Crise financière - Lendemain de veille

Partout au monde, les gouvernements sont maintenant engagés dans une course contre la montre qui va au-delà du sauvetage des marchés financiers.

Crise mondiale — crise financière

Les investisseurs se sont levés le coeur un peu plus léger hier matin, non pas parce que ce jour marquait la fin d'une troisième campagne électorale fédérale en quatre ans, mais à cause des signes qui laissaient espérer un peu de calme sur les marchés financiers. Mais attention! Une hirondelle ne fait pas le printemps, surtout lorsque son vol est aussi erratique que celui d'un avion de papier.
Tout le monde retient son souffle en ce milieu de semaine dont les premiers jours ont été marqués par une remontée des cours boursiers après deux semaines de chute record qui ont donné des maux de coeur aux investisseurs, aux retraités et à tous ceux dont les activités dépendent de la disponibilité du crédit.
La crise financière est loin d'être terminée puisque les mesures extraordinaires adoptées par tous les gouvernements des pays occidentaux sont, au mieux, expérimentales.
La semaine dernière, plus personne n'accordait la moindre confiance au plan Bush de 700 milliards prévoyant le rachat des mauvaises créances bancaires en échange de liquidités. Pourtant, tous les experts avaient plaidé en faveur de son adoption rapide par le Congrès.
En fait, une fois le plan adopté, on s'est vite rendu compte qu'il faudrait des semaines pour l'appliquer. Placé devant l'évidence d'un échec par la réaction spectaculaire des marchés, le secrétaire d'État américain, Henry Paulson, a été forcé de se rallier, à contrecoeur, à la solution européenne proposée par le gouvernement britannique.
Les États-Unis et l'Europe ont donc convenu d'un plan de participation directe à l'actionnariat des grandes banques de quelque
250 milliards de dollars pris à même l'enveloppe de 700 milliards de dollars votée par le Congrès pour les premiers, et de 330 milliards pour les seconds. Grâce à ces capitaux, les banques pourront, et devront, reprendre leurs activités de crédit. D'ici quelques années, si tout va mieux, les gouvernements espèrent revendre ces actions avec profits, ce qui réduirait d'autant les coûts réels de l'opération de sauvetage pour les contribuables.
Au pays de George W. Bush, la manoeuvre est reçue comme une hérésie et présentée comme une forme de nationalisation des banques. Au Canada ou en Europe, les gouvernements se formalisent moins de telles interventions, eux qui ont longtemps été propriétaires de banques ou qui le sont toujours par l'intermédiaire d'organismes comme la Caisse de dépôt et placement, par exemple.
En plus de ces prises de participation, le plan commun inclut des garanties de prêts interbancaires d'une ampleur sans précédent, soit près de 3000 milliards! Il faudrait que la crise financière s'aggrave fortement pour que l'on épuise ces garanties qui sont plutôt une assurance. Il n'empêche que, sans cette assurance étatique, c'est tout le système financier et commercial mondial qui risquait sérieusement de s'effondrer.
Fragile, dites-vous, ce système pourtant si puissant? Très fragile, en effet, puisqu'il ne repose que sur la confiance: confiance dans la valeur de l'outil d'échange qu'est la monnaie, dans la solidité de son banquier, dans la parole de celui à qui vous prêtez, à qui vous vendez ou qui doit vous livrer un bien déjà payé, confiance dans le fait que votre employeur paiera votre salaire à la fin de la semaine, etc.
Tant que ceux qui ne respectent pas leurs engagements sont petits et peu nombreux, les règles et les lois suffisent pour assurer le maintien de l'ordre et la poursuite des activités dans le reste du système. La donne change radicalement toutefois lorsque ce sont les plus importantes institutions de paiement qui prennent votre argent et ne sont plus en mesure de vous le rendre par la suite, faute de liquidités. Alors, c'est toute la machine qui s'enraie. Voilà pourquoi seule une action concertée de tous les États était devenue nécessaire pour éviter les retraits massifs de la part des épargnants et briser la méfiance des banques à se prêter entre elles.
Cela dit, même si l'opération en cours permet d'éviter que la crise financière ne contamine le système de production et de commerce, les restrictions au crédit imposées aux consommateurs et aux entreprises doublées de la perte de valeur de leurs actifs mobiliers et immobiliers plongent l'économie réelle dans une phase de ralentissement inévitable qui explique à son tour le sentiment persistant de profond pessimisme sur les marchés.
Partout au monde, les gouvernements sont maintenant engagés dans une course contre la montre qui va au-delà du sauvetage des marchés financiers. Maintenant que l'élection est passée, espérons que le nouveau gouvernement du Canada sautera à son tour dans le train des nations en lutte contre une éventuelle récession mondiale dont on a minimisé le risque pour le pays au cours des dernières semaines.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->