Conseil national: Québec solidaire défendra le droit aux signes religieux pour tous

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Les laïcards solidaires dénoncent la manipulation des réseaux multiculturalistes qui contrôlent le parti


Après avoir défendu le rapport Bouchard-Taylor pendant six ans, Québec solidaire revoit sa position sur la laïcité et militera dorénavant contre toute interdiction des signes religieux. Les solidaires ouvrent également la porte à la prestation et la réception de services publics à visage couvert.  


Après des mois de débat à l’interne, les militants solidaires ont choisi une option qui s’apparente à celle défendue par le Parti libéral du Québec lors de leur Conseil national qui se tient cette fin de semaine à Québec.   


Plus question donc pour les députés de QS de défendre l’interdiction des signes religieux chez les juges, policiers et gardiens de prison, comme le faisait pourtant un projet de loi déposé en 2013 par l’ancienne coporte-parole solidaire Françoise David.   


«Considérant que le devoir de réserve s’applique aux actions et aux décisions des personnes et non à leur apparence ; Aucune règle particulière sur les signes religieux ne devrait s’appliquer à certaines professions plutôt qu’à d’autres, incluant celles qui exercent un pouvoir de coercition», stipule notamment l’option adoptée à la majorité par les quelque 300 militants présents.   


Québec solidaire revoit également sa position sur le visage découvert lors de la prestation et la réception de services publics. Dorénavant, les élus solidaires défendront le port du voile intégral pour un citoyen qui fait affaire avec l’État, «sauf pour des considérations d’identification et de sécurité». Les fonctionnaires qui donnent les services pourront eux aussi avoir le visage couvert, à moins notamment que la sécurité soit compromise.   


Vendredi soir, en ouverture du Conseil national, la députée Catherine Dorion a offert un vibrant plaidoyer contre la stigmatisation de la communauté musulmane .   


«On est en train à QS de redessiner un indépendantisme qui assume profondément son antiracisme. Il va falloir le dire partout que ce qui menace notre culture et notre territoire, ce n’est pas l’islam, et lâchez-nous avec l’islam ! Ce n’est pas les musulmans qui sont partout dans les couloirs à mettre du gros cash pour influencer le gouvernement, c’est le capitalisme qui couche dans le lit de nos gouvernements, a-t-elle lancé. Lâchez nous avec l’islam et les chartes des valeurs !»  



La direction accusée d’avoir orienté le débat sur la laïcité  


Samedi matin, le Collectif laïcité de QS a accusé la direction du parti d’avoir orienté le débat sur la laïcité. En faveur de l’interdiction des signes religieux chez tous les agents de l’État qui font affaires avec les citoyens, Richard Aubert n’a pas caché sa déception. 


«(Le parti) nous a nui un peu, ne nous a pas laissé parler trop librement», a-t-il confié aux journalistes. Son option, qui veut que l’État bannisse le port de signes religieux également aux enseignants et aux éducatrices en garderie, n’a pas été retenue en vue du Conseil national qui se tient à Québec cette fin de semaine.  


Est-ce que la direction du parti oriente le débat sur la laïcité ? «Moi je pense que oui», soutient M. Aubert.  


Malaise avec une candidate voilée  


Il a également un malaise avec le fait que QS ait permis qu’une candidate portant un voile se présente aux dernières élections. Ève Torres, qui porte le hidjab, était candidate solidaire dans la circonscription de Mont-Royal-Outremont.  


«Ça me pose des problèmes certains. Je souhaiterais bien, je voudrais bien qu’un jour, que mon parti ne présente pas de candidats religieux. Ça me dérange aussi qu’au niveau du Canada, un parti pour lequel je voterais au niveau du fédéral, c’est un sikh qui le dirige, ça s’appelle le NPD du Canada, a-t-il insisté. Ce n’est pas démocratique se faire diriger par des religieux, parce qu’on se fait diriger par des gens qu’on élit, qui doivent voter des lois, agir selon les principes et les décisions des membres des partis».