Crise de l'euro - La purge

Crise de l'euro



Vieille d'un an, la crise de l'euro n'en finit plus de finir. Après une naissance cahoteuse en Grèce, elle a «purgé» l'Irlande, le Portugal et l'Espagne avant de resurgir sur les hauteurs d'Athènes. Comme c'est toujours le cas dans ce type de dossiers, les représentants de la Banque centrale européenne (BCE), le Fonds monétaire international (FMI) ainsi que la Commission européenne ont été dépêchés sur place avant d'imposer, après des négociations menées aux forceps, des plans d'austérité. Depuis lors, un acteur s'est invité: l'opinion publique qui, par l'entremise de mouvements sociaux empruntant à la mécanique afférente au printemps arabe — les réseaux sociaux —, entend résister à cette vague de compressions.
Dans les pays nommés, ces opinions ont profité des divers scrutins inscrits à l'agenda politique pour défaire des élites qu'elles jugent trop inféodées aux diktats de la BCE, du FMI et consorts. Des élites qui appliquent les recettes de ces derniers en général, et d'Angela Merkel en particulier, qui sont toutes à l'image du chien qui essaie de se mordre la queue. De quoi s'agit-il? Un, on sabre les dépenses. Deux, on assiste à l'inéluctable: l'émergence d'une récession qui produit une explosion sociale. Trois, cette dernière mine la confiance des marchés qui rejouent la valeur de la maison grecque et autres à la baisse.
Signe de l'inquiétude que suscite le «parti» des indignés, comme ces mouvements se sont baptisés, dans les couloirs feutrés des banques centrales et des divers gouvernements, le sommet annuel de l'Organisation internationale du travail (OIT) qui va se poursuivre jusqu'à la mi-juin attire plus que jamais des attentions diverses. D'autant plus que son secrétaire général, Juan Somavia, a estimé que l'OIT entendait se poser en chef de file de ces millions et millions d'individus qui combattent actuellement pour plus de justice sociale.
Car, partout dans les pays du Sud ainsi qu'en Irlande, le taux de chômage se conjugue avec abyssal: 40 % chez les jeunes, 20 % au sein de la population active. La colère conséquente à l'expansion du fléau risque fort de s'aiguiser à la suite de la communication d'une étude économique qui met notamment en relief les préjugés de la chancelière allemande. Lors d'une sortie remarquée contre les pays du Club Med — Grèce, Portugal, Italie et Espagne —, Merkel avait ramené ces derniers à une bande de paresseux. Or selon l'étude en question, l'Allemand travaille passablement moins que ses homologues espagnol, italien et portugais et beaucoup, beaucoup moins que le Grec.
Non contente d'avoir infligé une recette de cheval à la Grèce après avoir tant tergiversé qu'elle a amplifié les effets de la crise, voilà que Merkel profite d'une série de négociations consacrée à un autre prêt pour rajouter la peine à la peine. Grosso modo, Merkel ainsi que d'autres dirigeants européens voudraient introduire en Grèce un plan modelé à bien des égards sur celui que le FMI avait confectionné dans les années 80 et 90 en Amérique du Sud. Résultat? Le ministre grec des Finances vient de lever le tabou des tabous. Il a évoqué une possible sortie de la zone euro. Il est peu probable que cette menace devienne réalité. Reste qu'elle en dit long sur l'humeur maussade qui habite l'Europe.


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