Critique du PQ … et autocritique de QS ?

Indépendance - le peuple québécois s'approche toujours davantage du but!

Dans leur texte (« Faire échec à la droite », Nouveaux Cahiers du Socialisme, 27 octobre 2011; reproduit sur Vigile) Pierre Beaudet et François Cyr saisissent assez bien les enjeux politiques et stratégiques de plus en plus pressants pour la société québécoise, et la nécessité de présenter un front uni face à la montée de forces antisociales et antinationales.
Ils rappellent avec justesse les dérives du PQ qui a tendance à réduire les objectifs de changement reliés à la question sociale, et à régresser par ailleurs sur la question nationale.
Pour être en mesure de poser avec justesse les termes de ce qui me semble nécessairement devoir prendre la forme d’un programme minumum commun du PQ, de QS et des autres groupes politiques indépendantistes, ainsi que du mouvement social, il faut aussi que les membres de QS acceptent de faire un examen critique lucide des bases idéologiques et de la trajectoire politique de ce parti depuis sa fondation, sans oublier les structures politiques antérieures qui ont été à l’origine de la fondation de QS.
Un des premiers éléments de cette nécessaire et salvatrice critique est selon moi le fait que QS ait hérité en bonne partie du dogmatisme et des attitudes religieuses et sectaires des groupes « marxistes-léninistes ». Cette prétention à la détention de la « Vérité » et à la diabolisation de l’adversaire, a prévalu dans l’action politique de QS, entre autres dans sa participation stratégiquement active aux réélections du gouvernement Charest.
Un autre élément qui situe QS à l’encontre de l’évolution historique moderne du Québec, est un mélange de relativisme culturel naïf et de multiculturalisme trudeauiste, qui l’amène à des positions aberrantes comme la promotion des symboles machistes et patriarcaux dans l’espace privé et public, ainsi qu’à un ensemble de positions clairement opposées à la modernité politique et culturelle, et à la laïcité en particulier. On a pu voir le pire dans cette dérive avec la proposition visant à moduler les droits sociaux selon le degré de pigmentation de la peau des citoyens concernés, ce qui revient à la promotion d’une politique raciste.
Sur la question nationale, QS est d’une ambiguïté qui est des plus étonnante lorsque l’on est un observateur extérieur au parti, c’est-à-dire non soumis au culte des chefs et au panurgisme sectaire. Un des événements significatifs parmi d’autres de cette ambiguïté, est le fait que l’on a pu voir au printemps dernier, à quelques semaines d’intervalle, le co-chef du parti Amir Khadir se déplacer en région pour soutenir un candidat d’un parti fédéraliste (Claude Patry se présentant pour le NPD), pour ensuite participer à Montréal à la Marche des Patriotes et faire l’éloge de Gilles Duceppe, chef du Bloc québécois dont M. Khadir et son parti avaient contribué à la défaite ! Les nombreuses et plus ou moins discrètes tractations qui ont eu lieu depuis quelques temps entre QS et le NPD témoignent aussi globalement d’une inconséquence majeure de QS sur la question nationale. QS achève de se discréditer sur la question nationale en proposant que le PQ se désiste dans une élection partielle dans Bonaventure, au profit d’une personne (Patricia Chartier) engagée comme représentante politique par un parti fédéraliste (NPD) : les deux co-chefs de QS appuient publiquement cette candidature fédéraliste ! Ces deux co-chefs devraient-ils démissionner pour ainsi trahir l’orientation dite « indépendantiste » de QS ?
QS est affecté par des dérives idéologiques majeures, et il me semble que la participation à un programme commun permettrait de marginaliser le courant réactionnaire et sectaire ainsi que la tendance fédéraliste de QS, pour faire de ce parti un partenaire actif et crédible d’un Mouvement socio-politique progressiste pour l’Avenir du Québec.
Yves Claudé
(membre du PQ)


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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    31 octobre 2011

    DE toute facon je ne me suis jamais senti reconnue dans mes convictions de social démocratie du PQ quand il a été fondée.Le PQ n'as que lui a blamer pour le virage a droite depuis l'ère des JOhnson-Parizeau-Landry-Boisclair et la ca rsique d'etre encore pire sous madame Marois qui elle ,as plutot une vision élitiste-bourgeoises du parti pas tres étrangère a la politique néolibérale des LIbéraux sous Jean Charest.!

