Consultations prébudgétaires - D'abord les dépenses!

Budget Québec 2010



Le deuxième «fascicule» produit par le comité consultatif sur l'économie et les finances publiques coprésidé par l'économiste Robert Gagné et par le ministre de Finances, Raymond Bachand, montre du doigt la façon de dépenser du gouvernement et le manque d'efficacité des sociétés d'État comme Hydro-Québec. Il confirme une impression généralisée que nous n'en avons pas pour notre argent.
Même si le comité consultatif formé de quatre économistes a reçu le mandat très large de réfléchir «aux grandes orientations économiques à privilégier et aux moyens à mettre en oeuvre pour sortir de la récession, développer le potentiel de notre économie et rétablir l'équilibre budgétaire» (ouf!), tout le monde sait que la priorité du gouvernement cette année ira au dernier volet du mandat: l'équilibre budgétaire.
Dans le premier fascicule publié en décembre, le comité rappelait que la dette brute du Québec atteignait 150 milliards, dont les deux tiers, disait-on, étaient dus à une accumulation de dépenses d'épicerie impayées. Pas facile de s'entendre sur les chiffres étant donné les réformes comptables successives. Jusqu'en 1997, par exemple, les investissements en infrastructures étaient considérés comme des dépenses courantes qui venaient gonfler le déficit annuel. Aujourd'hui, les dizaines de milliards que Québec consacre aux infrastructures n'apparaissent plus dans les dépenses de l'année, mais s'ajoutent directement à la dette. C'est d'ailleurs ce qui explique que notre dette ait continué de croître malgré l'absence de déficit depuis dix ans. Aurait-il mieux valu moins investir?
De toute façon, les experts reconnaîtront que ce n'est pas le montant brut de la dette qui compte, mais son rapport au PIB, et surtout le montant des intérêts à payer chaque année. Depuis quelque temps, ce montant est stable à six milliards. C'est beaucoup, mais ça ne représente tout de même que 10 % des recettes budgétaires comparativement à 17 % il y a dix ans.
Ce qui est plus inquiétant, c'est que ce pourcentage devrait s'accroître à cause des dizaines de milliards d'emprunts prévus pour les infrastructures et de la hausse probable des taux d'intérêt.
Par ailleurs, la diminution de la population active qui s'annonce aussi pour bientôt menacera la qualité des services publics si rien n'est fait pour rétablir l'équilibre budgétaire et stabiliser le service de la dette sur un horizon raisonnable de cinq ou six ans.
**
Le second fascicule publié la semaine dernière par le comité consultatif accuse Québec d'être en retard sur plusieurs pays de l'OCDE en matière de réformes dans la gestion des dépenses publiques. En santé, par exemple, Québec n'a jamais donné suite aux commissions d'enquête qui lui ont suggéré de réduire la bureaucratie, d'introduire des éléments de concurrence entre les établissements du réseau et de modifier le mode de financement pour que l'argent suive le client et non pas l'établissement.
Que l'on se rappelle la loi qui devait conduire à la disparition des agences régionales pour les remplacer par les centres de santé locaux issus de la fusion des CLSC, des CH et des CHSLD. Ces grandes manoeuvres ont-elles permis d'économiser les millions promis? Où sont les évaluations? Tout ce que l'on en sait, c'est que les agences existent encore, que l'informatisation du réseau est au point mort, mais que le nombre de cadres a augmenté partout malgré les fusions... Que dire encore de l'augmentation de salaire de 400 millions pour les 16 000 médecins du Québec, soit autant que pour les centaines de milliers de salariés de la santé réunis? De cela, le comité ne parle pas, mais ces questions se posent aussi.
Le comité se demande si les sociétés d'État comme Hydro-Québec, Loto-Québec et la Société des alcools sont aussi performantes qu'elles le devraient. Parce qu'ils rapportent beaucoup, ces monopoles commerciaux nagent dans les privilèges et sont loin de répondre aux exigences d'une évaluation sérieuse.
Même avec les meilleurs arguments, le ministre Raymond Bachand ne réussira pas à obtenir l'appui des Québécois pour une augmentation généralisée des tarifs et des taxes s'il ne fait pas la preuve que tout a été mis en oeuvre pour tirer le maximum du volet des dépenses. Pour le moment, nous sommes loin du compte!
*****
j-rsansfacon@ledevoir.ca


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->