de l'enfant» en envoyant un message contradictoire, affirme Serge Larivée. D'où l'importance de faire les nuances qui s'imposent, conclut-il.


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