(Québec) Jean Charest a fermé la porte, hier, à une reprise du processus de nomination à la tête de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ). Pourquoi? Il ne l'a pas dit. Mais ce n'est certainement pas parce qu'il est convaincu d'avoir agi dans les règles de l'art. C'est plus vraisemblablement parce que le coût politique serait trop élevé pour son gouvernement s'il l'ouvrait.
Ce serait admettre qu'il s'est trompé, qu'il s'est immiscé dans le processus ayant conduit au choix de Michael Sabia comme pdg de la CDPQ. Politiquement impossible.
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André-Philippe Côté, Le Soleil->http://photos.cyberpresse.ca/51-5957/#enVedette/0/recherche/Rechercher%20un%20album/0/onglets/51/0/album/5957/142190/]
21 mars 2009
Le premier ministre aurait pourtant dû reconsidérer la décision qu'il a téléguidée. Les faits continuent de plaider en faveur d'une reprise de tout le processus.
Résumons-les, mais en écartant d'abord les fausses raisons entendues çà et là. Le problème dans cette affaire ne sera jamais que le nouveau pdg de la Caisse, Michael Sabia, est d'origine ontarienne.
Sont Québécois tous ceux qui habitent et choisissent le Québec, comme M. Sabia l'a fait.
Ce n'est pas non plus qu'il ne soit pas un grand manitou de la finance. Finissons-en avec la sacralisation des financiers! Ils ne brillent pas nécessairement toujours à des postes comme celui-là. On l'a vu.
L'important pour un patron à la tête d'une grande organisation est de savoir s'entourer. L'important est qu'il sache donner de bonnes orientations, pointer des directions.
Le premier vrai problème concerne sa feuille de route professionnelle. Son passage chez Bell n'est pas convaincant. Il soulève de très sérieux doutes.
Le second problème découle du premier. Il réside dans le processus de nomination. Il a été vicié de A à Z.
Le comité de sélection a été un comité d'entérinement. Il n'avait pas l'indépendance requise pour accomplir ce travail.
Résultat : il faut aujourd'hui s'inquiéter des conséquences et parler de gâchis.
Le contournement des règles de gouvernance minera la capacité de M. Sabia à rassembler et à motiver les troupes de la Caisse. Après les gênantes pertes enregistrées par cette institution, c'est grave.
Voilà pourquoi la chef péquiste, Pauline Marois, a eu raison de demander la reprise du processus de nomination.
Il aurait mieux valu un ou deux mois d'incertitude relative que plusieurs années de défiance.
Le gouvernement vient de juger qu'il aurait davantage à perdre en reculant qu'en s'entêtant? Le coût politique qu'il paiera pour avoir joué avec la CDPQ restera tout de même important. Il sera justifié.
Si le gouvernement Charest se cherche depuis sa réélection, l'opposition péquiste s'est trouvée.
Depuis la reprise des travaux parlementaires, elle forme une véritable opposition officielle à l'Assemblée nationale.
Il faut dire que de la Caisse de dépôt à la crise économique, la matière ne manque pas. Pensons aussi à l'ex-ministre Philippe Couillard, qui a négocié et obtenu son nouvel emploi avec PCP pendant qu'il était encore ministre.
Les péquistes ont de la matière, mais ils l'exploitent bien. Le dossier de la CDPQ en offre une illustration.
Pauline Marois a, par exemple, formulé une proposition intéressante pour l'avenir. Elle a suggéré que les grands patrons de sociétés d'État soient entendus par les parlementaires avant d'être officiellement nommés. Sa suggestion mérite d'être explorée.
Après tout, des postes comme celui du vérificateur général ou celui du protecteur du citoyen requièrent déjà une validation parlementaire.
Si elles devaient exister un jour, de telles auditions devraient cependant impérativement intervenir après les processus de sélection des conseils d'administration ? là où de tels processus existent. Et pour autant que ceux-ci soient rigoureux.
Tout devrait et devra toujours commencer par là de toute façon.
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