  • Archives de Vigile Répondre

    31 octobre 2011

    M. Claudé,
    Il est vrai qu'à gauche, la tendance à montrer les banques, notamment la Banque Mondiale, le FMI, l'OMC ou encore les multinationales comme des monstres est très courant. Cela n'est par contre pas exclusif au mouvement marxiste-léniniste, mais bien à tout courant de gauche avec un élan altermondialiste qui est choqué des institutions agissant au contraire des aspirations de la gauche.
    J'ai tendance à croire que la détention de la "vérité" et la diabolisation de l'adversaire est chose très courante en politique. On ne le voit pas uniquement chez Québec Solidaire, mais bien dans tous les partis. D'ailleurs, beaucoup de gens au PQ ne se gênent pas pour diaboliser Québec Solidaire qui cherche, selon eux, à diviser le vote souverainiste pour faire élire Charest. Car oui, certains péquistes considèrent encore le PQ comme LE mouvement souverainiste sans y inclure les autres. Qui détient la vérité?
    Pour ce qui est des "positions aberrantes" de QS sur la politique et la culture, vous faites sans doute allusion au fait que David et Khadir ont dit ne pas être contre le port du voile islamique. Il faut savoir que le voile a certes une signification machiste pour certains, mais il y a aussi une dimension de choix. Certaines femmes portent le voile car elles croient fermement en leur religion et c'est leur droit. Bonne ou mauvaise chose? Est-ce vraiment au gouvernement de décider? Pourquoi ne pas leur laisser la liberté de faire ce choix individuel? En France, lorsque le gouvernement a voté pour interdire le port du voile intégral, il s'en est suivi beaucoup de violence et de frustration dans la communauté musulmane car les femmes ne pouvaient tout simplement plus sortir de chez elles. Pour enlever le voile de façon définitive, il faut que les consciences évoluent. En l'enlevant de façon "artificielle" avec une loi, on ne cause que frustration et isolement social. On règle le problème en en causant un autre. D'ailleurs, suite à la comission Bouchard-Taylor, Québec Solidaire a été l'unique parti à vouloir appliquer chaque proposition pour créer une société totalement laïque. Il ne s'agit pas d'un multiculturalisme trudeauiste comme vous le prétendez, mais bien un interculturalisme qui vise l'intégration des immigrants dans notre culture. Et je ne sais pas où vous avez trouvé cette proposition de moduler les droits sociaux en fonction du degré de pigmentation de la peau, mais je peux vous assurer que je suis contre. À Québec Solidaire, il y a beaucoup d'idées, mais ça ne veut pas dire que ce que l'un dit est partagé par tous. Par exemple, beaucoup d'analystes politiques critiquaient Québec Solidaire de parler de décroissance, mais lors du dernier congrès, cette proposition n'a pas fait l'unanimité et elle a été rejetée. Sachez différencier les idées officielles du parti acceptées par la majorité des militants et les idées lancées sur la table pour en discuter.
    Pour ce qui est de la question nationale, j'ai entendu beaucoup de gens critiquer l'appui de certains membre de Québec Solidaire au NPD. Or, lorsque l'on comprend leur argumentaire, ça fait plus de sens. Premièrement, il est important de savoir que les militants de QS ne s'entendent pas tous sur quel parti appuyer aux fédérales, certains appuient le Bloc Québécois, d'autres le NPD, d'autre le parti vert, etc.
    Aux premiers abords, on peut se rendre compte que QS et le Bloc partagent beaucoup de similitudes, tandis que le NPD, étant fédéraliste et très centralisateur, est contraire aux aspirations du parti. Mais quand on regarde ce que fait, concrètement, le Bloc Québécois, on ne peut pas vraiment appeler ça de la souveraineté. Après tout, ils font fonctionner le fédéralisme canadien en forçant l'asymétrie à l'avantage du Québec. En quoi est-ce bénéfique pour la cause souverainiste? Ils parlent de souveraineté à la chambre des communes, mais en avantageant le Québec, ils enlèvent des raisons de se séparer. (Grossièrement parlant) Donc, le Bloc est pour plusieurs un genre de fédéralisme déguisé. (Je ne parle pas du "pseudo-fédéralisme" du PLC qui cherche à écraser le Québec, mais bien du fédéralisme québécois qui veut l'autonomie du Québec et sa reconnaissance dans la constitution canadienne) Donc, sachant que la souveraineté ne se passera pas à Ottawa, pourquoi alors diviser la gauche entre le Québec et le reste du Canada, surtout devant une droite unie sous Harper? Prenons aussi en compte que le NPD, avec la déclaration de Sherbrooke, montre une plus grande ouverture envers le Québec que n'importe quel autre parti fédéraliste. (accepter le 50% +1, reconnaissance du droit à l'autodétermination du Québec, protection de la langue française, ...) Tout ça pour dire que voter NPD était un moyen d'unir la gauche canadienne pour faire face à Harper. D'ailleurs, c'est ce que prônait Gilles Duceppe en début de campagne. Et lorsque les gens ont commencé à l'écouter en voulant voter pour le NPD, il a dû changer de discours, ce qui a porté atteinte à sa crédibilité et a accentué la vague orange.
    Et sachez que lorsque le NPD a accepté l'élection d'un juge unilingue à la cour suprême, Françoise David ne s'est pas gênée pour critiquer le position du NPD. Même chose pour la sortie publique du NPD applaudissant la commission d'enquête.
    Pour ce qui est de Patricia Chartier, on peut voir les choses sur plusieurs angles. Ce n'est pas la première fois qu'on voit une personne ralliée au NPD qui est également souverainiste. Prenez par exemple, Turmel qui a été membre du Bloc Québécois et de Québec Solidaire avant d'aller au NPD. Même chose pour Alexandre Boulerice. On constate que, autant au niveau des députés que des votants, le NPD compte plusieurs souverainistes. Je sais que c'est considéré comme une traîtrise au PQ, mais vu le rapprochement des idées de lutte à la pauvreté, de protection de l'environnement, d'aides aux plus démunis et bien d'autres, ce n'est pas un choix nécessairement mal vu chez QS.
    Bien sûr, je n'écris pas ces lignes pour nier toute critique possible à Québec Solidaire. C'est évident qu'il est possible de critiquer tout parti, (Autrement, la politique serait ennuyante, n'est-ce pas?) mais je tenais tout de même à partager mon point de vue vis-à-vis ces critiques.
    Bien à vous,
    Yannick Castel-Girard (membre de QS)

