Prisonniers afghans torturés

Criminel de guerre, le ministre O'Connor?

Afghanistan - torture, mensonges, censure et cafouillage

Deux experts en droits de l'homme demandent à la Cour pénale internationale de La Haye d'ouvrir une enquête concernant de « possibles crimes de guerre » qui auraient été commis par le ministre de la Défense, Gordon O'Connor, et le chef d'état-major de l'armée, le général Rick Hillier.
Dans une lettre de 14 pages envoyée au procureur en chef du TPI, Michael Byers, de l'Université de la Colombie-Britannique, et William Schabas, directeur du Centre irlandais des droits de l'homme à l'Université nationale d'Irlande, reprochent à Hillier et à O'Connor d'avoir accepté le transfert de prisonniers aux autorités afghanes, « malgré le risque apparent de torture et d'autres formes d'abus ».
En entrevue au réseau CTV, le général Hillier a fait peu de cas de cette requête. « Premièrement, beaucoup d'attention a été portée à ce qui n'est qu'une toute partie de notre mission. [...] Alors, je laisse le "théâtre" entourant ces choses aller, si vous voulez. J'ai un travail à faire et je vais le faire », a-t-il déclaré à l'émission Canada AM.
Il est cependant loin d'être certain qu'une enquête sera menée et qu'elle entraînera le dépôt d'accusations. Le TPI reçoit de nombreuses demandes, qui sont souvent rejetées parce qu'elles ne sont pas de son ressort. Des enquêtes sont en cours au Darfour, en République démocratique du Congo et en Ouganda.
L'OTAN fait sienne la position canadienne

À l'instar du gouvernement canadien, le général Ton Van Loon, qui dirige les troupes de l'OTAN dans le sud de l'Afghanistan, soutient dans une entrevue accordée à CBC qu'il n'est pas au courant de « cas spécifiques » de torture dans les prisons du pays.
« Je n'ai aucune raison de croire que de telles choses ont lieu », dit le général néerlandais, qui laissera ses fonctions la semaine prochaine, après avoir complété son mandat de six mois.
Le général Van Loon soutient qu'il discute régulièrement avec la police et les services de renseignement afghans, et que ces derniers lui ont assuré qu'il n'y avait pas de torture dans les prisons afghanes.
Il admet tout de même que la force policière du pays doit recommencer à zéro et qu'ils ont besoin d'élever leurs standards afin qu'ils rejoignent ceux communément admis dans les pays occidentaux.

Semaine ardue à Ottawa
Ces développements surviennent au moment où le gouvernement Harper est pris à partie par les partis d'opposition dans ce dossier. Des reportages publiés cette semaine dans le Globe and Mail ont révélé de nombreux cas de torture commis par les forces de sécurité afghanes à l'endroit de prisonniers qui leur avaient été remis par les Forces canadiennes.
Le gouvernement s'est défendu en disant qu'il avait conclu une entente avec une Commission indépendante des droits de la personne d'Afghanistan pour qu'elle assure un suivi adéquat dans ce dossier. L'agence a toutefois affirmé qu'elle n'avait pas accès à tous les prisonniers et qu'elle n'avait de toute façon pas les ressources pour effectuer le travail souhaité.
Mercredi, le quotidien a dévoilé un rapport sur la situation des droits de l'homme en Afghanistan qui soulignait clairement que des prisonniers afghans étaient torturés et même exécutés par les forces de sécurité afghanes. Le gouvernement a rétorqué que le rapport ne mentionnait pas de cas spécifiques et qu'il ne détenait pas de preuves concrètes de tortures.
En après-midi, le ministre O'Connor a expliqué qu'il avait conclu une entente avec les autorités de Kandahar afin que le Canada ait accès à toutes les prisons de la province afghane. En vertu de la Convention de Genève, que le Canada a signée, il lui est interdit de transférer des prisonniers à une autre entité s'il sait qu'ils seront torturés.


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