Contrat des compteurs d'eau - Une maladresse, dites-vous ?

Scandales à Montréal - les compteurs d'eau

L'ancien président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Frank Zampino, a expliqué mardi le rôle qu'il a joué dans l'attribution au consortium Génieau du contrat de 356 millions pour l'installation de compteurs d'eau à Montréal. Qu'il ait au cours du processus d'octroi du contrat fait deux séjours à bord du bateau de croisière de Tony Accurso, propriétaire de l'entreprise Simard-Beaudry associée à Dessau dans ce consortium, ne serait qu'une regrettable «maladresse».

Une simple maladresse? Le mot est faible. Erreur conviendrait mieux. Plus, M. Zampino aurait pu ajouter un adjectif, comme grave ou encore comme colossale, mot choisi par Brian Mulroney pour qualifier ses relations avec l'homme d'affaires Karlheinz Schreiber. Car son comportement dans cette affaire ternit sa réputation et celle de toute l'administration du maire Gérald Tremblay.
Il est pour le moins renversant que Frank Zampino n'ait compris qu'aujourd'hui que même la femme de César doit être au-dessus de tout soupçon. Jamais, semble-t-il, il ne s'est interrogé sur les motifs des invitations répétées que lui faisait son ami. Ont-ils discuté de ce qui allait être le plus important contrat jamais accordé par la Ville de Montréal? M. Zampino ne répond pas à cette question. Il soutient simplement ne pas être intervenu en faveur de Tony Accurso. Comme celui-ci ne parle pas, il faut donc se fier à la parole de M. Zampino.
Pour sa défense, l'ancien président du comité exécutif se garde bien de plaider la naïveté. Ce serait le comble après 22 ans de vie politique. Il affirme plutôt avoir toujours su établir les limites entre l'amitié et la prise de décision. Des limites dont évidemment il estimait être le seul juge puisqu'il n'a jamais prévenu le maire de Montréal d'un possible conflit d'intérêts. Conflit d'intérêts inexistant à ses yeux puisqu'il aurait payé ses frais de voyages. Comme si, dans une administration publique de la taille de celle de Montréal, chacun pouvait être son propre juge des règles à appliquer.
Lorsqu'est venu le temps d'attribuer ce contrat, Frank Zampino n'a eu aucun état d'âme. Il a participé à la prise de décision tant au sein du conseil exécutif qu'au conseil municipal, où il a secondé la résolution octroyant le contrat à Génieau. Il n'en a pas eu davantage lorsqu'il a accepté de se joindre à l'équipe de direction de Dessau, six mois seulement après avoir démissionné de ses fonctions de président du comité exécutif de Montréal. Et il s'étonne aujourd'hui que l'on puisse voir là un retour d'ascenseur! Le moins que l'on puisse dire est que, si ces soupçons ne sont pas fondés, M. Zampino a tout fait pour les alimenter. Il en est malheureux? Soit, mais il ne fait aucun doute qu'il a été l'artisan de son propre malheur.
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bdescoteaux@ledevoir.com


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