  • Jean-Pierre Bouchard Répondre

    30 octobre 2011

    Dans leur dérive réciproque, il y a une chance face à la droite pour le PQ et QS de se trouver un programme commun minimum afin de servir le bien commun. QS est surtout socialiste? Il faudrait accorder le violon de la question nationale et de la gauche chez QS, le PQ ne doit pas oublier son identité centre gauche tout en ciblant des voies pour l'avenir du Québec. Autrement, c'est l'échec commun électoral contre le PLQ ou Legault.

  • Archives de Vigile Répondre

    30 octobre 2011

    M. Claudé,
    Je ne peux qu'admirer votre honnêteté à identifier et à partager avec nous ce qui apparaît effectivement être des contradictions tout autant idéologiques qu’opérationnels à QS. Bien sûr, la caractéristique première de cette formation politique est la promotion de l’égalité sociale et jamais dans l’histoire politique du Québec l’idéologie marxistes-léninistes n’avait réussi à s’imposer d’une manière aussi probante. J’irais jusqu’à dire que c’est un précédent canadien et même nord-américain. Ceci étant dit, je pense comme vous que QS a intérêt à choisir ses alliances et ses allégeances. Le courant Trotskiste n’a aucun avenir au sein du NPD qui j’en suis certain maintenant finira par perdre son âme en fusionnant avec le PLC des Trudeau, Jean Chrétien, Stéphane Dion et de tous les autres traites francophones du Canada. De plus, les députés québécois néo-démocrates ont les mains liées par la soumission à la logique fédéraliste au détriment des intérêts supérieurs du Québec.
    Par contre, il n’aurait pas à faire de compromis en se coalisant avec un parti indépendantiste et donc à s'identifier clairement et résoluement envers l'Indépendance du Québec. Si c’est avec le PQ, cependant, l’idéologie de QS sera entièrement noyée dans la mouvance péquiste et sera entrainée dans le déclin politique du Parti Québécois. Je crois que QS a plutôt intérêt à examiner la possibilité d’une alliance avec un parti comme l’Option Nationale qui possède de fortes chances de prendre le pouvoir au prochain scrutin et qui est entièrement ouvert et malléable par sa jeunesse et sa nouveauté.